Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Les jeunes du CPAS : "A vous l'antenne!"

Le travail de l’antenne jeunes du CPAS de Liège décortiqué.

29-05-2011 Alter Échos n° 316

Au CPAS de Liège, il existe une « antenne jeune »1. Objectif : proposer un suivi adapté aux difficultés que traversent les jeunes.

Le mardi matin, à l’antenne jeunes du CPAS de Liège, ça bouge dans tous les sens. A l’accueil aussi, où les jeunes défilent et sont orientés versl’interlocuteur qui leur convient. L’armada des vingt-sept assistants sociaux tente de suivre individuellement les nombreux jeunes qui se pressent aux portes du service. Ils sont deux mille dans cecas : majeurs pour la plupart, à quelques exceptions près, essentiellement de jeunes femmes enceintes. Il s’agit en fait d’un CPAS pour les 18-25 ans. L’antenne, qui possèdeses propres locaux bien distincts des différentes antennes de quartier du CPAS de Liège, existe depuis moins de deux ans. Avant, les jeunes étaient reçus dans les antennesde quartier, noyés dans la masse des bénéficiaires de l’aide sociale. Ici, on leur propose un accompagnement censé être taillé sur mesure.

La plupart des CPAS de Belgique ont un service jeunesse mais bien peu sont dotés d’une antenne autonome spécialisée. Pourquoi avoir lancé ce service à part ?Anne Piron, la responsable de l’antenne jeunes, raconte la genèse du projet. « Au CPAS de Liège, nous fonctionnons par public spécifique. Il y a une antenne pour lesdemandeurs d’asile, une autre pour les sans-abri. Entre 2002 et 2005 le nombre de jeunes bénéficiaires a augmenté de 50 %, le CPAS de Liège étaitsubmergé de demandes de jeunes. Nous avons voulu faire quelque chose de spécifique pour eux également. » Les missions de ce service diffèrentlégèrement du traditionnel parcours d’insertion et de l’attribution du revenu d’intégration sociale. Il s’agit surtout de « rendre le jeune autonome le plus rapidementpossible, dit Anne Piron. Cela peut passer par une aide pour trouver un logement, par la mise en place d’un projet. Cela passe aussi par la signature d’un contrat avec le jeune, en accord avec sessouhaits et ses compétences. » Dans les faits, les assistants sociaux aident aux démarches administratives et orientent les jeunes vers des services du CPAS, notamment lesservices d’insertion socioprofessionnelle, ou vers des services extérieurs comme des entreprises de formation par le travail ou des services de santé mentale. Deux psychologues peuventpar ailleurs offrir un suivi individuel. Enfin, des activités collectives sont peu à peu mises en places par les jeunes eux-mêmes.

« Quand on voit que le milieu familial est toxique, alors oui, on peut intervenir »

Parmi les nombreux jeunes qui adressent des demandes à l’antenne, 53 % essuient un refus. Le CPAS n’est pas un tremplin pour que tous accèdent à l’autonomie.« L’envie d’autonomie ne suffit pas, précise Anne Piron, il y a une série de critères légaux à remplir. Quand on voit que le milieu familial est toxique,alors oui, on peut intervenir. » L’analyse des comptes et de la population qui bénéficie in fine d’une aide donne quelques indications sur les difficultés quetraversent les jeunes. 25 % des bénéficiaires vivent encore en famille, mais dans des familles qui émargent déjà au CPAS, du coup l’enfant majeur a droità sa part. On voit aussi que quelque neuf cents bénéficiaires sont étudiants, un chiffre qui ne cesse d’augmenter au fil des années. Environ 25 % desbénéficiaires sont des jeunes filles mères qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts. Enfin, Anne Piron constate qu’une proportion non négligeable de ces jeunessont d’anciens sans-papiers récemment régularisés.

Derrière cette diversité de profils, on trouve un dénominateur commun : des jeunes au parcours semé d’embûches, parfois troublés, à lacroisée des chemins. Pour Anne Piron, l’une des raisons qui explique cette situation est l’évolution du système familial, « des jeunes arrivent abîmés parla vie avec ces familles qui se décomposent et se recomposent. »

On imagine qu’une part non négligeable des jeunes bénéficiaires du CPAS a auparavant eu affaire aux services de l’Aide à la jeunesse. Une question importante lorsqu’onsait qu’un groupe de travail aide à la jeunesse/CPAS planche à l’heure actuelle sur le passage à la majorité et la transition complexe qu’il implique entre lesadministrations. Nous ne saurons malheureusement pas ce qu’il en est, car le parcours des jeunes n’est pas connu. « Nous sommes une jeune antenne, concède Anne Piron, il y a des tasde choses à mettre en place et ça en fait partie. »

1. Antenne-jeunes du CPAS de Liège
– adresse : rue Nathalis, 49 à 4020 Liège
– tél. : 04 344 84 11
– courriel : ant.jeunes@cpasdeliege.be

Cédric Vallet

Cédric Vallet

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