Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Bâtir, Habiter, Vivre différemment (l’autre BHV)

La Ligue des familles et l’UCP ont décidé de mener, ensemble, un combat pour un logement adapté aux différentes générations et auxdiversités.

10-05-2010 Alter Échos n° 294

La Ligue des familles1 et l’UCP – Mouvement des aînés2 ont décidé de mener, ensemble, un combat pour un logement adapté auxdifférentes générations et aux diversités.

L’initiative « Carrefours des générations » de la Fondation Roi Baudouin3 venait à point pour lancer la campagne« Logement » de la Ligue des familles et de l’UCP. Ce 23 avril, ces dernières organisaient, aux Moulins de Beez, le colloque « Les logements sont-ilsadaptés à nos parcours de vie ? ». Le début d’une aventure qui devrait durer trois ans : la Ligue des familles et l’UCP entendent évaluerles besoins en matière de logement en Wallonie et à Bruxelles. Après avoir répertorié les projets existants, ils rédigeront un cahier de propositions sur lespolitiques de logement en lien avec les politiques d’aménagement du territoire et de mobilité. Une démarche qui passera par l’organisation d’un colloque, le1er octobre 2010 à Saint-Denis-Obourg, sur le thème « Habitat groupé, habitat intergénérationnel… Cohabiter autrement ».

Le concept de logements adaptés associé au « vivre ensemble » sous-entend, selon la Ligue des familles, sept lignes directrices : le droit aulogement ; la mixité sociale ; la rencontre intergénérationnelle ; la modularité de l’habitat ; l’équilibre entrel’acquisition et le locatif ; la complémentarité des acteurs et l’articulation aménagement du territoire/logements/mobilité, avec la volontépolitique et une vision du long terme. L’UCP souligne, pour sa part, que l’habitat, lieu de vie, doit comporter des commodités suffisantes, son occupant doit s’y mouvoirfacilement et en toute sécurité : « On parle aujourd’hui de logements modulables, adaptables, mais ceux-ci restent encore trop souvent au stade de projets ».D’où ce colloque qui a donné une vision la plus globale possible des enjeux, tout en amenant des pistes concrètes.

Vincent Sciarra, directeur du Fonds du logement wallon (FLW), a rappelé que la Région a décidé de supprimer, en octobre 2009, le financement public pour les prêtsdu Fonds. Rabotée au fil des ans – passée de 25 millions d’euros à 16 millions d’euros en 2009 – la voici à 0 en 2010, alors même que desbesoins criants ne font qu’augmenter. Soulignons au passage le lancement récent par le FLW du prêt familial intergénérationnel. Ce prêt est destinéà financer des travaux d’aménagement d’un logement familial en vue d’y accueillir un parent âgé.

Responsable du Réseau de lutte contre la pauvreté, Christine Mahy a pointé le rapport évident entre problème de logement et problème de ressources. Et desouligner que la rénovation de quartiers entraîne une augmentation du prix des logements qui a pour effet de rendre les plus précarisés de plus en plus mobiles et donc plusfragilisés encore. Par ailleurs, les solutions auto-construites par ce public sont perçues comme créatives par certains et inégales aux yeux de ceux qui incarnent lerespect de la loi.

Interdépendance et évolution sociétale

Nicolas Bernard, philosophe et juriste, a mis en avant le fait que l’on estime à 8 000 le nombre de propriétaires qui, de manière annuelle, perdent leur logementpar défaut de remboursement des prêts hypothécaires. Il insiste sur la nécessité d’une maîtrise renouvelée de son lieu de vie en citant desexpériences menées à Rome et en Angleterre où auto-construction, en groupe, et coopératives de gestion et rénovation de logements vides permettent auxoccupants de devenir de véritables acteurs de leur habitation.

Professeur d’architecture, Benoît Moritz a apporté un éclairage historique et pointé les paradoxes auxquels un modèle d’habitat plus raisonnable– c’est-à-dire évitant une dispersion périurbaine – est confronté, à savoir :
• Qui dit concentration de population (en ville) dit concentration des activités souvent liée à une concentration de pollution.
• Les villes déjà compactes sont souvent plus anciennes donc plus énergivores au niveau des bâtiments.
• La concentration urbaine n’empêche pas la dispersion de l’habitat.
• Les villes d’aujourd’hui ne sont plus vraiment les centres-villes eux-mêmes.

Et Benoît Moritz de rappeler qu’aucune solution n’est définitive : « Les problèmes d’aujourd’hui sont les solutions d’hier ; les solutionsd’aujourd’hui sont peut-être les problèmes de demain. »

1. Ligue des familles :
– adresse : av. de Béco, 109, à 1050 Bruxelles
– tél. : 02 507 72 11
– courriel : info@liguedesfamilles.be
– site : www.citoyenparent.be
2. UCP – Mouvement social des aînés :
– adresse : chée de Haecht, 579/bte 40, à 1031 Bruxelles
– tél. : 02 246 46 72
– site : www.ucp-asbl.be

3. Fondation Roi Baudouin:
– adresse : rue Bréderode, 21 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 511 18 40
– courriel : info@kbs-frb.be
– site : www.kbs-frb.be

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