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Regard critique · Justice sociale

La grogne dans le non-marchand flamand

Le 29 mars dernier, le secteur non marchand flamand était dans la rue. Treizième mois, classifications de fonctions et retraites étaient au menu des revendications.

01-05-2011 Alter Échos n° 314

Le 29 mars dernier, le secteur non marchand flamand était dans la rue, visiblement soutenu dans ses revendications par une bonne partie de la population. Le point sur ses quatrerevendications principales.

Ils étaient quelque treize mille manifestants ce mardi-là à arpenter les boulevards centraux de Bruxelles et à bombarder à coup de chaussures des effigiesd’hommes politiques place de la Bourse. Les travailleurs du secteur dénoncent souvent en premier lieu leur charge de travail excessive, alors que leurs syndicats parlent plutôt salaireset que leurs employeurs estiment exagérés leurs congés extra-légaux. L’occasion de faire le point sur les revendications principales du non-marchand flamand, alors que lesnégociations semblent dans l’impasse à tous niveaux.

En matière de revenus tout d’abord, les revendications salariales du secteur se focalisent, comme cela a déjà été le cas par le passé, sur l’obtentiond’un véritable treizième mois. Celui-ci est encore bien inférieur à ceux des travailleurs du reste du secteur privé mais aussi à ceux des enseignants et desautres fonctionnaires. Autre problème récurrent dans le secteur : il faudrait revoir les classifications de fonctions. Employeurs et syndicats sont désormais d’accord pourdire que les classifications actuelles qui remontent à une cinquantaine d’années sont totalement inadaptées. Une infirmière-chef gagne souvent à peine plus que lespersonnes qu’elle dirige, par exemple. Mais comment refinancer les nécessaires revalorisations ? Pour certaines fonctions critiques, les salaires sont beaucoup trop bas et l’hémorragiecontinue. Pas toujours pour des secteurs mieux payés, ceci dit : beaucoup quittent le non-marchand pour la médecine scolaire ou des assurances.
Sur le constat de charges de travail excessives, tout le monde semble d’accord, employeurs compris. Les besoins de la société vont croissant sans que l’offre suive. Il faut souventtravailler dans des contextes durs ou très chargés d’émotions, et les remplaçants et autres intérimaires font défaut. Un bémol : selon le Serv(Conseil économique et social flamand), dans le classement des secteurs en termes de qualité du travail, ceux de la Santé et de l’Aide sociale ont largement progressé parrapport aux autres depuis 2004 et s’approcheraient de la moyenne.

Lever le pied

Ce qui a probablement largement contribué à cette évolution, c’est le recours croissant à toutes les possibilités de lever le pied aux travailleurs dunon-marchand : congés supplémentaires, crédit-temps, temps partiel, plus un système particulier de congés supplémentaires à partir dequarante-cinq ans, résultat des négociations de 2005. C’est notamment ce système qui a pu faire l’objet d’âpres discussions : les syndicats voudraient bien le voirgénéraliser alors que les employeurs estiment que c’est intenable. Dans le même temps, ceux-ci sont bien conscients que c’est avec ce genre d’avantages que l’on pourra faire faceà l’exode et au manque chronique de personnel.

Enfin, pour ce qui est des retraites, ce n’est pas Byzance : le secteur non marchand flamand est aligné sur le niveau le plus bas du secteur privé. La dernière conventioncollective a timidement commencé à créer un système de pension extra-légale. Mais dans les hôpitaux, ils le savent bien : à l’heure actuelle, lapension brute d’un employé du non-marchand équivaut à peu près à la moitié de celle d’un fonctionnaire de grade équivalent.

Reste que pour l’instant, les négociations sont grosso modo au point mort à tous niveaux : au fédéral, le gouvernement en affaires courantes n’a pu que conclureune mini-convention collective valable un an. Au niveau flamand, le gouvernement de Kris Peeters a proposé quelque 150 millions et estime que c’est déjà beaucoup dans cettepériode de vaches maigres (les seuls secteurs à n’avoir pas subi de réductions budgétaires sont l’Aide sociale et l’Enseignement). Mais le secteur estime que 120 de ces150 millions vont en réalité servir à augmenter l’offre et qu’il n’y aura donc que 30 millions pour revaloriser le statut du personnel.

d’après De Morgen et De Standaard

Pierre Gilissen

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