Après l’adoption par la Commission européenne, le 8 septembre dernier, du projet de Rapport conjoint sur l’emploi 1999 1, la Belgique a été pointée du doigtcomme le vilain petit canard en matière de mise en œuvre des lignes directrices européennes pour l’emploi. Concrètement, la Commission souligne quatre faiblesses majeures dumarché de l’emploi en Belgique :
n des flux élevés d’entrée dans le chômage de longue durée (43% pour les jeunes chômeurs et 37% pour les adultes) 2. Selon la Commission, cela aboutit àdes «stocks (sic) croissants de chômeurs de longue durée» qui représentaient 5,7% de la main-d’œuvre en 1998;
n une faible participation des travailleurs les plus âgés, avec un taux d’emploi de 22% pour les personnes de plus de 55 ans, soit le plus bas de l’Union européenne;
n un écart important – proche de 20% – entre les femmes et les hommes en matière d’emploi;
n un niveau insuffisant de création d’emplois dans le secteur des services. Selon la Commission, le potentiel de ce secteur avoisine les 300.000 emplois !
Face à ces défis, la Commission classe la Belgique comme le plus mauvais élève de l’Europe (en compagnie de la Grèce et de l’Italie) en ce qui concerne les lignesdirectrices 1 et 2. Celles-ci incitent les États membres à mener une politique préventive en faveur des jeunes et des chômeurs adultes de longue durée, àtravers l’offre d’un «nouveau départ» (formation, mesures d’insertion professionnelle, activation) avant qu’ils n’atteignent, respectivement, 6 ou 12 mois de chômage.
À l’opposé, la Suède et le Royaume-Uni sont loués pour le respect de ces critères. Il est intéressant de noter que le Royaume-Uni se targue de les respecterà 100%. Ce résultat est lié à la politique du «New Deal» qui impose des sanctions très strictes portant sur les allocations en cas de non acceptation dela proposition d’emploi ou de formation 3.
Outre le respect de ces deux lignes directrices, la Commission recommande à la Belgique :
n d’examiner l’effet dissuasif de la fiscalité et des prestations (y compris la durée d’indemnisation et les critères d’octroi) sur la participation au marché de l’emploi.La Belgique est par exemple incitée à «reconsidérer sa politique traditionnelle d’encouragement de la retraite anticipée».
n d’adopter des mesures, notamment fiscales, pour favoriser l’exploitation du potentiel d’emploi dans le secteur des services.
1 Ce rapport de plus de 200 pages analyse la mise en œuvre des plans d’action nationaux pour l’emploi (PAN) pour 1998, ainsi que les PAN 1999 remis début juin par les Étatsmembres. Il est disponible sur Internet : http://europa.eu.int/comm/dg05/empl&esf/ees_fr.htm ou auprès de laBibliothèque de la DGV, rue Joseph II 27 à 1040 Bruxelles, tél. : 02/295 33 22, fax : 02/296 23 93.
2 L’entrée dans le chômage de longue durée mesure le flux de jeunes et d’adultes chômeurs qui atteignent le 6ème (jeunes) ou le 12ème (adultes) mois dechômage sans interruption.
3 Voir AE n° 26 du 23 mars 98 p. 3 et AE n° 47 du 1er mars 99 p. 9.
Archives
« Emploi : la Belgique, mauvais élève de l’Europe ? »
Alter Échos
20-09-1999
Alter Échos n° 59
Alter Échos
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