Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Haro syndical sur le projet de repositionnement du Forem

La CGSP et la CSC-Services publics parlent notamment de privatisation déguisée de tout un pan des services fournis par l’organisme public.

21-11-2010 Alter Échos n° 305

Une note d’orientation relative au nouveau contrat de gestion du Forem fait sursauter les syndicats. Ils parlent notamment de privatisation déguisée de tout un pan des servicesfournis par l’organisme public.

Approuvée le 15 juillet dernier par le gouvernement wallon, cette note d’orientation n’a pas fini de faire parler d’elle. Il faut dire que le document se veut ambitieux puisqu’il proposenotamment de recentrer l’action du Forem sur un « core-business » bien précis au rang duquel on retrouve notamment l’accompagnement de manièreindividualisée des demandeurs d’emploi ou la gestion des offres des employeurs en vue de faciliter le matching avec la demande. Pire aux yeux des syndicats, le Forem estégalement censé « confier sous son contrôle (sous forme de subvention, de sous-traitance ou de cession de service public) l’exécution des tâchesrésultant de ses missions plutôt que l’exécuter (sic) lui-même en tant qu’opérateur et coordonner et stimuler l’action des opérateurs. » Unedisposition qui concernerait prioritairement, d’après la note, la formation (pour sa partie opérationnelle) dans les Centres de compétences et chez les opérateursexternes.

Notons également que dans l’optique de recentrage envisagée, orientée « métiers-clients-résultats », une réorganisationgénérale du Forem est prévue avec la disparition des trois entités actuelles (Forem Formation, Forem Conseil et Forem Support) au profit d’une seule entitécomposée de quatre directions générales.

Limiter les actions du Forem ?

La CGSP1 et la CSC-Services publics2 n’ont pas hésité à faire part de leur méfiance face à un texte dont le contenu montre clairement,selon eux, une intention de limiter les actions du Forem. L’accompagnement étant circonscrit d’après eux à de l’information, à la signature d’un plan d’action et àde l’orientation vers des partenaires extérieurs pour la mise en œuvre des actions, ils n’hésitent pas à affirmer que le fameux « référentunique » instauré par l’accompagnement individualisé des chômeurs se transformerait ainsi en une sorte de « dispatcher » aiguillant le demandeurd’emploi vers d’autres structures. Plus loin, les organisations syndicales accusent également la note de préparer une privatisation de tout un pan des services fournis par l’organismepublic, la formation, afin de réserver une part de cet appétissant gâteau aux opérateurs privés.

Enfin, les syndicats font également remarquer que la note organise a priori le Forem, alors que celui-ci devrait avoir la capacité de décider comment il s’organise pouratteindre les résultats fixés. Une attitude qu’ils qualifient d’ingérence du politique dans l’organisation d’un service public pararégional.

« La coupe est pleine »

Si la CGSP et la CSC-Services publics (suivies peu après par le SLFP3) ont mis plus de trois mois à réagir, c’est que selon eux « la coupe estpleine » désormais, suite à une sortie d’André Antoine4 (CDH), le ministre de l’Emploi et de la Formation de la Région wallonne dans la presse, le 19octobre, notamment sur le site du quotidien Le Soir où le ministre détaillait sa vision de l’action et de l’organisation du Forem en parlant de « vraierupture ». Ce qui les fait tiquer : « La vraie rupture actuelle, elle concerne ces risques de privatisation ou de rationalisation, pas une nouvelle politique del’emploi », dit Paul de Sacco (CSC).

Les syndicats dénoncent également la volonté de faire passer le projet « au bulldozer ». André Antoine souhaiterait faire signer le contrat degestion entre le 15 et le 21 janvier 2011 pour une entrée en vigueur un an après la signature5. Un courrier, accompagné de propositions et dans lequel les syndicatsdemandaient à être associés aux discussions concernant le projet de contrat de gestion a été envoyé au ministre fin octobre, sans réponse jusqu’ici.Une première version du contrat de gestion proprement dit devait se retrouver sur la table aux alentours du 24 novembre. Pour l’heure, le Forem ne souhaite pas réagir. AndréAntoine, quant à lui, n’a pas été en mesure de répondre à nos questions.

1. CGSP :
– adresse : rue de Montigny, 42 à 6000 Charleroi
– tél. : 071 79 71 11
– site : www.cgsp.be
2. CSC-Services publics :
– adresse : av. de l’Héliport 21 à 1000 Bruxelles
– site : http://csc-services-publics.csc-en-ligne.be
3. Syndicat libre de la fonction publique :
– adresse : rue Longue Vie 27-29 à 1050 Bruxelles
– tél. : 02 549 52 00
– site : www.slfp.eu
4. Cabinet d’André Antoine :
– adresse : rue d’Harscamp, 22 à 5000 Namur
– tél. : 081 25 38 11
– site : www.antoine.wallonie.be
5. La note d’orientation devant en principe encore être amendée d’ici peu lorsque certaines compétences relatives à l’emploi seront régionalisées suite auxnégociations en cours au niveau fédéral.

Julien Winkel

Julien Winkel

Journaliste (emploi et formation)

Pssstt, visiteur, visiteuse du site d'Alter Échos !

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, notamment ceux en lien avec le Covid-19, pour le partage, pour l'intérêt qu'ils représentent pour la collectivité, et pour répondre à notre mission d'éducation permanente. Mais produire une information critique de qualité a un coût. Soutenez-nous ! Abonnez-vous ! Et parlez-en autour de vous.
Profitez de notre offre découverte 19€ pour 3 mois (accès web aux contenus/archives en ligne + édition papier)