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Regard critique · Justice sociale

Après de multiples péripéties et les protestations d’une partie du secteur, le Samu social1 a rouvert ses portes ce lundi 2 avril. Alain Hutchinson2, ministre de l’Actionsociale, qui s’était improvisé médiateur dans le conflit qui opposait les travailleurs à une partie du conseil d’administration, a rencontré le lundi 12 mars lesmembres du CA ainsi que les pouvoirs publics concernés par la problématique du Samu social, à savoir Yvan Mayeur, président du CPAS de Bruxelles-ville et par ailleursadministrateur « dissident » du Samu, et Jean-Pol Philippot, administrateur délégué d’Iris. La réunion qui a duré plus de trois heures a permis de débouchersur un accord entre les parties présentes. Le lendemain, les syndicats acquiesçaient à leur tour.
L’accord en question porte sur la réforme des statuts du Samu social dans lequel les pouvoirs publics deviennent majoritaires. Ce qui a permis à Alain Hutchinson de rappeler que cetteréforme devra s’inscrire dans la négociation générale qui a commencé aüec la concertation des « sans-abri » et qui vise une réorganisation du secteur dela grande exclusion. La nouvelle composition de l’AG et du CA sera dorénavant la suivante : trois représentants du collège de la Cocof, un représentant du CPAS deBruxelles-ville, un représentant du collège de la Ville de Bruxelles, un représentant d’un autre CPAS de la région bruxelloise, un représentant du CA de lastructure faîtière IRIS, un médecin du collège des médecins urgentistes de la structure IRIS, trois membres fondateurs, des experts ayant une connaissance de laproblématique et du terrain. Toutefois, le CA actuel, tout comme les parlementaires Ecolo et PSC, regrette que la nouvelle structure ne s’ouvre pas au bicommunautaire « afin de mieux rencontrerla réalité bilingue de la Région de Bruxelles-capitale ».
Les travailleurs, dont les jours de grève seront finalement payés, ont repris le boulot. Même Pascal Peraita, directrice du Samu social, évincée par l’ancien CA, aregagné son poste. À son sujet, l’accord intervenu le 12 mars est on ne peut plus chèvrechoutiste : « Un expert indépendant sera désigné (NDLR par le ministreHutchinson) afin de prendre connaissance du dossier du licenciement de la directrice. Le problème de son éventuelle réintégration sera examiné par le (nouveau)conseil d’administration à la lueur des conclusions de l’expert. Une confirmation des erreurs incriminées aurait pour conséquence que le réengagement ne serait plusà l’ordre du jour. » Une formulation qui a paru satisfaisante aux représentants des pouvoirs publics (CPAS de Bruxelles Ville et IRIS), partisans de Pascale Peraita. L’expert en questiondevrait remettre ses conclusions le 12 avril prochain. Quant à Eselwood, nommé directeur financier par l’ancien CA, il n’est pas cité.
En ce qui concerne l’engagement de 11 nouveaux ACS (agents contractuels subventionnés) qui devaient s’ajouter au 14 en fonction, il a été gelé par le ministre Tomas surdemande de l’Orbem, attendant que les manquements en matière de respect des lois sociales soient comblés. Mais ce n’est pas tout, plus de la moitié des ACS actuels est encongé, soit pour raisons de maladie, soit pour convenances personnelles. Trois ACS ont donné leur démission. Le ministre Tomas a assuré qu’il pourvoirait normalementà leur remplacement. Quant à Yvan Mayeur, il a exprimé sa volonté de mettre à disposition du Samu social 13 nouveaux embauchés sous statut « article 60″– avec dérogation pour travailler la nuit. Ecolo s’interrogeait dans un communiqué de presse envoyé aux rédactions le 2 avril sur la formation dispenséeà ces personnes, le travail avec les sans-abri exigeant une formation professionnelle adéquate.
Les statuts modernisés du Samu précisent encore les nouvelles missions de l’association, dont entre autres l’hébergement de nuit, ce qui n’était pas le cas lors de lanaissance du Service ambulatoire d’urgence sociale. On est en effet passé de la maraude à l’hébergement et à une fonction de coordination. L’association a donc vu sonrôle se muer vers celui d’un organe parapublic. Il faut également observer un glissement du champ social vers un champ social et médical.
Mais au-delà du débat sur les structures du Samu, la Région bruxelloise va devoir sous peu s’atteler à un chantier beaucoup plus vaste, notamment à lalumière du rapport de l’ULB sur la problématique des sans-abri en région bruxelloise.
Une interpellation du ministre Hutchinson par Dominique Braeckman, députée régionale Écolo, ce 9 mars, cernait déjà bien les enjeux du débat : »(…) de nombreux acteurs de terrain vous le diront : il ne faut plus ouvrir de lits. Cela a des effets pervers, cela crée un appel tout en cassant les mécanismes traditionnels desolidarité. On n’utilise plus ce qui existe, on téléphone au Samu. Et on s’installe dans ce provisoire qui devient définitif, c’est là qu’est la vraiecatastrophe. »
1 Samu social, rue de l’Imprimerie, 5 à 1190 Forest, tél. : 02 537 82 70, n° vert : 0800 99 340.
2 Cabinet Hutchinson, bd du Régent 21-24 à 1000 Bruxelles, tél. : 02 50 634 11, fax : 02 511 88 59.

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