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Regard critique · Justice sociale

« SOS Viol1 lance un SOS », la formule peut paraître drôle, elle n’en est pas moins tragique. C’est que l’asbl créée dans la mouvance des mouvementsféministes en 1980 va, faute de moyens, devoir mettre la clé sous le paillasson si avant la fin de l’année aucun subside n’est débloqué pour lui veniren aide. Pourtant, l’asbl est la seule en Communauté française, avec SOS Viol Luxembourg, à fournir un travail spécifique qui s’articule autour dedifférents axes : l’aide aux victimes d’agression sexuelle et à leur entourage ainsi que la formation des professionnels de terrain confrontés àl’accueil des victimes.
Les activités développées
« La parole est notre outil de travail privilégié, explique Marie-Ange Senden, psychologue à SOS Viol et responsable administrative. SOS Viol est un lieu où les victimespeuvent mettre des mots sur l’agression, les émotions ressenties, l’impact du traumatisme vécu ». On le sait, l’absence de verbalisation par la victime peut donner lieuà des répercussions dans différents domaines de la vie : difficultés relationnelles, professionnelles, sexuelles, problèmes au niveau de la santé physique etpsychique, etc. Des problèmes par rapport auxquels SOS Viol a développé différentes formes d’aide : la permanence téléphonique, il s’agitd’une écoute téléphonique destinée aux femmes et aux hommes victimes d’agression sexuelle ainsi qu’à leur entourage. L’écoutefonctionne dans l’anonymat et s’adresse également aux professionnels : travailleurs sociaux, psychologues, médecins, avocats, juristes, policiers,… qui dans leurpratique sont confrontés aux questions que pose l’accueil de victimes.
Autre service, les consultations psychologiques, elles se déroulent sous forme d’entretiens ponctuels ou suivis avec des personnes agressées sexuellement ou avec leur entourage.Un groupe de parole est également accessible aux personnes qui souhaitent rencontrer d’autres victimes, il est animé par deux psychologues. D’autre part, l’asbl assureun soutien aux personnes qui s’engagent dans une procédure judiciaire et renvoie pour l’accompagnement judiciaire proprement dit vers des structures créées à cettefin : le bureau d’aide aux victimes et le service d’accueil des victimes du parquet.
Par ailleurs, l’association diffuse des informations sur la problématique du viol ainsi que sur le travail et les activités de l’asbl : rencontres avec des professeurs etdes étudiants, des organismes sociaux, travail de prévention dans les écoles, mise à disposition d’un centre de documentation (bibliothèque, revues de presse,évolution des lois, adresses relais,…).
Au fil des années, ces services sont de plus en plus sollicités : en 2000, l’asbl a reçu plus de 700 appels cliniques, c’est-à-dire des appels provenant depersonnes qui ont vécu directement une problématique d’agression sexuelle ou ont été sollicitées en place de témoin ou d’assistance à unevictime, 284 appels pour demande d’informations et elle a réalisé 720 consultations, soit le double de l’année 98. Mais l’association ne s’adresse pasqu’aux victimes, elle organise également des séances de sensibilisation à l’accueil de victimes d’agressions sexuelles pour différents commissariats dela Ville de Bruxelles ainsi que différents districts de gendarmerie, des cycles de formation de six journées destinés aux intervenants du secteur psycho-social, médical etjudiciaire confrontés, dans leur pratique, à la problématique des abus sexuels, et elle organise également des groupes de réflexion.
La solution : entrer dans un décret qui tienne compte des spécificités de l’asbl
Mais voilà, depuis quelques années, l’asbl, ni reconnue ni agréée par les autorités publiques, connaît des problèmes de trésorerierécurrents et le déficit s’agrandit de mois en mois, à tel point que l’association envisage de devoir fermer ses portes d’ici à la fin 2001, si unesolution n’est pas rapidement trouvée. Composée de trois personnes (une assistante en psychologie poste ACS obtenu en 93, un poste de psychologue sur les subsides Cocof, secteurAffaires sociales fin 94 et un autre toujours sur les subsides Cocof, secteur Santé fin 95), l’équipe a pu obtenir en 2001, trois postes ACS supplémentaires auprèsde l’Orbem : une psychologue à temps plein, une juriste à mi-temps et une assistante sociale à mi-temps. Les trois personnes devraient rejoindre l’association souspeu.
« La situation est quelque peu paradoxale, souligne Marie-Ange Senden. Au moment où nous avons l’occasion d’agrandir l’équipe, où le travail véritablementse professionnalise et où l’expérience de plusieurs années d’existence nous donne une expertise non négligeable, nous nous voyons menacés de cesser nosactivités. Nous accusons un déficit actuellement de 650.000 FB dû principalement au coût salarial. Ce déficit peut peut-être être réduit à500.000 FB si certains subsides nous parviennent mais rien n’est moins sûr. »
La Cocof, alertée par les difficultés de l’association, n’a à ce jour rien promis. Une demande de subside de 750.000 FB à la Région wallonne, via leministre Detienne, a été effectuée mais seuls 275.000 FB ont été accordés, au-delà, le ministre doit passer par le gouvernement. Autre recours, laFondation Roi Baudouin, où un dossier pour un subside de 300.000 FB a été rentré mais il vient d’être refusé. Reste la Loterie nationale…
Une situation, on le voit des plus précaires, mais qui pourrait trouver une issue favorable si le décret sur l’aide aux victimes, actuellement en préparation, tenait comptedes spécificités de l’asbl (anonymat, hors-cadre judiciaire, etc.), jusqu’à présent très isolée par rapport au large réseau que constituele secteur de l’aide aux victimes. « Une solution qui permettrait une fois pour toutes de nous voir reconnus et de ne plus devoir sans cesse compter sur des aides ponctuelles qui en plus,varient chaque année alors que nos interventions ne cessent de croître et que par ailleurs la spécificité de notre travail est reconnue par tous. Cette difficultéà rentrer dans un décret tient aussi à notre particularité : nous avons un pied à la fois dans le social et un pied dans la santé. Nous dépendonsactuellement des deux budgets initiatives « Affaires sociales « et « Santé ». Nos subventions pour 2001 se montent à 1.350.000 FB, côté Santé, à 1.350.000 FB,côté Affaires sociales et de 650.000 FB à titre de bud™et fonctionnement « Affaires sociales ». Nous recevons donc de la Cocof 2.700.000 FB pour le paiement des salaires, orceux-c
i nous coûtent 3.200.000 FB.
Autre solution envisagée : pouvoir entrer dans le cadre de la future proposition de décret « ambulatoire » mais la proposition avancée par le ministre bruxellois, Gosuin, en chargede la Santé, dans les exposés du budget 2000-2001 et dans l’accord gouvernemental, semble être passée à la trappe dans les priorités du budget2002… Le ministre a toutefois assuré en séance de la Commission de santé ce 19 novembre qu’il y travaillait. Quant à un appel public aux dons « difficile quandon s’appelle SOS Viol, avance Marie-Ange Senden, le nom fait peur… Nous avons bien essayé d’organiser une fête en vue de récolter des fonds mais lesrésultats furent très maigres. » L’asbl attend donc un geste de la Région bruxelloise.
1 SOS Viol, rue Blanche 24 à 1060 Bruxelles, tél. : 02 534 36 36, fax : 02 534 86 67, courriel : sosviol@brutele.be. À noter que les dons à l’asbl supérieursà 1.000 FB bénéficient de l’exonération fiscale, n° de compte : 000-0032566-71.

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