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Été agité à Binche-plage : les résidants permanents à la porte ?

Le camping de Binche-plage a connu un été agité. Quarante-et-un occupants ont été radiés. À la commune, on assure qu’il n’est pas questiond’expulser les gens mais le sentiment est tout autre chez les résidants permanents.

10-10-2008 Alter Échos n° 260

Le camping de Binche-plage a connu un été agité. Quarante-et-un occupants ont été radiés. À la commune, on assure qu’il n’est pas questiond’expulser les gens mais le sentiment est tout autre chez les résidants permanents.

Situé à Buvrinne, le camping de Binche-plage compte une soixantaine d’occupants, dont nombre de résidants permanents. Il n’y a pas de chalets, juste une buvette et de grandescaravanes aménagées. Les gens n’y vivent pas à l’étroit, ils disposent le plus souvent de plusieurs pièces. Le problème est que le site n’est plus reconnucomme camping depuis 2003. Le propriétaire ne dispose donc plus du permis d’exploitation. L’affaire est en justice et il est question de mettre fin à cet état de fait. Dans lafoulée, la commune a procédé à la radiation de 41 occupants.

Jean-Pierre Jaumot (PS), échevin de l’État civil et de la Population1, explique que les personnes ont été radiées parce qu’elles n’étaient paschez elles lors du passage de l’agent de quartier. « La radiation n’est proposée qu’après trois ou quatre passages de la police. Il s’agit d’une simple démarcheadministrative qu’on pratique couramment vis-à-vis des personnes parties sans laisser d’adresse », explique l’échevin, qui précise « qu’il n’a jamaisété question d’expulser les gens ». Cependant, ici, lorsque la personne est radiée, la parcelle est supprimée, vu que le terrain n’est plus reconnu commecamping. Il est vrai que cela n’est pas sans poser des problèmes. « Il y a des situations extrêmement délicates », admet Jean-Pierre Jaumot. En effet, denombreuses personnes sont des résidants permanents.

Pour y apporter des réponses, la commune s’est inscrite depuis peu dans le cadre du Plan HP de la Région wallonne, relatif à l’habitat permanent dans les campings. Depuistrois mois, une assistante sociale a été engagée pour accompagner les résidants permanents. À ce jour, sept personnes ont été relogées.« On essaie de démarcher positivement, en les réorientant vers le Plan HP, explique l’échevin. Ceux qui le veulent vraiment, les plus précaires, sontprêts à être pris en charge. Mais certains se sont installés là pour des raisons fiscales. » Par ailleurs, la commune estime qu’elle ne peut plus fermerles yeux sur une situation non conforme, où les conditions de salubrité et de sécurité ne sont pas respectées, et ce, même si les gens s’y sentent bien.

Des résidants au bord du gouffre

Du côté des résidants2, c’est la consternation. Sur les 41 personnes radiées, 28 étaient domiciliées. Et ce n’est pas sans conséquence.Manu, par exemple, suit une formation de conducteur poids lourd, s’il n’a plus d’adresse, il ne pourra pas se voir délivrer son permis de conduire et ne pourra pas trouver d’emploi. D’autresne peuvent plus toucher leurs allocations de chômage, vu qu’ils n’ont plus d’adresse. Une résidante, enceinte, se demande si la mutuelle interviendra lorsqu’elle accouchera, si elle auradroit à une prime de naissance et si elle pourra inscrire son fils. Stéphane, résidant depuis treize ans, précise qu’il n’a jamais reçu le moindre avis de passage.Il a été radié alors qu’il était au chevet de sa mère à Liège. Comme tant d’autres, il essaie de se réinscrire à la commune, non sansmal. Manu a été radié alors qu’il était en vacances. Il a eu la confirmation de sa réinscription mais comme la lettre le spécifie, il s’agit d’une« occupation provisoire », compte tenu de la non conformité du logement. La commune l’invite à rechercher un logement conforme sans lui faire de proposition.

Plusieurs résidants estiment que la commune leur mène une guerre psychologique avec des tracasseries administratives pour les inciter à partir. Mais où ? Avec ses950 euros de pension d’invalide, Stéphane ne voit pas comment il pourrait payer un loyer de 450 euros par mois (contre moins de 70 euros/mois au camping), se soigner et manger. Plusieursrésidants rappellent qu’ils ne sont pas là par choix mais parce qu’il n’est pas possible de trouver un logement décent à un prix abordable dans le privé. Certainsont intenté des actions en référé pour pouvoir récupérer leur domicile. Mais d’autres pensent déjà à chercher ailleurs…

1. Cabinet de Jean-Pierre Jaumot :
– adresse : Hôtel de Ville, Grand-Place à 7130 Binche
– tél. : 064 23 06 23
– courriel : jp.jaumot@binche.be
2. Asbl Les Amis de Binche Plage :
– adresse : rue Balanfer, 1 à 7130 Binche.

Baudouin Massart

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