Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

L'accès aux soins de santé pour les SDF bruxellois

Les SDF bruxellois peuvent bénéficier de soins gratuits urgents, mais pas vraiment d’un service minimum.

17-10-2010 Alter Échos n° 303

Accéder aux soins de santé n’est pas à la portée de tous. Concernant les sans-abri, plusieurs possibilités s’offrent à eux en Régionbruxelloise. Mais l’accès aux soins ne doit pas se limiter à l’urgence.

Parallèlement à la hausse constante des coûts dans le secteur des soins de santé, une question fondamentale se pose dans toutes les sociétés :l’accès est-il égal et équitable aux soins de santé pour les couches les plus défavorisées de la population ? La précarité desmoyens (pas d’argent, pas de logement, pas d’ami) peut-elle justifier le refus d’une prestation de soins urgents mettant en danger les organes vitaux d’un individu ? Etmême en dehors des interventions urgentes, une personne précaire n’aurait-elle pas droit gratuitement à un minimum d’entretien et de soins médicaux en2010 ? Compte tenu du nombre important de ce groupe dans une petite région d’un million d’habitants comme Bruxelles, il est important d’y apporter une attention touteparticulière.

La Strada, le Centre d’appui au secteur bruxellois d’aide aux sans-abri, a recensé pas moins de 1 771 sans-abri et sans-logis à Bruxelles vivant soit à la rue(262 personnes), soit en abri d’urgence et en maison d’accueil (voir Alter Échos nº 267 : « Dénombrer les SDF, pour une meilleure prise encompte »). Ces personnes entretiennent généralement des contacts étroits avec les CPAS, les maisons d’accueil, les acteurs de terrain ainsi qu’un certainnombre de services spécifiques mis à leur disposition par les pouvoirs publics ou des associations caritatives.

Concernant l’offre en matière de santé, plusieurs possibilités s’offrent au sans-abri :

• Consultation de son réseau primaire : le médecin habituel qui jugera de l’urgence et de l’intervention à titre gratuit, négociation au cas parcas ;
• Consultation dans une maison médicale ;
• Recours au CPAS pour obtenir une carte médicale ;
• Recours au CPAS pour obtenir une couverture d’aide médicale urgente ;
• Consultation chez Médecins du monde (MSF s’en occupait auparavant) ;
• Consultation gratuite au SAMU social de la porte d’Anderlecht.

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Les plus fragiles trinquent

« La carte médicale délivrée par un CPAS offre la possibilité pour le sans-abri de s’adresser gratuitement à des prestataires de soins desanté reconnus et agréés par le CPAS, mais elle ne peut être délivrée qu’aux personnes en séjour légal sur le territoire belge. Pour lespersonnes en situation irrégulière (illégaux ou sans papiers), le CPAS peut délivrer une attestation pour l’aide médicale urgente (AMU) autorisant ainsi lapersonne à s’adresser à un médecin », explique Didier Stappaerts, directeur du centre Ariane1, un centre d’accueil social urgent pour lessans-abri. Son centre a hébergé pas moins de 536 personnes en 2009 (dont 244 enfants !) mais n’offre pas de prestation médicale. « En cas denécessité, nous redirigeons les personnes vers des structures ou des médecins plus spécialisés comme la maison médicale des Marolles2 qui setrouve à la rue Blaes », précise-t-il.

L’inégalité d’accès aux soins de santé représente un autre enjeu majeur à Bruxelles. Dans son « Tableau de bord de la santéen Région bruxelloise 2010 », l’Observatoire de la santé et du social de Bruxelles-Capitale3 note que « les inégalités sociales desanté à l’intérieur de la Région sont très marquées, et cela, dès la naissance : un enfant a plus de deux fois plus de risque dedécéder avant l’âge d’un an dans un ménage sans revenu du travail que dans un ménage à deux revenus. Ces inégalités se poursuiventtout au long de la vie, avec des risques de souffrir de maladies chroniques, d’accidents ou de problèmes de santé mentale qui croissent au fur et à mesure que l’ondescend dans l’échelle sociale. » Invisible dans ces relevés statistiques, les personnes les plus fragiles et sans domicile souffrent tout autant, si pas plus, desmêmes obstacles pour accéder à un service minimum en matière de soins de santé. Et la question de l’accès aux soins médicaux ne se limite pasà l’intervention des services d’urgence, mais englobe évidemment l’ensemble des prestations (entretien, contrôle, soins secondaires…) pour garantir lasanté des personnes vivant à nos côtés.

1. Centre d’accueil d’urgence Ariane :
– adresse : av. du Pont de Luttre, 132 à 1190 Bruxelles 1190
– tél. : 02 346 66 60
– courriel : ariane@misc.irisnet.be
2. Maison médicale des Marolles :
– adresse : rue Blaes, 120 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 511 31 54
3. Observatoire de la santé et du social de Bruxelles-Capitale :
– adresse : av. Louise, 183 à 1050 Bruxelles
– tél. : 02 552 01 89
– site : www.observatbru.be

Mehmet Koksal

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