Coordonné par Eliane Vogel-Polsky et Marie-Noëlle Beauchesne, cet ouvrage publié en février par Labor1 répond simplement : oui. Elles sont même souventsexistes. Une dizaine de chercheuses de l’ULB se sont penchées sur les effets des politiques sociales sur l’égalité hommes-femmes et sur l’impact des politiquesd’égalité des chances. Leurs contributions « ont pour ambition principale de convier à un ‘autre regard’ sur les effets négatifs pour les femmes, soit de politiques, soitd’absences de politiques. […] Elles procèdent à l’examen des nouvelles inégalités produites par diverses formes d’intervention publique en matièred’aménagement de l’emploi, du chômage, de la formation, des conditions de travail, de définition des droits, eu égard au principe de l’égalité entre lesfemmes et les hommes. »
Le fait que le social et l’emploi se retrouvent au cœur des préoccupations n’est pas un hasard : la pièce maîtresse de l’ouvrage est la synthèse de l’évaluationdes 15 ans de politiques d’égalité des chances menées par Miet Smet (recherche présentée il y a peu dans ces colonnes), qui montre comment les politiques d’emploiconstituaient le maillon le plus faible de son projet.
Le développement du travail à temps partiel (Adinda Vanheerswynghels), son utilisation par les entreprises et par les politiques d’emploi est ainsi reparcouru. Ses répercussionssur la vie professionnelle et sur la vie privée des femmes sont discutées. Pour montrer la tension entre accès des femmes au salariat et partage du temps de travail d’une part,et d’autre part discrimination en matière de salaires et de carrières p. ex., donc d’autonomie économique pour les femmes. Le temps partiel en sort décrit comme une formed’emploi à part, très différent de ce qu’on entend classiquement comme étant l’emploi, et très féminisé.
La question des femmes d’origine immigrée (Nouria Ouali) est abordée sous l’angle des effets des politiques d’intégration et de lutte contre les discriminations : le plussouvent, la position socioéconomique des femmes n’en sort pas renforcée, faute de prise en compte spécifique de la question de l’égalité hommes-femmes dans lesinitiatives prises pour l’intégration. D’où des arguments pour le rapprochement des instruments de lutte contre les différentes formes de discrimination (réformes duCentre pour l’égalité des chances et du Service de l’égalité des chances du ministère de l’Emploi).
La problématique de l’incidence de la pauvreté sur les femmes (Véronique Degraef et Dominique Rodriguez) est aussi discutée en distinguant l’impact des politiques parmiles différents facteurs d’exclusion socioéconomique. Et de conclure sur la quasi invisibilité des femmes dans les indicateurs courants (en particulier quand ils consistentà quantifier les ménages plutôt que les individus), qui se répercute sur la conception des politiques visant les personnes aux revenus les plus bas, p.ex. en les incitantà se retirer du marché du travail.
L’égalité dans les conditions de travail et dans la santé au travail (L. Vogel), les mouvements de revendication des infirmières (M.-N. Beauchesne et M. De Troyer) etl’apport de la politique européenne d’égalité des chances (E. Vogel-Polsky) sont enfin abordés.
L’occasion aussi de revenir sur la notion de genre et sur sa traduction dans les politiques et dans les revendications féministes.
1 166 p., en librairie. Labor, quai du Commerce 29 à 1000 Bruxelles, tél. : 02 250 06 70, fax : 02 217 71 97, site Web : http://www.labor.be
Thomas Lemaigre
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