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Regard critique · Justice sociale

Quartier du Midi : haro sur le projet « Victor »

Le projet Victor, qui fait l’objet d’une demande de permis d’urbanisme auprès des communes d’Anderlecht et de Saint-Gilles, suscite l’ire du Comitédu quartier Midi.

25-09-2011 Alter Échos n° 323

Porté par le groupe Atenor, le projet immobilier Victor vise à construire trois tours de bureaux et une tour de logement dans le quartier du Midi à Bruxelles. Ce projet, quifait l’objet d’une demande de permis d’urbanisme auprès des communes d’Anderlecht et de Saint-Gilles, suscite l’ire du Comité du quartier Midi.

Conçu en 2009 par le bureau d’architecture français Atelier Christian de Portzamparc, le projet Victor concerne l’îlot dit « Lombard », bordé par les ruesBlérot, Bara et Paul-Henri Spaak, à côté de la Tour du Midi. A en croire le groupe Atenor, il répond « au besoin de densification de bureaux, de logementset commerces dans le périmètre d’une gare internationale ». Toujours selon ce groupe, « l’ensemble mixte de bureaux et de commerces joue ainsi la carte de lamixité sociale et de la densification urbaine (mobilité accrue, lutte contre la pollution et l’insécurité…). »

Tout le monde ne semble pas du même avis que le promoteur immobilier. En effet, à l’heure où Bruxelles vit une crise du logement, le Comité du quartier Midis’insurge : « Il faut arrêter la construction de nouveaux bureaux à Bruxelles, stopper les investissements spéculatifs, construire en masse du logement public etdu logement social, mettre fin à cet urbanisme des petits arrangements secrets passés entre promoteurs et élus et où les procédures de “concertation” neservent qu’à donner un semblant de légitimité démocratique ! »

100 000 m2 de bureaux… contre 6 000 m2 de logements !

Selon le Comité du quartier Midi, Bruxelles compte déjà au bas mot 1,6 million de mètres carrés de bureaux inoccupés. En outre, près de300 000 m2 de bureaux ont déjà été construits dans le quartier du Midi au cours de la dernière décennie, au prix de la démolition denombreux logements et de l’expropriation de leurs habitants. Pire : la SNCB caresse le doux rêve d’ériger encore 250 000 m2 de bureaux neufs sur le sitede la gare.
« Pourtant, les pouvoirs communaux d’Anderlecht et de Saint-Gilles ont récemment abrogé – sur mesure – les deux PPAS [NDLR plans particuliers d’affectation dusol] en vigueur sur cette zone, estime le Comité. Ceux-ci auraient empêché un projet d’une telle ampleur de se réaliser. » Il ne fait donc aucun doutequ’ils seront peu regardants sur les surfaces destinées aux bureaux (100 000 m2, contre 6 000 m2 seulement de logements) et sur le caractèrespéculatif de ce projet (il n’y a pas de demande pour occuper ces bureaux, qui seront plus que probablement loués ou achetés par des sociétés déjàinstallées à Bruxelles). « Anderlecht et Saint-Gilles seront d’autant moins regardantes qu’elles ont négocié avec le promoteur l’emplacement des futursbureaux ; le site étant traversé par la frontière communale, il fallait que chacune d’elles ait sa part du gâteau et puisse goûter aux joies des taxes sur lesbureaux. »

Des abrogations de PPAS sur mesure ?

De fait, l’abrogation des deux PPAS a de quoi étonner. En novembre 2010, une série d’associations – IEB, le Codes, le Comité quartier Midi, l’Arau, leBral et l’Ulac – dénonçaient déjà de nombreux manquements dans le cadre de l’enquête publique en vue de l’abrogation du PPAS rue de France.Retenons ceux-ci : le mauvais accès à l’information, les défaillances dans les motivations visant à justifier ces abrogations au lieu de simplement modifier lesPPAS, la suppression de facto par l’abrogation des PPAS de la garantie de 10 000 m2 de logements et de mixité de l’îlot prévusprécédemment, le « déverrouillage » du quota de bureaux dans le quartier de la gare du Midi, la suppression de la limitation des gabarits d’immeublesà huit ou dix étages. »

Le projet Victor était à l’enquête publique jusqu’au 22 septembre. La Commission de concertation se réunit à Anderlecht le 29 septembre. Quand on saitque depuis un an, IEB, le Codes, le Comité quartier Midi, l’Arau, le Bral et l’Ulac réagissent contre l’urbanisme spéculatif d’Atenor au Midi, pas dedoute que ce dossier fera encore des remous (voir aussi Alter Echos n° 272 du 4 juin 2009 : « Les quartiers des gares, entre développement urbain etdétricotage social »).

Pour en savoir plus

Concernant le projet Victor sur le site de la société Atenor : http://fr.atenor.be/projet.php?id=5&pos=13&order=7

L’intégralité de la demande de permis d’urbanisme du projet Victor : www.quartier-midi.be/wp-images/victor_dossier.pdf

Le communiqué de presse du Comité du quartier Midi : www.quartier-midi.be

L’avis de l’Arau, du Bral, du Codes, du Comité de quartier Midi, d’IEB et de l’Ulac relatif à l’abrogation du PPAS rue de France : www.ieb.be/IMG/pdf/avis_arau-bral-codes-comitemidi-ieb-ulac_ppas-ruedefrance_23nov10.pdf

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