Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Petite enfance / Jeunesse

Jeunes et sexualité : connaissances en progrès mais encore des lacunes

Des progrès et des lacunes. Telle pourrait être le sous-titre d’une étude de l’observatoire de la santé du Hainaut sur les connaissances des jeunes sur la sexualité

22-06-2012 Alter Échos n° 341

L’Observatoire de la santé du Hainaut1 s’apprête à publier une étude sur les jeunes et la sexualité. Où l’on découvre que les connaissances des jeunes s’améliorent malgré quelques lacunes criantes. Ils réclament davantage d’informations sur la contraception, la grossesse et la vie de couple.

Les jeunes hainuyers sont des sentimentaux. Pour 91 % des jeunes filles de 16 ans qui ont déjà eu des rapports sexuels, c’est bien l’amour qui motive l’acte. Du côté des garçons du même âge, les sentiments ont aussi toute leur place. 87 % évoquent l’amour comme motif principal. « L’attirance physique » est aussi importante, bien sûr, mais le conformisme, l’envie de « faire comme les autres » compte moins que le fait d’être épris de quelqu’un (47 % des filles et 34 % des garçons disent que « faire comme les autres » est un motif important lors d’une première relation sexuelle).

A contre-courant des discours ambiants sur l’hypersexualisation des jeunes, la génération qui vient se ferait donc plus fleur bleue que porn star. Toutefois, le fait que 18 % des filles de 16 ans ayant déjà eu des rapports sexuels considèrent que se sentir « obligée » est un motif à prendre en compte lors d’une première relation, noircit un peu le tableau.

Ces quelques chiffres, on pourra les trouver en septembre dans la dernière étude de l’Observatoire du Hainaut pour la santé intitulée sobrement « les jeunes et la sexualité ». Les principaux chiffres ont d’ores et déjà été dévoilés. Ils sont le résultat d’un travail d’enquête et d’interview auprès de 1308 jeunes de sixième primaire et de deuxième et quatrième secondaire. Pour le docteur Christian Massot qui a supervisé ces travaux, ce portrait de la jeunesse du Hainaut est assez représentatif.

Des connaissances qui se sont améliorées

Contrairement à d’autres études sur la sexualité, celle de l’observatoire du Hainaut se penche principalement sur les connaissances et les représentations qu’ont les jeunes dans le domaine de la sexualité et de ses « à-côtés », comme la contraception ou les maladies sexuellement transmissibles. Le médecin constate que, par rapport à la dernière étude de l’observatoire sur ce thème qui date de 2003, les connaissances des jeunes, de « manière générale », se sont améliorées. Les plannings familiaux sont mieux connus. De très nombreux jeunes ont bien conscience que le préservatif est l’objet idoine pour éviter d’être contaminé par une infection sexuellement transmissible (IST). Certes, ils en ont conscience… mais dans les faits, seuls 53 % de ces jeunes disent utiliser « toujours » un préservatif.

Les connaissances des jeunes se sont améliorées, par exemple sur les modes de transmission des IST. Mais comme l’ajoute Christian Massot, « certains points interpellent et révèlent quelques lacunes ». Lorsqu’on fouille un peu dans les données statistiques, on réalise qu’environ 15 % des jeunes garçons de 16 ans pensent que les IST peuvent se transmettre en se donnant la main et que près de 30 % d’entre eux craignent une contamination par l’eau de la piscine. Le docteur attire aussi notre attention sur le fait qu’il existe parfois une confusion entre contraception et protection contre les IST. Si 71 % des filles de 16 ans qui ont eu des relations sexuelles ont bien compris que la pilule contraceptive ne les protégeait pas des IST, les garçons, eux, ne sont que 41,1 %.

Pour combler les lacunes, rien ne vaut une bonne information. Et les jeunes sont demandeurs, comme le raconte le directeur de l’étude : « Les garçons comme les filles demandent des informations supplémentaires, sur le Sida ou les MST. Il y a une plus forte demande d’informations de la part des garçons pour des sujets ayant davantage trait au relationnel, à l’amour, à la relation de couple alors que les filles ont plutôt des demandes techniques sur la grossesse ou la contraception. Il y a cette demande d’information, c’est important de pouvoir y répondre », conclut le médecin.

Malgré ces chiffres qui s’améliorent, certains points intriguent. Prenons l’exemple des grossesses adolescentes (à moins de 18 ans). Un nombre peu élevé : 115 grossesses de ce type ont été comptabilisées dans le Hainaut entre 2004 et 2010. Converti en taux de naissance, ce chiffre interpelle. Sur l’ensemble de la période, le taux de naissance chez les moins de 18 ans est de 8,3 pour mille naissances dans le Hainaut. Alors qu’il est de 5,8 pour mille dans l’ensemble de la Fédération Wallonie-Bruxelles. « Un chiffre préoccupant, un signe d’appel qui peut être lié à un certain nombre d’éléments socio-économiques », s’inquiète Christian Massot.

1. Observatoire de la santé du Hainaut :
– adresse : rue de Saint-Antoine, 1 à 7021 Havré
– tél. : 065 87 96 00
– courriel : observatoire.sante@hainaut.be

Cédric Vallet

Cédric Vallet

Pssstt, visiteur, visiteuse du site d'Alter Échos !

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, notamment ceux en lien avec le Covid-19, pour le partage, pour l'intérêt qu'ils représentent pour la collectivité, et pour répondre à notre mission d'éducation permanente. Mais produire une information critique de qualité a un coût. Soutenez-nous ! Abonnez-vous ! Et parlez-en autour de vous.
Profitez de notre offre découverte 19€ pour 3 mois (accès web aux contenus/archives en ligne + édition papier)