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Culture

Radio Maritime: «Une peinture collective du quartier maritime, à Molenbeek»

Entre les centaines de reportages et de directs souvent ponctués du commentaire «la tension est palpable» réalisés par des journalistes internationaux présents en nombre dans les rues de Molenbeek ces deux dernières semaines, s’élevaient d’autres voix, moins diffusées mais pas moins pertinentes. Celles de Carine, Leila, Siham, Fatima, Luc, Jean-Louis ou encore Malika, habitants de Molenbeek, sur les ondes de Radio Maritime. Chaque semaine depuis un an, ils prennent le micro pour réfléchir et débattre sur les enjeux de leur commune et particulièrement du quartier maritime où s’est implanté leur studio. Le 17 novembre, ils consacraient leur émission au ressenti des Molenbeekois par rapport aux attentats de Paris et à la couverture médiatique de leur commune sous le feu des projecteurs. Ils y ont livré en toute spontanéité leurs craintes, leurs colères et leurs questionnements. Rencontre avec Thibault Coeckelberghs, coordinateur de la régionale bruxelloise du GSARA et responsable avec Guillaume Abgrall de cette émission singulière dans le paysage radiophonique bruxellois.

27-11-2015
Le 17 novembre, les membres de Radio Maritime consacraient leur émission au ressenti des Molenbeekois par rapport aux attentats de Paris.

Entre les centaines de reportages et de directs souvent ponctués du commentaire «la tension est palpable» réalisés par des journalistes internationaux présents en nombre dans les rues de Molenbeek ces deux dernières semaines, s’élevaient d’autres voix, moins diffusées mais pas moins pertinentes. Celles de Carine, Leila, Siham, Fatima, Luc, Jean-Louis ou encore Malika, habitants de Molenbeek, sur les ondes de Radio Maritime. Chaque semaine depuis un an, ils prennent le micro pour réfléchir et débattre sur les enjeux de leur commune et particulièrement du quartier maritime où s’est implanté leur studio. Le 17 novembre, ils consacraient leur émission au ressenti des Molenbeekois par rapport aux attentats de Paris et à la couverture médiatique de leur commune sous le feu des projecteurs. Ils y ont livré en toute spontanéité leurs craintes, leurs colères et leurs questionnements. Rencontre avec Thibault Coeckelberghs, coordinateur de la régionale bruxelloise du GSARA et responsable avec Guillaume Abgrall de cette émission singulière dans le paysage radiophonique bruxellois.

Alter Échos: Comment est née Radio Maritime?

Thibault Coeckelberghs: Le GSARA-Bruxelles est implanté dans le quartier maritime depuis cinq ans. On avait la volonté de travailler sur ce quartier. Il y a deux ans, on a décidé d’axer notre travail sur le Centre communautaire Maritime, constatant qu’un tas d’énergies du quartier s’y concentraient. Petit à petit, nous avons intégré l’outil radio, auprès d’un noyau dur d’acteurs de ce centre. On a fait le portrait de ces personnes comme Fatima, organisatrice de petit déj’ ou Malika, qui anime des ateliers d’alphabétisation ou encore Jean-Louis et Luc, membres anciens et actifs du Centre communautaire. C’est comme ça qu’on a créé une convivialité et gagné leur confiance. Nous pouvions alors passer à l’étape suivante: la création d’une émission de radio hebdomadaire au centre communautaire. Nous avons diffusé la première émission en septembre 2014.

A.É.: Quels thèmes abordez-vous dans l’émission et comment les choisissez-vous?

T.C.: Nous nous basons toujours sur l’actualité du quartier. Les choses s’imposent. Il peut s’agir d’une conférence ou d’une problématique comme le logement, les caméras de surveillance… On discute ensuite avec les participants. Tous les deux, trois mois, nous organisons de plus de grandes réunions qui nous permettent de construire des émissions autour de thématiques plus générales comme la diversité culturelle ou la jeunesse.

A.É.: Comment s’est organisée l’émission consacrée aux attentats de Paris?

T.C.: Nous avons contacté tout le monde pour leur demander s’ils étaient d’accord de participer. Après Charlie, beaucoup d’entre eux avaient refusé de prendre le micro. Cette fois, ils avaient tous envie de parler malgré qu’ils aient le moral à plat. Des femmes musulmanes du centre culturel Vaartkapoen ont rejoint l’équipe, elles tenaient à s’exprimer, notamment sur l’islam. Cela a engendré une discussion très riche composée de multiples points de vue.

A.É.: L’équipe est-elle fixe?

T.C.: Oui, nous fonctionnons avec le noyau dur du départ composé de cinq membres. S’ajoute aussi un mardi par mois un groupe de jeunes qui se nomme «les indescriptibles». L’émission est en tout cas ouverte à tout le monde. Tant pour écouter que pour participer. Il y a toujours du thé et du café!

A.É.: Comment sensibiliser le public plus vulnérable, ces voix qu’on entend moins…

T.C.: On travaille en réseau avec les associations. Des groupes d’alphabétisation ont déjà participé par exemple. Nous continuons par ailleurs à faire des ateliers radio, avec des femmes notamment.

A.É.: Cette émission, vous la considérez comme du journalisme ou davantage comme de l’éducation permanente?

T.C.: On pourrait la qualifier de journalisme participatif ou citoyen. C’est de l’expression citoyenne, mais aussi de l’éducation au débat. Notre envie est de prendre le temps, de réfléchir, de faire débat. On ne se considère en tout cas pas comme des journalistes. L’émission est une peinture collective du quartier maritime.

A.É.: Qu’en retirent les participants?

T.C.: Ils soulignent tous l’opportunité de valoriser leur quartier. Beaucoup sont fatigués de l’image négative qui est donnée de Molenbeek. Cette émission leur donne aussi l’opportunité de réfléchir, de s’intéresser aux enjeux de la commune et de la société plus généralement. Par exemple, nous avons consacré une émission à l’avenir de Tour et Taxis. Ils ont pu rencontrer les promoteurs et prendre conscience de la problématique.

L’émission du 17 novembre : 

Émission sur la gentrification :

En savoir plus

Radio Maritime est diffusée en ligne sur le site du GSARA et sur les ondes de Radio Panik, tous les mardis, de 11h à 12h, et le 4ème vendredi du mois de 19h à 20h, en direct ou en léger différé.

Manon Legrand

Manon Legrand

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