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Regard critique · Justice sociale

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Densité et habitat, débattons

Entre tours et cités-jardins, l’alternative de l’organisation du bâti en ville est peut-être moins réductrice. Bruxelles, ville dense, limitée dans sesfrontières aux 19 communes, est bien sûr un cas d’école pour chercher les équilibres en la matière. Un grand colloque a eu lieu récemment sur laquestion.

06-11-2007 Alter Échos n° 239

Entre tours et cités-jardins, l’alternative de l’organisation du bâti en ville est peut-être moins réductrice. Bruxelles, ville dense, limitée dans sesfrontières aux 19 communes, est bien sûr un cas d’école pour chercher les équilibres en la matière. Un grand colloque a eu lieu récemment sur laquestion.

La question de la densité revient régulièrement dans les débats concernant l’urbanisation de la ville (voir Alter Échos n° 226,Densité à Bruxelles : le retour des tours ?). Un colloque, initié par la secrétaire d’État au Logement de la Région bruxelloise,Françoise Dupuis (PS), a récemment refait le tour de la question.

Rappelons que Bruxelles est passée en dix ans de 948 000 à 1 019 000 habitants. Pour sa part, la ministre a clairement exprimé ses réticences au retour des tours,présenté comme un enjeu financier pour les promoteurs visant à réduire l’impact du coût du foncier. Elle a cherché dans son introduction àremettre en question la notion d’équilibre souvent avancée face à celle d’avantages nouveaux pour la ville.

La première partie de la journée a permis à divers experts de s’exprimer. Le Français Marc Sauvez, urbaniste en chef de l’État à la retraite,a abordé l’exemple de son pays. Il s’est exprimé autour de deux idées. La première est la primauté de la densité humaine sur la densitéconstruite. C’est la première qui influe sur les phénomènes sociaux. La seconde est le lien entre densité et action publique qui est plus compliquéequ’on ne croit. « La densité ne se décrète pas », pourrait-on résumer. Pour lui, la densité est intimement liée aux modes de vie. Exemple :la multiplication de familles monoparentales et de familles recomposées conduit à une diminution du nombre de personnes par ménage et donc à la nécessité deplus de logements. Le vieillissement de la population renforce cette tendance. La densité est évidemment extrêmement liée à la mobilité. Le coût destransports lié au coût de l’énergie peut donc devenir un élément crucial de la création d’une envie de densité. Car pour Marc Sauvez, lanotion d’envie de densité est au centre de l’évolution de la ville. Il cite l’exemple de Paris où la création récente de couloirs pour lesvélos et de parcs publics en ville renforce la densité.

Les limites des politiques foncières

Directeur de recherches au CNRS, Vincent Renard est reparti des politiques foncières menées en France. Il en a stigmatisé les résultats très limités,malgré une importante mobilisation politique illustrée par la loi SRU, Solidarité et renouvellement urbain, votée le 13 décembre 2000. Il a fait le lien entredifférents aspects des outils publics à disposition : lien entre règlements urbanistiques et pouvoir fiscal, notamment. Enfin, il a décrit d’autres regards en Europecomme celui du rapport Rogers en Angleterre. Intitulé Towards an Urban Renaissance, ce dernier a notamment fait le point sur le nécessaire encadrement légal desparticipations négociées des constructeurs au financement de l’aménagement du territoire, un débat particulièrement vif en Angleterre. Il conclut notammentà la nécessité d’élargir ces participations afin de contribuer à des grands projets de rénovation de l’ensemble des agglomérations.

La passion de l’improvisation

Après une intervention consacrée à la situation en Flandre, Fiona Sheppard, représentante du bureau londonien Peter Barber Architects a décrit les projetsmenés par son bureau basés sur cette belle philosophie de Walter Benjamin, défendant « … la passion de l’improvisation, qui exige que l’espace etl’opportunité soient préservés à tout prix. Les immeubles sont utilisés en qualité d’étapes, d’étages populaires. Ils sonttous divisés en innombrables théâtres simultanément animés. Balcon, cour, fenêtre, porte d’entrée, cage d’escalier, toiture sont à lafois des conteneurs, des étages et des étapes. »1

Le débat de l’après-midi fut riche d’apports et conclu par la secrétaire d’État : « Travailler sur la densité urbaine, c’estréfléchir à la mise en place d’une mixité naturelle tant sociale que fonctionnelle, et à la réduction des consommations énergétiques. Unechose est sûre, les disponibilités foncières se font de plus en plus rares. Face au besoin urgent d’augmenter le nombre de logements à Bruxelles, ces questions sont plusque jamais à l’ordre du jour. »

1. Walter Benjamin, One Way Street, Traduction française Sens unique précédé de Enfance berlinoise, Éd. Maurice Nadeau, coll. 10/18,septembre 2000.

Jacques Remacle

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