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Regard critique · Justice sociale

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""Les Vaillants", pionniers dans les services de proximité sur zoning"

26-03-2001 Alter Échos n° 94

Nous vous parlions dans l’Alter Échos n°92 de Proxi Plus, entreprise d’insertion active dans le secteur des services de proximité sur les zonings industriels du Hainautoccidental, qui fêtait ce 20 mars sa première année d’existence. Si cette coopérative à finalité sociale se définit comme pionnière dans sondomaine d’activités, il en est pourtant une autre, active dans le même secteur depuis plus de deux ans et demi; que peu de personnes connaissent car elle œuvre en toutediscrétion: il s’agit de la société coopérative à finalité sociale « Les Vaillants »1. Situés sur le zoning « Technopole Villette » à Marcinelle,Les Vaillants, créés en juillet 1998, occupent actuellement 17 personnes dont 15 « demandeurs d’emploi particulièrement difficiles à placer », selon l’expressionconsacrée du décret wallon sur les entreprises d’insertion. Tous ont un contrat à durée indéterminée et dépendent des commissions paritaires pourouvriers et pour employés avec des salaires supérieurs aux barèmes de ces commissions jugés trop bas.
L’idée est née d’une série de contacts et de constats établis par différents entrepreneurs du zoning « Technopole Villette ». Parmi eux, FrédéricRanwez, conseiller fiscal : « Nous avions constaté que, dans plusieurs des entreprises du zoning, un certain nombre de tâches étaient difficiles à remplir parce que nedemandant pas un emploi à temps plein ou étant très saisonnières, je pense à des tâches comme l’assemblage, le classement, le rangement, les travauxdivers,… Des tâches qui ne requéraient pas une main-d’œuvre très qualifiée et que nous devions confier à des agences d’intérim, à des jobsétudiants, ou en effectuant des heures sups… Ces solutions précaires et bricolées ne nous satisfaisaient pas sur du long terme. Nous avons alors rencontré Febecoop,agence-conseil2, qui nous a expliqué le concept d’économie sociale, notamment dans sa dimension d’insertion. C’est ainsi que petit à petit l’idée a germé demutualiser nos besoins et d’ainsi créer des emplois peu qualifiés et durables. Après une étude des besoins du zoning, l’analyse a permis de conclure qu’il étaitpossible de créer plusieurs emplois pérennes sans toucher à l’emploi dans les entreprises. » Une série de responsables d’entreprises du zoning ont alors accepté derejoindre Frédéric Ranwez pour créer une société coopérative à finalité sociale. L’investissement de départ s’est limité aucapital minimum requis pour créer une coopérative, à savoir 250.000 F. Mais au-delà du partenariat formel des entreprises, Les Vaillants ont pu compter sur les commandesde celles-ci, sur un paiement au comptant des travaux et sur la mise à disposition, à prix coûtant, de l’infrastructure nécessaire au démarrage.
« Nous avons aussi tout de suite voulu prendre des dispositions cohérentes quant à la formation et à l’insertion de nos travailleurs, complète FrédéricRanwez. Nous nous sommes ainsi inscrits dans le cadre du décret wallon sur les entreprises d’insertion et avec l’aide de Febecoop, nous nous sommes assurés une collaboration avec unopérateur de formation spécialisé dans l’insertion socioprofessionnelle. » En l’occurrence, il s’agit du Germoir, entreprise carolo de formation par le travail active dans lenettoyage, l’horeca et l’habillement, dont les stagiaires sont des femmes en difficulté sociale. « Nous avons établi une relation privilégiée avec Les Vaillants, confirmeAnne Biettlot, coordinatrice du Germoir. Ils accueillent régulièrement des femmes de chez nous en stage. Huit personnes du Germoir ont ainsi trouvé de l’emploi dans lacoopérative. » Une collaboration qui a poussé le Germoir à investir dans une machine qui correspondait aux besoins de l’entreprise d’insertion et à adapter sa formation auxexigences des Vaillants. Mais le partenariat ne s’arrête pas au Germoir, il implique également les CPAS de Charleroi, Fleurus, Châtelineau, le Forem, l’AWIPH et l’EFT « Quelquechose à faire ». « Chacun son métier, argumente Frédéric Ranwez. Nous, nous sommes compétents en matière économique, la formation et le processus deresocialisation préalable à l’entrée dans l’entreprise, nous les laissons à des professionnels. C’est aussi cela notre spécificité par rapport àd’autres entreprises d’insertion qui restent des extensions du monde de l’insertion et dont on ne peut véritablement parler en termes d’entreprise. » Une lucidité qui le conduit aussià attirer l’attention des pouvoirs publics sur un écueil auquel Les Vaillants se sont heurtés, mais également d’autres entreprises d’insertion : le manque de financementde l’encadrement. « Le rôle et le coût des encadrants a été sous-évalué dans le décret wallon sur les entreprises d’insertion, remarqueFrédéric Ranwez. Il faut éviter que les personnes en insertion ne travaillent en fin de compte que pour arriver à financer leur encadrement. Aujourd’hui, c’est laprincipale difficulté que nous voyons dans le développement à long terme de la société »4.
Parmi les activités déployées, Les Vaillants se sont surtout spécialisés dans le réapprovisionnement et les recharges pour filtres industriels maiseffectuent également d’autres services comme le nettoyage de camionnettes, la manutention de stocks, etc. D’ici à la fin de l’année, la coopérative devrait atteindre lavingtaine d’emplois et se trouver un directeur ou une directrice; car si Frédéric Ranwez reste attaché à l’entreprise qu’il a grandement contribué à lancer,sa gestion actuelle à raison de 5 h/semaine reste une activité bénévole parmi d’autres et ne suffit plus face au rapide développement des Vaillants. C’est que,considérée dans un premier temps comme projet pilote, l’entreprise, qui a maintenant fait ses preuves, devrait sous peu, avec l’aide du cabinet Kubla et l’expertise de Febecoop,essaimer son expérience sur quelques zonings wallons. Le projet encore en phase prospective devrait cependant voir en avril une première expérience s’installer dans leSud-Luxembourg. Nous y reviendrons dans un prochain Alter Échos.
1 Les Vaillants, contact : Frédéric Ranwez, Technopole Villette, rue Vital-Françoise, 220, bâtiment 30 à 6001 Marcinelle, tél. : 071 36 40 30.
2 Febecoop, Fédération belge des coopératives, également agence-conseil en économie sociale, rue Haute, 28 à 1000 Bruxelles, tél. : 02 500 52 11, fax: 02 514 54 43.
3 Le Germoir, rue du Beffroi, 22 à 6000 Charleroi, tél. : 071 33 11 36, fax : 071 33 03 78.
4 Témoignage tiré de l’article « Les Vaillants au cœur de l’insertion », Alain Laigneaux, in Traverses, n°157, septembre 2000.

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