Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

La Flandre plus sévère pour l’octroi de chèques formation

Cet été, la Flandre a revu les règles d’utilisation des chèques formation avec effet quasi immédiat, soit au 1er août. Pas de problèmesur le principe, mais bien sur les modalités d’application.

19-09-2010 Alter Échos n° 301

Cet été, le gouvernement flamand a décidé de changer les règles d’utilisation des chèques formation avec effet quasi immédiat, soit au1er août. Le principe ne pose pas réellement problème, mais les modalités d’application, si.

Comme les autres exécutifs, le gouvernement flamand (CD&V, N-VA et SP.A) cherche à faire des économies et, avant l’été, il était arrivéà la conclusion qu’environ 60 % des chèques formation émis avaient une « haute teneur en loisirs » : les cours de photographie ou de composition floraleétaient notamment dans son collimateur. L’équipe de Kris Peeters a dès lors tranché : depuis le 1er août, les cours choisis devront être denature à faciliter l’entrée de l’étudiant sur le marché du travail.

Sur le principe, la députée flamande Irina De Knop (Open VLD) est d’accord. « Mais la mesure est entrée trop rapidement en vigueur, en fait seulement cinq joursaprès la décision du gouvernement. Et de plus, cela s’est fait en pleine période de vacances, ce qui pose des problèmes à beaucoup de centres de formation.» Le constat est confirmé par Frank Dierickx, qui est coordinateur de Vormingplus, une structure qui chapeaute treize centres de formation. « Beaucoup d’élèvesavaient déjà payé leur année en chèques formation avant l’été. Subitement, la réglementation a changé. Ils peuvent toujoursdemander à être remboursés auprès du VDAB mais doivent désormais y aller de leur poche s’ils veulent suivre ces cours. »

À ceux qui se sont retrouvés piégés de cette manière, Vormingplus a proposé de ne payer que la moitié du prix normal. « Le résultatpour nous a été un léger manque à gagner mais surtout un énorme surcroît de paperasse administrative. Nous avons dès lors demandé au ministred’instaurer une période de transition jusqu’au 1er janvier 2011. Mais, jusqu’à présent, nous n’avons pas obtenu de réponse.

Le ministre en question, c’est Philippe Muyters (N-VA). À son cabinet, on tente de relativiser. « Il est vrai que le changement s’est opéré très vitemais le secteur pouvait s’y attendre. En décembre 2009, il y avait eu un round de concertation entre les partenaires sociaux et le gouvernement. Et de ce round, il était ressortique les chèques formation devaient être plus adaptés au marché du travail. Les principes étaient donc établis. Ne manquaient que les modalitésd’application. » Selon le cabinet, la plupart des gens ne s’inscrivent aux cours qu’après le 1er août et une fois l’accord politique obtenu au sein dugouvernement, il était donc essentiel de mettre le plus vite possible la mesure en application. « Dans le cas contraire, nous aurions dû rembourser bien davantage de chèquesformation. »

Coiffeur, oui ; manucure, non ?

Mais le secteur a d’autres doléances. Il subsiste encore du flou au niveau de la liste des formations admises et l’exclusion de certaines autres pose question à un grandnombre de Centres de promotion sociale (appelés en Flandre Centra voor Volwassenonderwijs ou CVO). Rudy Van Megroot, directeur du CVO Leerstad à Lokeren, exige davantage declarté : « Les formations travail du bois et menuiserie ont été placées sur la « liste noire ». Or nous, nous avons une formation en ébénisterie.Entre-t-elle en ligne de compte ? De même, pourquoi peut-on encore payer une formation de coiffeur avec des chèques formation, mais pas des cours de manucure ? »

Le VDAB (équivalent flamand du Forem) a reçu cette année 40 % de demandes en moins pour des chèques formation. La porte-parole Anneke Ernon tient àclarifier les choses : il est parfaitement possible de payer une formation en manucure avec des chèques pourvu qu’ils permettent au demandeur (ou à la demanderesse…) deprogresser dans son parcours professionnel. « Si vous voulez changer d’orientation de carrière, vous devez vous adresser à un centre d’orientation agréé(équivalent des carrefours emploi formation) où l’on vous aidera à définir un parcours. Par exemple si vous voulez devenir sommelier, un cours d’œnologiepeut parfaitement entrer en ligne de compte. Mais celui qui veut apprendre à goûter de grands vins juste parce qu’il aime ça devra dorénavant y aller de sa poche…»

D’après De Morgen et De Standaard

Pierre Gilissen

Pssstt, visiteur, visiteuse du site d'Alter Échos !

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, notamment ceux en lien avec le Covid-19, pour le partage, pour l'intérêt qu'ils représentent pour la collectivité, et pour répondre à notre mission d'éducation permanente. Mais produire une information critique de qualité a un coût. Soutenez-nous ! Abonnez-vous ! Et parlez-en autour de vous.
Profitez de notre offre découverte 19€ pour 3 mois (accès web aux contenus/archives en ligne + édition papier)