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Environnement

Sur les terrils de Charleroi des boucs rassemblent les citoyens

L’ASBL Ecopattes lutte contre des plantes invasives sur les terrils de Charleroi par la gourmandise de 18 boucs arrivés le 8 mai. L’objectif est double : ramener les Carolos sur les terrils et gérer ces espaces verts de manière écologique.

08-06-2018

L’ASBL Ecopattes lutte contre des plantes invasives sur les terrils de Charleroi par la gourmandise de 18 boucs arrivés le 8 mai. L’objectif est double : ramener les Carolos sur les terrils et gérer ces espaces verts de manière écologique.

« Pour que tout se passe bien, il y a juste deux règles. Être toujours devant les chèvres sinon elles traînent et ne pas les prendre par les cornes, c’est sensible »,explique Florence Van Damme, une membre de l’ASBL Ecopattes, une association créée en janvier dernier qui gère la prolifération de plantes invasives sur les terrils carolos. Florence est accompagnée de Gaëlle Wilkin, une associée. À 9h40, il est temps pour la transhumance. Les deux jeunes femmes ouvrent la barrière. Munie chacune d’un bâton, elles vont mener le troupeau en haut du terril. L’enclos à peine ouvert et les boucs filent à toute allure vers le sentier.

Lors de la transhumance vers le haut du terril Saint Théodore, un espace de deux hectares, certains boucs vifs foncent, bousculent Gaëlle et Florence. D’autres trainent et s’arrêtent pour manger une plante exotique : la renouée du Japon. « C’est une plante invasive, elle se développe par clone et se reproduit par les rhizomes, c’est-à-dire par les racines qui peuvent aller jusqu’à quinze mètres de profondeur », raconte Florence Van Damme. « Elle se développe très vite et empêche la biodiversité. »

Malheureusement il n’y pas que la renouée du Japon qui envahit ce terril. Le plus grand envahisseur est le buddleia, mieux connu sous le nom d’arbre à papillon. « Ils sont arrivés ici en suivant le chemin de fer et ils produisent beaucoup de graines», relate Florence. Cet arbre est également un problème pour la biodiversité. Les papillons butinent dessus et parfois y pondent leurs œufs. Une fois ceux-ci éclos, les chenilles vont manger les feuilles. Celles-ci leurs sont toxiques mais c’est un mets de choix pour les boucs. Ils en raffolent. Au-dessus du Terrils, les deux jeunes dirigent les biquettes dans un enclos monté le matin même autour des buddleias. A peine rentrés, ils se précipitent pour manger les feuilles. « Les fleurs séchées de l’an dernier, c’est ce qu’ils préfèrent. »

Les boucs sont une solution écologique pour lutter contre ces plantes envahissantes. La gestion des espaces verts par le recours aux caprins ou aux bovins se nomme l’éco-pâturages. Dans ce système, le nombre d’animaux est calculé en fonction de la surface du terrain. Un trop grand nombre produit trop d’excréments et exerce une forte pression sur le sol. « Un terrain trop enrichi s’appauvrit au niveau de la biodiversité », précise Gaëlle

Les 18 boucs attirent les Carolos sur les terrils

L’éco-pâturage favorise l’écologie et tisse du lien social entre les citoyens. Les boucs sont présents depuis un mois à Marchiennes-Docherie et «nous avons déjà fait deux grosses activités ; une avec l’ONE et une autre avec des personnes âgées», raconte Florence.Sous un parasol bleu, elle rajoute : «en tout, il y avait dix enfants et dix adultes. Ils ont beaucoup appris et apprécié. En voyant un bouc, un enfant a pensé que c’était une vache », confie Florence. Ecopattes songe aussi à une activité avec l’espace jeune de Marchiennes-Docherie « On pense à un barbecue ou peut-être même dormir ici sous tente ». L’ASBL se revête d’un caractère pédagogique.

Elle rassemble aussi les citoyens du quartier en dehors des activités proposées.  « Les habitants de la rue sont curieux, ils viennent dire bonjour », confie Florence. Elle poursuit en regardant une feuille dans sa farde remplie de papiers : « Nous avons déjà vingt bénévoles qui sont venus au moins une fois ». L’ASBL désire que les Carolos se réapproprient les terrils devenus au fil des décennies des espaces verts. D’ailleurs, un projet pour baliser les chemins sur les terrils est en cours. Dans cet objectif de revalorisation, « nous avons rencontré Charleroi nature, le Plan Communal de développement de la Nature », commente Florence.

Solidarité entre les ASBL de la région

D’autres associations sont intégrées au projet d’Ecopattes. Par exemple, les boucs viennent de La chèvrerie des Saules, une association à Jumet. Pour la production de fromage dans une chèvrerie, les boucs sont inutiles. « On répond aux besoins des animaux, on leur évite l’abattoir », confie Florence. Ecopattes est aussi en partenariat avec l’ASBl Le Ranch du Terril, située à Marchiennes-Docherie, pour disposer d’un enclos. En plus, c’est situé à moins d’un kilomètre du terril Saint Théodore, le lieu de broutage.

De manière plus générale, cette ASBL s’inscrit dans le projet européen « Interreg : Destination terrils ». Il vise à favoriser un développement touristique durable sur les terrils du Nord de la France jusqu’à chez nous. A Charleroi, c’est l’association Espace environnement qui est responsable de gérer les subsides octroyés par ce projet européen et de les partager entre diverses initiatives de la région. L’ASBL Ecopattes en bénéficie.

Sarah Barbier

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