Ce mardi 20 mars, l’AWIPH1 lançait en grande pompe l’action « Un choix de vie » destinée à promouvoir l’accueil en famille de personnes handicapées. Actuellement sur13.697 places attribuées à ces personnes accueillies en centre de jour ou en service résidentiel, seules 135 bénéficient de l’accueil en famille.Phénomène encore marginal, méconnu du public et des professionnels, le placement familial comprend aujourd’hui quatre services : SAFP2, la Croisée3, la Ridelle4 et lesChanterelles5. Ces organismes comptent bien, par la promotion actuelle, augmenter rapidement les chiffres. La campagne de publicité comprend pour avril 2001, 450 affiches placées surles bus du TEC Wallon : « L’accueil familial de la personne handicapée : un choix de vie », 2.000 dépliants envoyés aux professionnels du secteur, une sensibilisation à laproblématique via les média (radio, TV, presse,…). La promo s’est également accompagnée de la sortie le 15 février du livre L’hôte et l’autre6considéré par les responsables de l’opération comme l’outil d’information sur le sujet (voir dépêche p. 25).
En fait, l’accueil familial a été lancé en Belgique il y a une vingtaine d’années, à la suite des études et de l’approche de l’asile de Geel sur les pistes »d’une autre vision de la folie ». Il aura fallu plus de vingt ans, pour qu’environ 1% des personnes handicapées puisse accéder à un autre cadre de vie que le placement eninstitution. Un taux très faible qui s’explique par les multiples embûches rencontrées par les familles candidates à l’accueil. Les conditions d’accès sont en effetextrêmement longues et difficiles : enquête psychologique, dossier administratif… Il est courant de compter de 4 à 5 mois entre la demande et l’accord des servicescompétents. Toutefois, les critères du choix de la famille ne sont pas figés, les asbl acceptent des familles monoparentales, des parents âgés… La duréede l’accueil peut être d’un week-end, d’une semaine sur quatre, d’un mois ou à demeure selon les cas et possibilités des accueillants. Au point de vue légal, selon lesresponsables de l’AWIPH et des asbl, il n’y a pas de cadre officiel. Les règlements ou usages sont donc plus ou moins ceux de l’accueil des enfants par le service d’aide ou de protection de lajeunesse. Il n’entre pas dans les intentions de l’AWIPH ni des asbl de créer une base légale, considérée comme trop rigide pour gérer des cas trèsdifférents.
Un suivi permanent est mis sur pied entre les asbl (agrées par l’AWIPH) et les accueillants, il est courant qu’une rencontre mensuelle soit fixée. Ces visites sont l’occasion de prisesde contact entre les parties, de mises au point de la pédagogie, de l’évaluation des progrès de la personne handicapée, de l’occupation en centre de jour, en atelierprotégé ou non, du suivi médical et psychologique, etc.
Selon les témoignages recueillis, le désir des familles d’accueil est surtout établi, conforté par le besoin d’aider autrui, de donner, de partager une expériencede vie. En fait, il se passe quelques chose d’original entre les participants ne sachant plus en final qui est l’hôte ou l’autre.
Selon Thierry Detienne, ministre wallon des Affaires sociales, dans le cadre de l’accueil familial des personnes âgées, il n’y a pas non plus de règlement en vigueur. Il compteréaliser une évaluation des besoins et éventuellement proposer un règlement dans le futur pour ces deux types d’accueil.
Au niveau social, les couvertures en soins de santé sont à charge de la mutuelle de la famille d’accueil, la personne handicapée est alors considérée commeétant à sa charge socialement et fiscalement. De gros problèmes se posent quand la personne handicapée travaille et perçoit un salaire; si celui-ci dépasse73.000 F/an, elle n’est plus considérée comme à charge; en cas de handicap supérieur à 66%, la perte est substantielle. Une allocation journalière de 650 Fest allouée. Selon M. Guy P., accueillant depuis plus de 15 ans, cette participation ne couvre que très faiblement les coûts réels. Il doit, par exemple, supporter les 350F/jour pour la participation à des activités de jour en institution ainsi que la différence entre les coûts médicaux réellement payés et la prise encharge par l’AWIPH…
Mais ce n’est pas tout, selon Guy P., d’autres problèmes existent. Ainsi, la personne handicapée qu’il héberge dans sa famille est arrivée chez eux à l’âge de10 ans, dans le cadre d’un dossier en maltraitance géré par le ministère de la Justice. À l’âge de 18 ans, ce département s’est déclaréincompétent pour la poursuite de la prise en charge de l’accueil. C’est à force de persévérance et malgré les difficultés les plus diverses que le dossier aété transformé en accueil en famille couvert et agréé par le SAFP et l’AWIPH. Pour conclure, il signale qu’il ne regrette rien mais qu’il serait bon que lesinstances politiques prennent en compte les réelles difficultés rencontrées par les familles d’accueil, « peut-être qu’à ce moment plus de candidats semanifesteront… »
1 AWIPH, rue de la Rivelaine 21 à 6061 Charleroi, tél. : 071 20 57 11, fax : 071 20 51 02, contact : Sabrina Foroncelli.
2 SAFP, Service d’accueil familial de la Province de Hainaut, rue de la Tannerie, 6 à 7000 Mons, tél. : 065 34 64 09, fax : 065 34 81 30.
3 La Croisée asbl, av. des Alliés, 63 à 4960 Malmédy, tél. : 080 33 76 11, fax : 080 33 76 11.
4 La Ridelle asbl, rue du Centre, 64/23 à 5590 Ciney, tél. : 083 21 65 90, fax : 083 21 78 43.
5 Les Chanterelles asbl, Beauregard, 27 à 4130 Esneux, tél. : 04 380 41 73, fax : 04 380 27 37, contact : Benoît Biagini.
6 Ouvrage collectif dirigé par Nicole Delcour et Jeannine Flament, L’hôte et l’autre – Pratiques d’accueil familial,*Éd. Luc Pire, coll. Détournement de fond.
Archives
"L'accueil familial de la personne handicapée : campagne de promo en Wallonie"
Agence Alter
26-03-2001
Alter Échos n° 94
Agence Alter
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