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Participer est un droit de l'enfant

Ce 20 novembre, le délégué général aux droits de l’enfant1 a rendu public son rapport annuel2. La forme et le fond tranchent assezradicalement par rapport aux éditions précédentes. Pendant la matinée de présentation, l’éclairage a ainsi été mis sur le besoinimpératif de plus de participation des enfants et des jeunes dans la société.

28-11-2008 Alter Échos n° 263

Ce 20 novembre, le délégué général aux droits de l’enfant1 a rendu public son rapport annuel2. La forme et le fond tranchent assezradicalement par rapport aux éditions précédentes. Pendant la matinée de présentation, l’éclairage a ainsi été mis sur le besoinimpératif de plus de participation des enfants et des jeunes dans la société.

La journée nationale des droits de l’enfant est traditionnellement l’occasion de présenter le rapport annuel du délégué général au droits del’enfant. Un rapport peut-être un peu plus attendu cette année que les autres : c’est le premier depuis la nomination de Bernard De Vos à la fonction dedélégué, en avril 2008, après seize années de règne de Claude Lelièvre… Il est, en effet, peu dire que l’homme aux fameuses et épaissesmoustaches incarnait jusque là totalement l’institution.

Le vent de fraîcheur apporté par le nouveau délégué prend des formes diverses et variées. Première nouveauté, la présentation durapport se déroule lors d’une matinée de réflexion prenant comme objet la participation des enfants et des jeunes et la prise en compte de leur parole. Journéeorganisée en partenariat avec un autre service de la Communauté : l’Observatoire de l’enfance, de la jeunesse et de l’aide à la jeunesse (OEJAJ)3. Sont présentsdivers acteurs institutionnels et de terrain : des fonctionnaires de diverses administrations, des politiques (des ministres communautaires mais aussi des échevins de la jeunesse), desreprésentants de services de l’aide à la jeunesse (SAJ), etc. La presse n’est là qu’en second plan, même si le Délégué aura quand même bien droiten fin de matinée au crépitement intensif des flashes sur son large sourire. Les organisateurs assument avoir ciblé un public particulier : « Nous n’avons pas vouluinviter des convaincus, des gens qui pratiquent la participation des jeunes au quotidien, comme des travailleurs de maisons de jeunes ou d’organisations de jeunesse, déclare ainsi LilianeBaudart, la directrice faisant fonction de l’OEJAJ, mais plutôt des personnes plus éloignées de prime abord de ces pratiques et qu’il faut sensibiliser. »

Et les « vrais » problèmes, alors ?

Le thème même de la matinée est par ailleurs une autre nouveauté. « Certains journalistes m’ont demandé si le fait qu’on ait choisi un thème comme laparticipation signifiait qu’il n’y avait plus de « vrais » problèmes pour les enfants et les jeunes : les maltraitances, les abus, etc., raconte Bernard De Vos. Il est malheureusementévident que si, et nous laissons une très large place à ces problèmes dans le rapport annuel. Néanmoins, la participation des jeunes est pour nous primordiale. Parrapport aux enfants et aux jeunes, les parents et les adultes en général sont souvent dans une oscillation entre, d’une part, les protéger puisqu’ils sont « petits », et, d’autrepart, faire comme s’ils étaient déjà grands ou plus grands et viser à leur émancipation. En général, c’est dans le premier des deux rôles queles « grands » sont le plus à l’aise : celui de protecteurs des enfants et des jeunes. Et on a donc peut être tendance à attendre du Déléguégénéral qu’il incarne d’abord la protection. Pourtant l’émancipation, l’expression et la prise de parole des jeunes sont indispensables à la sociétéd’aujourd’hui et à la construction de celle de demain. Sans compter que les droits de l’enfant recouvrent à la fois les aspects de protection et ceux d’émancipation. C’estd’ailleurs clair dans la convention internationale des droits de l’enfant. »

La matinée a ainsi été l’occasion de découvrir divers projets dans lesquels les jeunes s’investissent volontairement et font des apprentissages de citoyenneté.Des projets souvent liés aux médias… Ainsi, l’agence de presse Stampmedia4, où l’ensemble des contenus (vidéo, son, texte) sont réaliséspar des jeunes et ensuite diffusés dans des médias traditionnels comme la Gazet van Antwerpen. Ou encore le projet Coup de pouce5, émission detélévision exclusivement réalisée par des jeunes et diffusée toutes les semaines sur Télé-Bruxelles, fruit d’une coopération entre diversesasbl bruxelloises. Ou même l’émission « Quand les jeunes s’en mêlent » de La Première (RTBF), dont l’objet est d’abord, selon le présentateur DavidLallemand, « de faire dialoguer des générations contiguës et leur faire tracer ensemble des pistes d’avenir en confrontant la parole des jeunes, sur des sujets qu’ils ontchoisis, à celle d’interlocuteurs adultes ».

Parmi les présentations, quelques exemples, aussi, de réussites d’une participation plus institutionnalisée. D’après la représentante du Conseil communal desenfants (CCE) de Fosses-la-ville, cette instance a dans sa commune « un vrai pouvoir d’influence sur les adultes et arrive à faire monter des projets concrets qui tiennent àcœur aux enfants ». À Fosses, le CCE ne serait pas, comme souvent ailleurs, un simple faire-valoir pour hommes politiques locaux. Et la jeune conseillère d’interroger :« Pourquoi, lors de l’installation du CCE de Mons, commence-t-on par dire aux jeunes conseillers que leur Conseil est limité dans son influence et n’a de toute façon pas deréel pouvoir ? » Une introduction qui pourrait être castratrice, il est vrai… En fait, comme le soulignera l’animateur du CCE de Fosse-la-ville, un tel Conseil n’a de sensque si les politiques locaux sont conséquents : s’ils laissent des marges de manœuvre au CCE et prévoient des budgets pour la réalisation de projets concrets.

La participation à l’école reste déficiente

Cette année, l’OEJAJ a réalisé une large enquête sur la participation des jeunes. L’occasion était évidemment belle de dévoiler les grandes lignesdes résultats de celle-ci5. Les enquêteurs ont recueilli les témoignages de 1 144 jeunes de 10 à 18 ans, issus à la fois d’un échantillonreprésentatif et d’un échantillon ciblé (jeunes en IPPJ). L’enquête s’est déroulée en milieu scolaire, au sein de 31 établissements. Parmi lesprincipaux résultats :
– à la maison, les jeunes donnent très majoritairement leur avis quand une décision importante doit être prise (environ 80 % de oui) ; ils déclarent aussi que cesavis ont très largement une influence sur la décision familiale, surtout si cela concerne les études ou des activités en dehors de la famille ;
a contrario, l’école ne semble pas un lieu d’épanouissement de l’avis des jeunes : seule une minorité d’entre eux donnent leur avis en cas de décision i
mportante(de 20 à 45 % de oui, suivant le type de décision) et, de toute façon, les jeunes interrogés estiment majoritairement que ces avis ont en général peud’influence sur la décision finale (surtout si il est question de l’organisation même du processus scolaire : la manière d’enseigner ou les horaires de cours, par exemple);
– 72 % des jeunes interrogés connaissent l’existence de la Convention internationale des droits de l’enfant, dont 46 % déclarent cependant en connaître seulement peu lecontenu.

De son côté, le délégué général a déclaré avoir commencé à mettre en œuvre des pratiques de participation desjeunes au sein même de sa propre institution. Une large consultation des enfants et des jeunes, par arrondissement, a ainsi été entreprise afin d’identifier finement lesréalités vécues par ceux-ci, qui varient considérablement suivant le milieu de vie. Objectif : améliorer la pertinence du travail des services dudélégué général. Sur la base d’un exemple français, le délégué a également créé une équipe de « jeunesacteurs des droits de l’enfant » : 8 jeunes de 16 à 25 ans qui seront étroitement associés au travail de la délégation générale pendantplusieurs mois et qui bénéficieront d’une formation et d’un suivi sur mesure.

1. Délégué général au droits de l’enfant :
– adresse : rue des Poissonniers, 11-13 bte 5 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 223 36 99
– courriel : dgde@cfwb.be
– site : www.cfwb.be/dgde
2. Le rapport est téléchargeable sur le site du Délégué général :
www2.cfwb.be/dgde/rapport_annuel_2007-2008.pdf

2. Observatoire de l’Enfance, de la Jeunesse et de l’Aide à la Jeunesse, secrétariat général :
– Ministère de la Communauté française, bd Léopold II, 44 à 1080 Bruxelles
– tél. : 02 413 37 65
– courriel : observatoire.enfance-jeunesse@cfwb.be
– site : www.oejaj.cfwb.be
4. StampMedia – jongeren media-agentschap :
– adresse : p/a Internationaal Perscentrum Vlaanderen, Grote Markt, 40 à 2000 Antwerpen
– site : www.stampmedia.be/
Le projet est soutenu par la Ville d’Anvers.
5. Le site du projet, où il est possible de télécharger des émissions :
www.coup2pouce.magusine.net/
6. L’enquête est téléchargeable sur
www.oejaj.cfwb.be/rubrique.php?id_rubrique=89

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