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« Embauche surqualifiée et employabilité : tendances du recrutement en 1997 »

12-10-1998 Alter Échos n° 38

Pour la troisième année consécutive, l’HIVA 1 (Institut supérieur du travail de la KUL) a produit pour l’UPEDI 2 (la fédération patronale des entreprisesde travail intérimaire) une étude sur «Les entreprises et le recrutement en Belgique en 1997». Le document analyse en profondeur la dynamique de notre marché del’emploi au travers de quelques tendances : celles du marché de l’intérim et des pratiques des employeurs en matière d’embauche. Compilées sur base d’enquêtestéléphoniques menées en 97 auprès des responsables du personnel de 3.382 entreprises belges, certaines données quantifiées sont à retenir.
Données générales
En 1997, il y a eu en Belgique, selon les calculs des chercheurs, 329.000 engagements. Ils concernent plus de personnes qui ont changé d’emploi (127.000) que de chômeurs (125.000) et dejeunes sortis de l’école (77.000). Les engagements ont été proportionnellement plus nombreux en Flandre dans les PME et dans le secteur du commerce/horeca. Ilsreprésentent dans leur ensemble un turnover de 10 %, ce qui signifie qu’une personne sur dix a trouvé du travail ou changé d’emploi.
Caractéristiques des postes vacants
Ce sont les fonctions manuelles qui sont les plus demandées. Le top 5 est le suivant : les secrétaires, les employés administratifs, les vendeurs, les ouvriers de production etles cuisiniers.
Les entreprises veulent des travailleurs qualifiés, mais dans la pratique, ce n’est pas sur ce critère qu’elles choisissent leurs candidats. En effet :
> Les exigences en matière de formation ont augmenté par rapport à 1996 : la part des fonctions pour lesquelles on demandait au maximum un diplôme d’humanitésinférieures est passée de 46 % à 40 %. On demande au maximum un diplôme de l’enseignement secondaire supérieur dans 30 % des cas et au minimum un diplôme del’enseignement supérieur dans 30 % des cas également.
> En ce qui concerne les exigences en matière d’expérience professionnelle, on constate là aussi une hausse en 1997 où les employeurs ont demandé un candidatexpérimenté dans 59 % des cas, contre 55 % en 1995 et 57 % en 1996.
> Comme en 1995 et en 1996, les trois principaux critères de sélection sont la personnalité, la flexibilité et la faculté d’adaptation à la culture del’entreprise.
Pratiques de recrutement
Lorsqu’on regarde les différentes filières d’engagement, on constate que les filières formelles ont la part de marché la plus importante avec 54 %. Parmi cesfilières formelles, ce sont toujours les annonces qui arrivent en tête avec 29 %. Les entreprises de travail intérimaire représentent 8 %.
Cependant, 46% d’embauches par des circuits informels reste un chiffre important : c’est la partie immergée de la demande de main-d’œuvre sur le marché du travail, celle qui estquasi invisible. A noter que l’étude ne tient pas compte des recrutements par Internet pourtant nombreux.
Les personnes engagées
Si l’on fait une comparaison entre le niveau de formation demandé et le niveau de formation effectivement embauché, on constate que, dans 56 % des cas, le candidat engagé avaitle même niveau que celui qui était demandé initialement. En 1996, ce pourcentage était de 48 %. Si l’on fait une comparaison avec le profil de formation de la populationdes demandeurs d’emploi en Belgique, le contraste est énorme. Au sein de cette population, on compte en effet 60 % de personnes peu qualifiées et seulement 10 % de diplômésde l’enseignement supérieur. La tendance continue donc à être l’accroissement d’un surplus de personnes peu qualifiées. Elle s’explique surtout par le comportement desrecruteurs, qui leur préfèrent des candidats plus qualifiés, alors même que le poste à pourvoir ne l’exige pas. Comme la réserve de candidats qualifiésest excédentaire, les employeurs puisent dans cette réserve, estimant que les candidats possèdent une plus grande flexibilité, une plus grande«employabilité» et des qualités plus adaptées sur le plan «socio-normatif» que les personnes moins qualifiées.
Bien sûr, ce sont les sans-emploi au bas de l’échelle des qualifications sur qui toute cette pression s’accumule : certains spécialistes parlent parfois de l’ «effetHeysel» !
Certaines filières donnent sur des emplois meilleurs que d’autres. 70 % des personnes engagées sont occupées sous contrat fixe et 30 % sous contrat temporaire. Lesfilières par lesquelles on engage le plus sous contrat fixe sont : par le biais des relations du personnel de l’entreprise (84,4 %), les entreprises de travail intérimaire (87,2 %) etles bureaux de recrutement (84,4 %), légère diminution par rapport à 1996; le plus sous contrat temporaire : les écoles et formations (46,5 %) et les services publics deplacement (42,2 %), ce qui reste stationnaire par rapport à 1996. Un indice de plus qui indique que les circuits du travail sont relativement dualisés.
35 % des candidats engagés étaient des femmes, les hommes changeant plus facilement de travail. Les modèles traditionnels perdurent… La classification par tranche d’âgenous apprend que 3 % seulement des nouveaux engagés ont plus de 45 ans.
1 Hoger Instituut voor de Arbeit, E. Van Evenstraat 2E à 3000 Leuven, tél. : 016/32 33 33, fax : 016/32 33 44. Chercheurs : Peter Simoens, Jan Denys et Lieve Denolf.
2 UPEDI, av. de l’Héliport 21/3 à Bruxelles, tél. : 02/203 38 03, fax : 02/02/203 42 68, site web : http://www.upedi.be

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