Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Logement

Entre voisins, l'habitat groupé pour seniors

Au 490, chaussée Waterloo, un groupe de seniors a choisi de vivre en habitat groupé pour pouvoir partager leurs moments de solitude tout en gardant leur indépendance.

29-10-2010 Alter Échos n° 304

Au 490, chaussée Waterloo, un groupe de seniors a choisi de vivre en habitat groupé pour pouvoir partager leurs moments de solitude tout en gardant leur indépendance. Cettemaison fait partie d’un vaste réseau baptisé Abbeyfield.

Tout a commencé avec un voyage en Angleterre. Xavier Leroy, à l’époque professeur de gérontologie à l’UCL, s’intéresse alors au concept Abbeyfield.« Rien à voir avec les cloîtres du Moyen-âge, précise-t-il d’emblée. Abbeyfield road, c’est le nom de la rue à Londres où a étéfondé la première maison en 1956. » Petit retour en arrière. Nous sommes au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Bon nombre de veuves de guerre se retrouventseules pour affronter les difficultés de la vie quotidienne. Un militaire s’émeut de leur situation. Il décide alors de créer une maison communautaire pour lesvieilles dames de son quartier. Une façon pour elles de faire des économies d’échelles. Et surtout de rompre l’isolement.

Chacun chez soi, mais tous ensemble sous le même toit. Le concept séduit. Aujourd’hui, il existe plus de 1 000 maisons Abbeyfield réparties dans une douzaine de pays. EnBelgique, on en dénombre quatre1 : deux en Région wallonne (Lixhe et Namur) et deux à Bruxelles (Etterbeek et Watermael-Boisfort). Parce qu’elle a étérénovée en partie grâce à des subsides de la Région bruxelloise, la maison d’Etterbeek a la particularité de s’adresser à un public dont les revenussont limités. Les conditions sont les mêmes que pour accéder aux logements sociaux de la Société de logement régional bruxellois (SLRB). A savoir, ne pasdépasser un plafond de 19 500 euros par an. Les habitants louent la maison à la commune d’Etterbeek et se partagent les frais liés aux charges, à l’entretien dubâtiment, aux repas commun.

Petit tour du propriétaire

Shiva, le chien de Claire, vient nous faire la fête pendant que sa maîtresse fait visiter les lieux. Chaque locataire dispose d’un flat d’une quarantaine de m2,composé d’un salon, d’une kitchenette, d’une chambre et d’une salle de bains adaptée pour les chaises roulantes. Sur la table du salon, le portable sur lequel Claire fait les comptes del’immeuble est encore chaud. « Ici, chacun doit y mettre du sien pour assurer le fonctionnement de la maison », souligne notre guide. La gestion de chaque maison estautogérée par une asbl dont les habitants sont membres. De même, les volontaires qui viennent donner un coup de main peuvent aussi être admis comme membres adhérents.Au rez-de-chaussée, une vaste salle à manger et une cuisine lumineuse servent d’espace commun. C’est ici que les habitants se rassemblent deux fois par semaine pour le repas commun.

« Ce qui est important à savoir aussi, c’est que nos maisons Abbeyfield se veulent des lieux tournés vers l’extérieur », commente Xavier Leroy. D’unepart, il y a les visites des bénévoles sur place. Ils apportent souvent une aide sociale, juridique ou administrative, précieuse pour les habitants. D’autre part, les habitantseux-mêmes sont soucieux de s’inscrire dans la vie locale. Une des locataires d’Entre voisins a longtemps donné des cours pour soutenir les ados de l’école de devoirs,m’explique-t-on. D’autres se sont mobilisés pour participer à la fête de quartier.

C’est que les locataires d’Abbeyfield sont des seniors dynamiques. « En Angleterre, le concept Abbeyfield s’est peu à peu transformé en maison de repos. Contrairementà l’Angleterre, en Belgique, nous disposons déjà d’un réseau de maisons de repos. Nous restons donc très attachés à l’idée que les gens quiviennent vivre dans une maison Abbeyfield doivent être autonomes et indépendants », explique l’ancien professeur de gérontologie qui aujourd’hui habite lui-mêmel’une de ces maisons. La visite médicale fait d’ailleurs partie de la procédure mise en place pour intégrer un de ces logements. Tout comme la lettre de motivation, la rencontreavec l’assistante sociale et le séjour de deux semaines dans la chambre d’amis. Et si un des habitants en vieillissant n’est plus capable de vivre sans assistance, il lui faudra alors penserà d’autres solutions. A son arrivée, chaque locataire désigne une personne de confiance, souvent un membre de la famille, qui pourra prendre une décision le caséchéant. « Bien sûr, si une voisine se casse un bras, on va l’aider à faire ses courses ou s’habiller. Il faut savoir qu’il y a une réellesolidarité entre les habitants de cette maison », précise toutefois Françoise qui habite là depuis six ans. 

1. Abbeyfield Belgium :
– adresse : chée de Wavre, 490 bte 9 à 1040 Bruxelles
– courriel : abbeyfield.asbl@skynet.be
– site: www.abbeyfield.be

Sandrine Warsztacki

Sandrine Warsztacki

Pssstt, visiteur, visiteuse du site d'Alter Échos !

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, notamment ceux en lien avec le Covid-19, pour le partage, pour l'intérêt qu'ils représentent pour la collectivité, et pour répondre à notre mission d'éducation permanente. Mais produire une information critique de qualité a un coût. Soutenez-nous ! Abonnez-vous ! Et parlez-en autour de vous.
Profitez de notre offre découverte 19€ pour 3 mois (accès web aux contenus/archives en ligne + édition papier)