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Regard critique · Justice sociale

Dispositif d'accrochage orchestral

Un projet d’orchestre à l’école est lancé cette année dans trois établissements scolaires bruxellois en milieu populaire par l’asbl ReMuA. Objectif :développer la créativité artistique des élèves, favoriser rencontre et ouverture, mais aussi lutter contre le décrochage scolaire.

25-09-2009 Alter Échos n° 281

Un projet d’orchestre à l’école est lancé cette année dans trois établissements scolaires bruxellois en milieu populaire par l’asbl ReMuA1.Objectif : développer la créativité artistique des élèves, favoriser rencontre et ouverture, mais aussi lutter contre le décrochage scolaire.

Mardi 22 septembre, 15h30. Nous sommes à l’athénée Alfred Vewée, située dans la petite rue du même nom, coincée entre la chaussée d’Haecht etla place de l’Hôtel de Ville de Schaerbeek. Une école qui accueille des élèves du primaire, mais également du secondaire général, technique etprofessionnel. Un public essentiellement black-beur. Les belges « de souche » ne semblent pas avoir trouvé le chemin de l’école. Ou l’avoir fait… pour trouverensuite le chemin inverse.

Une vingtaine de jeunes de première année du secondaire sont à ce moment réunis dans la médiathèque de l’école. Face à ces jeunes ados, unedizaine de musiciens professionnels venus leur présenter, en paroles et musiques live, le projet « Orchestre à l’école ». Lancé àl’initiative de l’asbl ReMuA, ce projet vise « à faire émerger de la création musicale intéressante et rendre les jeunes fiers de leurs productions, maissurtout, à créer du lien humain, provoquer la rencontre entre les jeunes et entre ceux-ci et les musiciens », explique Sarah Goldfarb, musicienne et coordinatrice de ReMuA.Concrètement, suite à la démonstration par les musiciens et après deux semaines de réflexion, les élèves les plus motivés vont s’engagerà suivre trois heures de cours de musique par semaine : deux heures en groupe et une heure en individuel. Le tout pendant trois ans. Avec des points d’orgue réguliers sous forme despectacles présentés en public, parfois dans des lieux prestigieux, comme au Bozar. ReMuA prête aux élèves inscrits dans le projet un instrument de leur choix parmile panel offert : percussions, guitares, claviers, trompettes, etc. Ils peuvent le ramener à la maison; c’est « leur » instrument pendant toute la durée du projetet ils en sont responsables.

Surfer sur le rap

Afin de sentir dans quelle direction ils devraient aller avec les élèves, quelle voie artistique prendre, Sarah demande aux élèves, à l’issue de la démo,ce qu’ils aiment comme instruments, groupes ou encore musiques de film… Si on voit bien, sans surprise, que le hip-hop prédomine la culture musicale des jeunes présents, le R’n’B etla pop surnagent néanmoins également. Une diversité d’intérêt suffisante pour ouvrir le jeu, permettre un champs d’explorations musicales et decréativité assez large. Les musiciens impliqués dans le projet sont tous spécialement formés à ce type d’intervention, qui vise à transmettre descompétences artistiques de manière non théorique, en s’appuyant donc essentiellement sur la pratique directe et en s’inspirant des modes de transmission de la musiquetraditionnelle, sans qu’il y ait besoin de passer par le solfège ou de posséder des prérequis.

« Nous avions déjà travaillé avec ReMuA dans le cadre d’un autre projet, l’an passé, explique Gery De Cafmeyer, directeur de l’athénéeVewée. Il s’agissait d’une pièce musicale avec des élèves de fin de secondaire général, qui mêlait la musique et la danse. Une réussitecomplète : les jeunes avaient accroché et acquis de nouvelles compétences. Ici, on va plus loin, dans un projet à plus long terme. Pour moi, ce qui est intéressantdans ‘orchestre à l’école’, c’est qu’on sollicite et met en valeur une partie du cerveau des élèves qui ne l’est habituellement pas à l’école : celleliée à la créativité. Elle permet aussi aux élèves de considérer l’autre au sens large comme un partenaire et non comme un concurrent, de sortir durapport de force comme mode de relation. Par ailleurs, il est clair que la participation à un projet comme celui-là les motive et participe d’une lutte positive contre ledécrochage scolaire ». Le projet bénéficie d’ailleurs d’un financement de la Région de Bruxelles-Capitale dans le cadre du dispositif d’accrochage scolaire(DAS), outre des montants des diverses fondations, de la Communauté française et du SPP Intégration sociale.

« Orchestre à l’école » est mis en œuvre à titre expérimental pour l’année 2009-2010 dans trois écoles bruxelloises, toutesreconnues en « discrimination positive » et situées à Saint-Gilles et à Laeken, en plus de l’Athénée Vewée de Schaerbeek. Dans chaqueécole, une vingtaine d’élèves peuvent participer. ReMuA est toujours à la recherche de moyens pour pérenniser l’aventure.

1. ReMuA (Réseau de musiciens intervenants en atelier) :
– adresse : rue du Métal, 36 à 1060 Saint-Gilles
– tél. : 02 537 74 38 et 0484 62 08 23
– site : www.remua.be

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