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« FTU : vers des travailleurs « cyber-polyactifs » à distance ? »

18-05-1998 Alter Échos n° 30

Télétravail. Travail à distance. A travers ces termes, ce n’est pas uniquement le travail chez soi qui est visé, mais un ensemble de formes de travail qui ont desimplications sur les travailleurs. Une étude de la Fondation travail université1 nous plonge dans ces perspectives.
Après un chapitre plutôt technique, à la limite du fastidieux, mais néanmoins intéressant, sur les « techniques avancées en communication » (dumultimédia à Internet en passant par les GSM), les auteurs entrent dans le vif du sujet: I’analyse des différents types de travail à distance. Une étude qui met enavant 6 catégories : le télétravail à domicile, les bureaux satellites, les télécentres, les entreprises de travail à distance, letélétravail mobile et le télétravail mixte.
Les trois premières sont en déclin ou n’ont jamais vraiment fait leurs preuves. Les trois autres représentent les nouvelles formes de télétravail. Pourquoi ledéclin des premières ? Simplement parce que l’objectif est avant tout une utilisation technologique des moyens de communication et non la résorption éventuelle dunon-emploi. Pourquoi l’émergence des secondes ? « Elles ne cherchent pas à développer le télétravail comme une fin en soi, mais elles visent un nouveaucréneau sur le marché des services: la prestation de service à distance grâce à la médiation des technologies de communication. » En clair, ces formes detravail à distance concernent essentiellement les activités de service et visent à exploiter le potentiel des ordinateurs portables et des réseaux de transmission dedonnées de façon à ce qu’une portion croissante des tâches (intellectuelles et productions immatérielles) puisse être effectuée à distance.
Les travailleurs (essentiellement des cadres ou des faux indépendants) ne doivent donc plus nécessairement être présents au bureau. Forcément ! Là oùla réflexion des auteurs devient plus intéressante, c’est lorsqu’ils entament le débat sur les perspectives que ces nouvelles technologies peuvent amener sur laflexibilité du temps de travail, avec ses avantages et ses pièges, tant pour l’employeur que (surtout) pour l’employé. Les premiers n’utilisent plus des hommes à tempsplein, mais des compétences à des moments précis du calendrier. Ce qui entraîne notamment une réduction des coûts salariaux. Pour les seconds, vieprofessionnelle et vie personnelle peuvent davantage s’harmoniser et une place plus importante peut être accordée à la formation continuée. Mais le risque est grand quel’on s’oriente vers une précarisation des tâches surtout si le télétravail « se développe sur fond de stratégies qui privilégient la notion demain-d’œuvre d’appoint, de culture de I’individualisme, de désagrégation du salariat et de remise en cause de la solidarité collective. »
Dans cette perspective, le développement des différentes formes nouvelles de travail à distance nous entraînerait dans un univers de la mobilité du travail. « Nousentrerions ainsi dans ‘I’ère du self-management’ » : la pratique de plusieurs métiers dans le cadre de « temps partiels pluriels » dans lequel le travailleur devenu « polyactif »exercerait ses talents pour plusieurs employeurs, simultanément, avec le risque d’un statut d’emploi plus incertain.
Les décideurs politiques, notamment au niveau européen, et les organisations syndicales, devront donc tenir compte de ces risques pour assurer aux travailleurs le respect de leursdroits sociaux et ainsi trouver un équilibre entre une flexibilité, devenue nécessaire pour offrir plus de travail à plus de personnes, et la sécurité destravailleurs. C’est là une question vitale, un débat que nourrit et invite à entamer cette étude.
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1 Gérard Valenduc et Patricia Vendramin, « Le travail à domicile dans la société de l’information », Editions FTU et EVO, Bruxelles, 1997. FTU asbl: rue de l’Arsenal 5à 5000 Namur, tél. :081/75 51 22, e-mail:
gvalenduc@compuserve.com et pvendramin@compaserve.com Ajoutons que la FTU organise le 17 juin à Louvain-la-Neuve une journée de conférences sur « Les technologies de communicationdans l’entreprise et les qualifications professionnelles ». Par ailleurs, le SETCa a publié fin 96 un numéro spécial de sa revue Expresso intitulé « 50 questions àpropos du télétravail », qui reste un outil intéressant. Enfin, l’Association chrétienne des invalides et handicapés (ACIH) a publié au début du moisles actes du colloque « personnes handicapées, nouvelles technologies et insertion professionnelle » qu’il a tenu à Bruxelles le 5 septembre 98; rens. rue de la Loi 121 à 1040Bruxelles, tél. :02/237 42 26, fax :02/237 33 10.

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