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Regard critique · Justice sociale

L'intergénérationnel à l'honneur à Châtelet

Jobiste en maison de repos. A Châtelet, on mise sur l’intergénérationnel lors de « l’été solidaire ».

29-08-2011 Alter Échos n° 320

Au CPAS de Châtelet, l’été solidaire n’est pas un vain mot. Des jeunes jobistes issus du CPAS intègrent l’équipe de la maison de repos et de soins.Rencontres.

En plein mois d’août, à Châtelineau, non loin de Châtelet, de tout jeunes gens ont intégré l’équipe de la maison de repos et de soins « LeSart Allet »1. Ils aident à mitonner les repas ou donnent un coup de main pour l’animation.

Mathieu Sliwezynski est de ceux-là. Il a quinze ans et se prépare au « coup de feu » de midi. Il travaille à la cuisine, sert la soupe auxpersonnes âgées, aide à préparer les plats. C’est sa première expérience professionnelle, mais c’est un peu plus qu’un job d’été. Ici, ilrencontre des personnes âgées avec qui il se permet de petits échanges quotidiens. C’est d’ailleurs pour cela qu’il a choisi ce boulot. « J’aime la cuisine et jem’entends généralement bien avec les personnes âgées », dit-il. Laeticia Pucella, elle, est jobiste pour tester ses aptitudes professionnelles. Ellea seize ans et suit une filière « médico-sociale, animation ». « Je veux faire aide-soignante, confie-t-elle. C’est mon premier job avec un salaireet ça me permet de découvrir cet environnement professionnel. J’avais peur de ne pas être à la hauteur et je me suis très vite attachée. »Laeticia est mise à contribution pour tout ce qui concerne l’animation. « Je discute avec les personnes âgées, on fait des jeux, des poèmes, desbricolages. Ils m’apprennent beaucoup de choses », explique-t-elle.

Ces deux jeunes participent au programme « été solidaire ». Avec ce job à la maison de repos et de soins qui dépend du CPAS de Châtelet,c’est l’intergénérationnel qui est mis en avant. Les jeunes qui bénéficient de cette opportunité sont issus de familles bénéficiaires du revenud’intégration sociale (RIS) ou touchent eux-mêmes le RIS. Au sein du CPAS, trois options s’offrent à eux. Soit ils travaillent à la maison de repos, soit ils participentaux activités d’un centre communautaire attenant à des logements individuels pour personnes âgées, soit ils distribuent des vivres dans le cadre du programmeeuropéen d’aide alimentaire.

« Développer l’esprit citoyen »

Pour Marie-Anne Villière, la responsable du service insertion du CPAS2, l’idée est bien de développer l’esprit citoyen. « Nous considérons ceprojet comme l’occasion d’une expérience professionnelle, avec la confrontation à une réalité de terrain. » D’après elle, les jeunes retirent desbénéfices de leur participation au projet : « Après l’évaluation, ils sont généralement contents d’avoir gagné un peu d’argent, ils sesentent valorisés. Ils sont fiers d’avoir réalisé des choses. Et puis c’est une façon pour eux de connaître le CPAS autrement. »

Cette année, quinze jeunes participent à ce projet « été solidaire », dont neuf à la maison de repos. Côtoyer des personnesâgées, dont certaines gravement malades, n’est pas forcément une sinécure pour un adolescent. Aux dires de Marie-Anne Villière, « cette cohabitation sepasse bien, car les jeunes choisissent leur projet, ils effectuent un repérage préalable et ont un entretien avec la direction de l’établissement. » Un point de vueauquel adhère Dominique Lorenzetti, la directrice de l’établissement : « Ce job d’été démystifie un peu la personne âgée. Certainsjeunes arrivent et en ont peur. Ils changent de regard. » L’intergénérationnel, c’est finalement les jeunes jobistes qui en parlent le mieux. Laeticia conclut avec unefraîcheur vivifiante : « Ils sont plus intelligents que nous, ces vieux. Ils m’apprennent beaucoup de choses. Je pensais qu’ils ne se souvenaient plus de leur passé. Ilsse souviennent de poésies qu’ils avaient apprises à leurs quatorze ans alors que j’ai oublié celles apprises l’an passé. »

« Eté solidaire » est une initiative de la Région wallonne. Des CPAS, des communes ou des sociétés de logement public peuvent yparticiper. Ces structures peuvent embaucher des jeunes de 15 à 21 ans sous contrat d’occupation étudiant, donc en tant que jobistes, pendant dix jours ouvrables. Le salaire minimumgaranti est de 6 euros l’heure.
Selon le site de la direction interdépartementale de la cohésion sociale, « l’objectif est de favoriser l’apprentissage de la citoyenneté chez les jeunes et derapprocher les générations tout en procurant une première expérience de travail salarié. »

Crédit photo : Agence alter

1. Maison de repos et de soins Le Sart Allet :
– adresse : rue du Sart Allet, 64 à 6200 Châtelineau
– tél. : 071 24 09 95

2. CPAS de Châtelet :
– adresse : rue du beau Moulin, 80 à 6200 Châtelet
– tél. : 071 24 41 10
– courriel : cpas.chatelet@skynet.be

Cédric Vallet

Cédric Vallet

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