Où en est l’Europe des citoyens, vingt ans après la première élection du Parlement européen au suffrage universel ? À l’heure où laConvention est appelée à dessiner l’avenir de l’Union européenne, cette question fondamentale pour la légitimité de la construction européennesuscite toujours autant d’interrogations que de perplexité. Dans un ouvrage collectif, neuf juristes et politologues, universitaires pour la plupart, ont planché sur le sujet autravers d’une double réflexion institutionnelle et pragmatique qui offre l’indispensable prise de recul à un débat constructif1. Dans leur analyse du «citoyenface aux institutions», Christian Franck et Alain Guggenbühl plaident pour une plus grande accessibilité des rouages institutionnels communautaires pour les citoyens et en faveurd’une transparence accrue dans le processus de décision. Dans sa contribution, Katlijn Malfliet, professeur à la KUL, met en perspective des enjeux particuliers dans le cadre del’élargissement comme les identités nationales, les minorités et la citoyenneté. Pour cette auteure, «la théorie des droits de l’individu devrainévitablement s’enrichir et acquérir une plus grande complexité en intégrant une notion très riche, celle des droits de la société».Partant du constat selon lequel notre société est divisée sur les valeurs et sur les projets à promouvoir, Xavier Thunis lance un appel à l’ensemble desacteurs concernés pour que «l’on évite le développement d’un droit d’expert contraire à l’idéal démocratiquerecherché».
Un défi de taille pour le dialogue civil
Dans une approche plus pragmatique sur l’Europe de l’emploi et du social, Martine Lemercier retrace l’émergence d’un dialogue civil au niveau européen qui doits’attaquer à un défi de taille, celui de la méfiance et du mécontentement des citoyens vis-à-vis des pouvoirs politiques. «Les citoyens ont le sentimentque l’Europe tient un discours ‘social’ qui ne correspond pas à la réalité», affirme Martine Lemercier qui est par ailleurs convaincue que l’Europepourrait augmenter ses potentialités d’action y compris dans le domaine international. Pour y parvenir, Martine Lemercier plaide pour une véritable reconnaissance de lasociété civile dans le débat sur la construction européenne sans aborder toutefois la question de la représentativité et de la légitimité deses composantes.
Relevant l’existence de dynamiques nouvelles au sein de l’Union européenne dans un monde en mutation, Louis le Hardÿ de Beaulieu conclut que «l’Europe ne peutêtre ni solide, ni crédible sans des citoyens qui s’identifient à un projet généreux, voulu et partagé ensemble. L’Europe et ses citoyens ontdécidément partie liée».
À l’heure où l’Europe s’interroge sur son avenir, les réflexions apportées par des ouvrages collectifs comme celui-ci sont fort utiles pour donner unsens à l’action des citoyens.
1 Louis le Hardÿ de Beaulieu, L’Europe des citoyensü collection La Cité européenne, n°22, P.I.E-Peter Lang, Bruxelles, 2000. Cet ouvrage constitue les actesd’un colloque organisé par les Facultés universitaires catholiques de Mons (FUCAMS) et le Groupe d’études politiques européennes (GEPE) à Mons enoctobre 1999. Pour info, s’adresser aux Presses universitaires européennes – P.I.E.-Peter Lang : info@peterlang.com
philippe
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