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Regard critique · Justice sociale

Syndicalisme en économie sociale : mal assis entre deux chaises ?

Les organisations syndicales portent des regards différents sur l’économie sociale et les entreprises de ce secteur d’activité. D’autant qu’elles sont aussi partiesprenantes.

22-02-2011 Alter Échos n° 310

Les organisations syndicales portent des regards différents sur l’économie sociale et les entreprises de ce secteur. Des différences qui influencent la place que chacuned’entre elles y prend et le rôle qu’elle entend y jouer. Tour d’horizon.

Frédéric Vanderderghe, permanent interprofessionnel CSC1, constate d’emblée que l’économie sociale n’est pas définie de manièrecohérente d’une organisation syndicale à l’autre. « Il faut distinguer l’économie sociale en vigueur dans des asbl subsidées et les entreprises socialesprivées. Historiquement, la CSC a fortement contribué au développement du secteur non marchand, dans lequel se retrouvent les asbl d’économie sociale. Son ancrage syndicaly est donc supérieur à celui des autres syndicats. Par contre, la FGTB est plutôt ancrée dans le secteur industriel et donc dans les entreprises d’économie socialemarchande. » Il note également un clivage idéologique dans l’économie sociale. A côté de la SAW-B2, pluraliste, chaque syndicat adéveloppé sa propre agence-conseil, vers laquelle il a tendance à diriger les créateurs d’entreprises dans lesquelles il est partie prenante.

En ce qui concerne la place de la CSC dans des conseils d’administration, elle y est présente au sein de structures comme les ALE. « Mais cette position est loin d’êtreconfortable. Entre le rôle d’administrateur et la casquette syndicale, nous sommes souvent mal assis entre deux chaises. Nous nous efforçons de relayer les plaintes de nosaffiliés vers les CA. »
Les syndicats sont également présents dans les structures d’agrément d’entreprises sociales. De nombreuses entreprises ont obtenu leur agrément, sur des aspectsessentiellement administratifs. « Cependant les syndicats manquent de recul et de positions claires sur les quatre critères de l’économie sociale : seréfère-t-on davantage aux missions des entreprises sociales ou bien aux types d’entreprise ? »

Pas facile d’être patron et syndicaliste

Thierry Bodson, secrétaire général de la FGTB3 wallonne, constate lui que les entreprises sociales sont souvent confinées dans des secteursd’activités spécifiques, alors qu’il n’y a « pas de raisons objectives pour s’ouvrir à des entreprises sociales marchandes ». La FGTB est fort impliquéedans l’économie sociale marchande, notamment en étant présente à la Sowecsom4, chargée d’accorder des prêts publics à des entreprisessociales. « Nous sommes attentifs aux conditions de travail proposées, mais le suivi sur le terrain est insuffisant. »
A ce propos, les conditions de travail « sont généralement de meilleure qualité dans les asbl que dans les entreprises privées. Ce qui n’empêche pas lesproblèmes d’une réelle réinsertion socioprofessionnelle : piège à l’emploi, précarité et pénibilité du travail,etc. »

Christian Lochet, secrétaire régional wallon CGSLB5, entend pour sa part rappeler le rôle de l’économie sociale comme service auprès de personnes quipeuvent difficilement accéder à l’économie marchande et comme secteur d’activité vecteur d’emploi. Il soulève ensuite que le premier rôle des syndicats dansce secteur est de s’assurer que les entreprises à finalité sociale (EFS) cadrent avec le fonctionnement de l’économie sociale. « Nous avons donc un rôle desurveillance et de gestionnaire notamment par notre présence au sein de CA », tout en soulignant le caractère ambigu de la double fonction patron et syndicaliste. Il luisemble enfin plus judicieux de soutenir la création d’entreprises à finalité sociale notamment dans les titres service que de les confier à des entreprises privées.« Les travailleurs y sont en effet soumis à la loi de la rentabilité. Par contre au sein des CA d’EFS, nous tentons de pérenniser l’emploi et d’améliorer lesconditions de travail. »

1. CSC :
– adresse : chée de Haecht, 579 à 1030 Bruxelles
– tél. : 02 246 31 11
– site : www.csc-en-ligne.be
2. SAW-B asbl :
– adresse : rue Monceau-Fontaine, 42/6 à 6031 Monceau-sur-Sambre
– tél. : 071 53 28 30
– courriel : info@saw-b.be
– site : www.economiesociale.be
3. FGTB :
– adresse : rue Haute, 42 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 552 03 31
– site : www.fgtb.be
4. Sowecsom :
– adresse : rue Dewez, 49 à 5000 Namur
– tél. : 081 24 01 31
– site : www.sowecsom.be
5. CGSLB :
– adresse : bd Poincaré, 72-74 à 1070 Bruxelles
– tél. : 02 558 51 50
– courriel : siegesocial@cgslb.be
– site : www.cgslb.be

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