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Regard critique · Justice sociale

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"Journées d'études sur la pédagogie émancipatrice pour les 20 ans du Cefig-Le Grain : enjeux et persp"

22-10-2001 Alter Échos n° 107

Le Grain asbl1, en collaboration avec la Province de Hainaut, a organisé deux journées sur la pédagogie émancipatrice2, son évolution, ses enjeux et lesdéfis auxquels elle est confrontée. Moments choisis parmi les intervenants.
Le colloque s’est ouvert sur une présentation de l’évolution de l’enseignement depuis Condorcet (et son idée d’une école pour tous) jusqu’aurénové, par Dominique Grootaers et Jacqueline Beckers3. Présentations au cours desquelles il a été rappelé qu’avec le rénové,l’individu n’est plus seulement « quelqu’un qui doit s’intégrer dans la société, mais qui doit aussi la transformer ». L’idéald’émancipation sociale est sous-jacent à ce principe, force est de constater que, s’il y a bien une égalité d’accès, la structure maintient uneinégalité de la réussite.
Mais l’objectif d’émancipation sociale n’est pas poursuivi uniquement par l’enseignement. L’éducation permanente y joue également un rôle.Jean-Pierre Nossent, inspecteur général de la culture, propose trois formes de pédagogie : transmissive (basée sur la matière), incitative (centrée sur lapersonne et son développement), appropriative (centrée sur l’œuvre et l’acteur-citoyen).
Adinda Venheerswijnghels, chercheuse au TEF de l’ULB, quant à elle a présenté la formation comme moyen d’insertion et d’affirmation sociales pour lestravailleurs sans emploi et comme réponse aux exigences croissantes des entreprises.
En ouverture de la seconde journée, Marcel Crahay, professeur à l’ULg, s’est penché sur les nouveaux défis de l’égalité dans uneécole à deux vitesses. « L’école est-elle juste et efficace?, s’interroge-t-il. Si elle se doit d’être rentable, en ’produisant’ desélèves intelligents, l’idéologie de ‘l’égalité des chances’ est une justice méritocratique. » Or, croire que le mérite et la performancesont naturels est une erreur. Elles dépendent des circonstances socioculturelles de l’individu. Il suffit de voir le nombre d’étudiants universitaires d’origineouvrière…
Faut-il dès lors perpétuer ce fonctionnement de l’école et de la formation? « Non, répond avec conviction M. Crahay. Il faut développer uneégalité des acquis, liée au concept de justice corrective. » L’école doit aller à l’encontre des inégalités sociales. Il faut abandonner leconcept de mérite au profit de celui de besoin. Donnons plus à ceux qui ont le plus besoin. Dans les grandes lignes, cela signifie lutter contre « l’apartheid pédagogique »au profit d’un « métissage pédagogique ». « Oublions le fantasme des classes homogènes, dans lesquelles « plus on se ressemble, mieux c’est ». Celles-ci doivent êtreconçues comme des lieux de vie qui permettent d’apprendre à gérer les diversités, les différences. L’enjeu de l’enseignement se situe à ceniveau-là : assumer l’hétérogénéité de la classe, de l’école… »
« Quand, dans votre formation en primaire et en secondaire, vous a-t-on enseigné le bon usage des spécialistes? », lance ensuite Gérard Fourez, professeur aux FUNDP, en guised’introduction. « S’il n’y a pas d’apprentissage, il y a ignorance. Résultat : seuls les spécialistes, les technocrates peuvent agir ». Et de poursuivre : « Quiapprend ces compétences? L’école ou la famille? Comment sont-elles enseignables à l’école? » Nous sommes là dans l’ordre d’un enseignementinformel, précise Gérard Fourez, avant de constater que « le cloisonnement des disciplines dans l’enseignement n’arrange pas les choses. Et si on laisse l’acquis de cescompétences aux familles, l’école devient alors inégalitaire, antidémocratique… »
Les deux autres intervenants étaient Michèle Garant et Jean-Daniel Vernier4. La première a abordé la question de la participation comme outil pour l’action etl’émancipation sociale. Le second s’est penché sur la contribution de l’éducation permanente à la lutte contre l’exclusion et sur son rôledans la formation des populations.
1 Le Grain asbl, chée de la Hulpe 359 à 1170 Bruxelles, tél. & fax : 02 672 42 24.
2 Les actes de ces journées devraient paraître d’ici janvier 2002.
3 Respectivement professeure à l’UCL et à l’ULg.
4 Respectivement professeure à la Fucam et à l’UCL, directeur de la formation à la Fédération des comités et organismes d’aide aux chômeurspar l’emploi (France).

catherinem

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