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Regard critique · Justice sociale

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"Débat sur l'avenir du logement de transit et d'insertion en Wallonie"

10-06-2002 Alter Échos n° 122

Le 3 juin, la coordination sociale Contact Logement1ýorganisait une rencontre-débat sur l’avenir du logement de transit et d’insertion en Région wallonne. Étaientprésents : des opérateurs de terrains, Jean-Michel Degraeve, expert pour le logement au cabinet du ministre wallon du Logement, Michel Daerden, et Paul-Émile Hérin,représentant de la Division Logement de la DGATLP de la Région wallonne.
Dans un premier temps, Yves Debouck et Lina Stienlet, représentant tous deux Contact Logement, ont rappelé les enjeux liés aux logements de transit et d’insertion : lesproblèmes d’accès à un logement décent pour les personnes à bas revenus, les abus de certains propriétaires, les besoins en logements d’urgence et enlogements sociaux en Wallonie, les réponses structurelles incomplètes de la part des CPAS, la nécessité de créer des partenariats avec d’autres pour apporter desréponses adéquates, etc.
Comment faire respecter l’accompagnement social?
Egide Forthomme, de la maison d’accueil « Marie-Louise », a pointé l’importance de l’accompagnement social pour résoudre le problème du logement : « Derrière l’absence delogements, il y a des comportements sociaux qui ont entraîné le sans-abrisme. » En d’autres termes, se contenter d’offrir un logement n’est pas la réponse adéquate àun échec social, il faut travailler sur les comportements sociaux. Des ateliers de valorisation personnelle permettent aux personnes d’aller à terme vers des projets de formation. « Onne sait rien faire à la place des gens, mais si on leur donne une structure, les gens vont puiser dedans et se valoriser », commente Egide Forthomme. Pour Alain Brynaert, représentant leservice Logements d’intégration du CPAS de Mons, la convention d’accompagnement social (médiation de dettes, etc.) est souvent difficile à faire respecter par les personnesrelogées : « Les gens veulent souffler à tout prix et reportent systématiquement les rendez-vous relatifs, entre autres, à la médiation de dettes. » Une autrequestion se pose aussi en termes légaux : « Comment lier la convention d’accompagnement social au contrat de bail? »
De son côté, Alexandra Orban a présenté la Coordination Logements d’urgence du CPAS de Liège. Celle-ci résulte d’un partenariat entre le CPAS et le Contrat desécurité et de société de la Ville de Liège. Ici aussi, l’accent est mis sur l’accompagnement social : recherche-action d’autres logements, responsabilisation deslocataires (respect des voisins, de l’environnement, etc.)… Les demandes n’ayant pas abouti ont été réorientées vers d’autres services, mais il n’y a pas de feed-backsur le succès des démarches de ces services. Enfin, Paul Trigalet de Solidarités nouvelles a émis deux propositions. D’une part, il estime qu’il faut « assurer l’insertiondes personnes dans un logement traditionnel au terme de l’accompagnement social. Cela représente un saut quantitatif important par rapport à la barre de 20% reprise dans le calcul duloyer d’un logement d’insertion. La législation est généreuse, mais pas pédagogique, car elle ne prépare pas à cette réinsertion. » D’autre part, PaulTrigalet préfère la convention précaire d’occupation plus intéressante que la convention d’accompagnement social « qui n’a pas, pour les juristes, de base légale. »Pour lui, un sans-abri ou une personne expulsée est prêt à signer n’importe quelle convention pour obtenir un logement. D’où, « comment appliquer la conventionprécaire pour que la personne se conduise en ‘bon père de famille’? »
Pour une meilleure information des opérateurs
Au cours du débat sont apparues de nombreuses questions dont certaines portaient sur la confusion entre logement de transit (réponse à une urgence) et logement d’insertion(approche plus pédagogique). Ainsi, lorsqu’une famille se désinvestit fortement deüson logement d’insertion, comment l’expulser? De plus, n’y a-t-il pas une contradiction pour unopérateur d’insertion par le logement d’expulser une personne socialement défavorisée? Pour Paul-Émile Hérin, représentant l’Administration régionale, »si les objectifs d’insertion ne sont pas atteints, il y a toujours une possibilité de résilier le bail. De même, avant d’établir un contrat pour un logement d’insertion,il y a des choses négociables et d’autres non-négociables (règlement intérieur, accompagnement social).
Un constat porte sur le manque d’informations concernant le bail comprenant une convention d’accompagnement social. Martine Villé (Contact Logement) estime que « les acteurs quidémarrent sont très mal renseignés sur ce bail (…), qu’ils en ont marre de la débrouille. » Ce à quoi Paul-Émile Hérin rétorque qu’ilexiste des modèles de baux à la DGATLP. Jean-Michel Degraeve signale qu’il y aurait également « un projet de créer un site ‘Communautés d’intérêts delogements’ qui serait géré par la DGATLP, la Société wallonne du logement (SWL) et l’Union des Villes et Communes, qui permettrait, entre autres, de trouver desréponses aux différentes questions que se posent les opérateurs de terrain. »
D’une manière générale, les participants reconnaissent qu’il y a un problème de liens entre les opérateurs de terrain et par rapport à l’administrationrégionale. Une mise en réseau des opérateurs s’avèrerait utile pour connaître et faire circuler les bonnes pratiques. Il y a une demande du terrain pour quel’Administration soit le pilier fédérateur des différentes initiatives, qu’elle diffuse les informations à propos des projets qui marchent ou non (ce qui devraitêtre fait à l’automne), qu’elle aide à se poser les bonnes questions. Par ailleurs, il rappelle que l’Administration propose un modèle de méthodologie del’accompagnement social.
L’ancrage communal critiqué
Notons encore que l’ancrage communal et les programmes triennaux de logement ont plus d’une fois fait l’objet de critiques. Pour certains opérateurs, ce processus viendrait compliquer ce quimarche déjà, il serait trop lourd pour certaines communes, trop politisé. De même, il aurait bloqué bon nombre de projets, voire entraîné la fermetured’asbl spécialisées dans le logement. En réponse, Jean-Michel Degraeve explique que « tout ce qui concerne la mise en œuvre locale n’est effectivement plus le fait desopérateurs, mais celui des communes. Néanmoins, il y a une obligation de concertation pour les communes qui, si elle n’est pas respectée, entraîne un retour àl’expéditeur du programme triennal. »
1 Contact logement regroupe des partenaires issus d’institutions publiques et privées ainsi que du tissu associatif : Mutualités Chrétiennes de Namur, MutualitésSocialistes de Namur, Mutualités Libérales de Namur, Service Provincial d’Aide Familiale, Aides Soins à Domicile, ONE, Association de St Vincent de Paul, CPAS de Jemeppes/Sambre, CPAS de Fosses-la-Ville (initiateur). Adresse : CPAS de Fosses-la-Ville, Contact Logement, maison de transit et d’insertion, ruelle des
Remparts 6 à 5070 Fosses-La-Ville, tél.: 071 71 17 31, fax : 071 71 29 27.

Baudouin Massart

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