Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Des Mena en insertion socioprofessionnelle

Un projet pilote permet à une série de Mena de suivre une formation en OISP. Mais les financements menacent de s’assécher dès l’été 2013.

19-11-2012 Alter Échos n° 349

Un projet pilote permet à une série de Mena (mineurs étrangers non accompagnés) de suivre une formation en OISP. Mais les financements menacent de s’assécherdès l’été 2013.

Des mineurs étrangers non accompagnés seront-ils bientôt en formation dans plusieurs EFT (entreprises de formation par le travail) et OISP (organismes d’insertionsocioprofessionnelle) ? S’il est périlleux d’apporter une réponse à cette question, un projet pilote mené près de Namur explore cette piste depuis 2010.Initié par la Fondation Joseph Denamur1, un centre d’accueil pour Mena, il permet à plusieurs Mena d’aller se former dans les murs de Nouveau Saint-Servais2, uneassociation active en tant que centre d’entreprise et OISP.

Depuis trois ans, ce sont près de 25 jeunes qui ont eu l’occasion de faire leurs armes pour une période comprise entre trois et six mois dans les secteurs du bâtiment et del’électrotechnique. « Nous assistons à une évolution à la hausse de l’âge des Mena, explique Michel Villan, président de la Fondation JosephDenamur et… de Nouveau Saint-Servais. Nous nous retrouvons de plus en plus à devoir prendre en charge des jeunes proches de l’âge de 18 ans à qui l’obligation scolaires’impose encore alors que, pour certains, ils ont un vécu assez lourd qui complique le travail à ce niveau. » Une situation qui rend une action à long termeimpossible, et qui impose également de trouver des solutions adaptées en ce qui concerne la scolarisation pour les quelques mois restants. « Les remettre sur les bancs del’école paraît bien souvent impossible », continue notre interlocuteur.

Une politique transversale ?

C’est face à ce constat que le projet pilote est né. Orientés par plusieurs centres d’accueil (Gembloux, Liège ou Bruxelles), les Mena intéressés sontinvités à s’inscrire au Cefa de Suarlée, porte d’entrée (obligation scolaire oblige) du projet. Ils se voient ensuite dirigés vers le Nouveau Saint-Servais pour ysuivre leur formation, sur le modèle du compagnonnage, à deux ou trois par section. Notons que pour le bâtiment, les jeunes sont intégrés à l’équiped’entretien active sur le site du centre d’entreprise alors que concernant l’électrotechnique, ils se voient intégrés aux groupes en formation dans l’OISP. « Cettedémarche, s’ils sont appelés à rester en Belgique, aura servi d’accrochage et de « dégrossissage ». S’ils rentrent dans leur pays d’origine, ce sera tout de même unacquis », explique Michel Villan.

Rayon gros sous, c’est l’Aide à la jeunesse (dont le financement permet notamment de couvrir l’encadrement et de payer aux Mena le traditionnel euro horaire accordé aux stagiaires)et l’éducation (qui permet aux Mena de s’inscrire en CEFA et de bénéficier du suivi d’une psychologue) qui ont ouvert leur portefeuille jusqu’en août 2013. Pour la suite,c’est l’inconnu, même si Michel Villan déclare que l’Aide à la jeunesse ne pourra plus financer le projet. Ce qui signe l’arrêt de mort de ce dernier ? « Leprojet fonctionne bien, ce serait donc dommage », explique notre interlocuteur, qui avance des pistes de solutions. « Il faudrait que d’autres EFT et OISP puissent se lancer,même si je tiens à préciser que ce type d’initiative doit concerner des Mena bien particuliers. »

Michel Villan signale qu’un contact sera bientôt pris avec l’Interfédération des EFT/OISP afin de voir si le secteur est preneur d’une telle initiative. En cas deréponse positive, ce sera au tour d’André Antoine (CDH), ministre de l’Emploi de la Région Wallonne, d’être interrogé. But de l’opération ? Que les Menapuissent être comptabilisés dans les dérogations au public cible autorisées pour les EFT/OISP (n’être plus soumis à l’obligation scolaire) et qu’ils puissentdès lors être compris dans leur quota d’heures de formation subsidiées. Rappelons à ce sujet que le décret actuel régissant le secteur des EFT/OISP est enpleine révision. Une occasion en or pour le projet de faire passer sa demande ? « Ce serait bien, concède Michel Villan. Essayons pour une fois d’avancer sur despolitiques transversales. »

1. Fondation Joseph Denamur:
– adresse : rue de Mazy, 1 à 5030 Gembloux
– tél. : 081 62 55 00
2. Nouveau Saint-Servais
– adresse : rue de Gembloux, 500 à 5002 Saint-Servais
– tél. : 081 71 73 84
– site : www.nouveausaintservais.org

Julien Winkel

Julien Winkel

Journaliste (emploi et formation)

Pssstt, visiteur, visiteuse du site d'Alter Échos !

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, notamment ceux en lien avec le Covid-19, pour le partage, pour l'intérêt qu'ils représentent pour la collectivité, et pour répondre à notre mission d'éducation permanente. Mais produire une information critique de qualité a un coût. Soutenez-nous ! Abonnez-vous ! Et parlez-en autour de vous.
Profitez de notre offre découverte 19€ pour 3 mois (accès web aux contenus/archives en ligne + édition papier)