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Regard critique · Justice sociale

Technologies

En route vers la liberté

Comment ne plus dépendre des plateformes et de logiciels développés par les GAFAM et autres grands acteurs du monde de la tech? À Alter Échos, avouons-le, nous ne sommes pas de bons élèves en la matière. Ce dossier était donc pour nous l’occasion d’entreprendre un travail autocritique. Nous avons trouvé de nombreuses solutions libres pour nous (et vous) inspirer.

© Marion Sellenet

Par Laurence Dierickx, journaliste et consultante en information numérique.

Apple, Microsoft et Google ont ceci de pratique qu’à partir d’un seul et même identifiant, l’utilisateur peut accéder à une large gamme de solutions logicielles et de plateformes sans fournir de grands efforts. Revers de la médaille: ces sociétés collectent un important volume de données – professionnelles ou privées – sans que l’on ait une quelconque maîtrise sur ce qu’elles en feront. À la rédaction, nous utilisons des Apple Mac et nous pourrions très bien envisager d’y installer le système d’exploitation Linux sans donc devoir remplacer nos ordis. Mais cela ne peut se faire sans budgéter le coût d’une telle opération, à estimer par notre prestataire de services. Par ailleurs, seul le système d’exploitation que nous utilisons ne caractérise pas l’ensemble de nos activités numériques. C’est donc à partir des tâches informatisées que nous réalisons quotidiennement que nous avons dressé la liste des alternatives libres qui rencontrent nos besoins.

 Téléphones portables

Comme la grande majorité des détenteurs de smartphones, nous utilisons iOS ou Android. L’alternative open source consiste à passer Ubuntu Touch, qui comporte plusieurs logiciels préinstallés. Il existe des smartphones disposant par défaut de ce système d’exploitation, comme le PinePhone commercialisé au prix de 150 dollars. Les utilisateurs d’Android peuvent également télécharger des applications libres via le catalogue proposé par F-Droid.

Messagerie électronique

Nous gérons nos adresses électroniques professionnelles depuis notre propre serveur. Deux solutions libres existent pour les consulter: soit le webmail en ligne fourni par notre hébergeur, soit en installant le logiciel libre Thunderbird. La configuration d’une boîte de messagerie n’y est pas plus compliquée que celle de MS Outlook, que nous utilisons actuellement, pour un confort d’utilisation équivalent. En ce qui concerne nos adresses e-mail personnelles, Protonmail propose une alternative fiable aux comptes de messagerie gratuits (comme Gmail). Le principal atout de cette solution open source développée par des scientifiques du CERN et du MIT: permettre des échanges totalement sécurisés.

Calendrier

MS Calendar (intégré à Outlook) et Google Calendar sont deux outils de gestion de calendrier pouvant être facilement remplacés par le Protonmail Calendar. Ici aussi, sécurité et confidentialité sont garanties.

Logiciels

MS Office est la suite de logiciels bureautiques que nous utilisons. LibreOffice est l’alternative open source à Microsoft: Writer présente les mêmes fonctionnalités de base que Word, et Calc constitue une bonne alternative à Excel. La suite comporte également un logiciel pour réaliser des diaporamas, ainsi qu’un module de gestion de base de données et de création graphique. Attention à ne pas confondre LibreOffice avec OpenOffice qui, en dépit de leur lien de filiation, est la propriété de la société américaine Sun Microsystems. La mise en page du magazine est, quant à elle, réalisée avec les logiciels Adobe InDesign, Photoshop et Illustrator. Là aussi, il existe des solutions libres avec Gimp pour le traitement d’images, Scribus pour la mise en page et Inkscape pour le dessin vectoriel.

Outils collaboratifs

Jitsi Meet est, à ce jour, la seule alternative open source à MS Teams et Zoom, développée dans le giron de Jitsi, une application de messagerie instantanée. Toutefois, le système est parfois lent, en raison des ressources mobilisées par une vidéoconférence. Nos rendez-vous peuvent être organisés via Frama Date, l’une des applications libres développées par Framasoft, une association française active dans l’éducation aux médias numériques. Nous passer de Google Drive? Collabtive fait le job. Le logiciel s’installe sur son propre serveur, mais cela nécessite une intervention technique. Et pour partager rapidement quelques notes, Etherpad propose la création de documents à adresse unique et durée de vie limitée.

Navigation en ligne

Si nous utilisons Safari et Google Chrome, nous devrions privilégier Firefox, le navigateur sécurisé développé par la Fondation Mozilla. Quant à nos recherches, passons à Duck Duck Go ou Qwant, plus respectueux de notre vie privée que Google. Nous utilisons également Sound Cloud pour héberger nos podcasts et YouTube, nos vidéos. La capacité de notre serveur ne nous empêche pas d’y déposer nos fichiers audio au format MP3, qui peuvent être préparés avec le logiciel Audacity. Toutefois, les exigences d’une diffusion vidéo supposent une plateforme d’hébergement dédiée. En la matière, Vimeo est garantie sans publicité. Le montage peut être réalisé avec Avidemux, disponible sous la licence GNU GPL, qui fixe les conditions légales de distribution d’un logiciel libre.

Réseaux sociaux

Selon le dernier «Digital News Report» de l’Institut Reuters à l’Université d’Oxford, en Belgique, 38% des utilisateurs d’internet s’informent via les réseaux sociaux. Ce n’est donc pas anodin si nous y sommes présents. Là aussi, il existe des alternatives plus éthiques mais moins connues. Diaspora, dont la devise est «décentralisation, liberté, confidentialité», pourrait remplacer Facebook. La plateforme Mastodon (libre et décentralisée) présente, quant à elle, des fonctionnalités comparables à celles de Twitter.

Site web

Nous ne sommes pas d’aussi mauvais élèves en ce qui concerne notre site web (nous utilisons le logiciel WordPress pour gérer nos contenus et la solution open source Odoo pour la gestion de la vente de nos numéros et abonnements). Mais nous pourrions faire un effort pour préserver davantage vos données personnelles, en abandonnant Google Analytics, notre outil de mesure d’audience en ligne, au profit de Matomo Analytics. Mais si la solution est libre et respectueuse du RGPD, son installation nécessite un petit budget, dès lors qu’elle exige un serveur et des compétences techniques.

Laurence Dierickx

Laurence Dierickx

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