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Assises de la santé mentale : les acteurs discutent et proposent

À l’initiative de la ministre wallonne de la Santé, les Assises des services de santé mentale (SSM) se clôturaient lors d’une rencontre le 12 septembre 2006. Unedernière étape qui fait suite à l’e-colloque (colloque via internet) qui s’est déroulé durant les mois de mai et juin. L’occasion pour tous les acteurs,usagers compris, de discuter de propositions en vue d’une mise à jour du décret, qui fête ses 10 ans d’existence.

21-09-2006 Alter Échos n° 215

À l’initiative de la ministre wallonne de la Santé, les Assises des services de santé mentale (SSM) se clôturaient lors d’une rencontre le 12 septembre 2006. Unedernière étape qui fait suite à l’e-colloque (colloque via internet) qui s’est déroulé durant les mois de mai et juin. L’occasion pour tous les acteurs,usagers compris, de discuter de propositions en vue d’une mise à jour du décret, qui fête ses 10 ans d’existence.

Une procédure de consultation innovante

Le secteur de la santé mentale, en Wallonie, représente à peu près 840 travailleurs, pour un budget annuel de plus de 24 millions d’euros. Dix ans aprèsl’adoption du décret qui régit le secteur, des évolutions sociales et institutionnelles imposaient une mise à jour. La ministre wallonne de la Santé,Christiane Vienne (PS), a lancé en mai et juin derniers une consultation des acteurs via internet : l’e-colloque sur la santé mentale.

La technique avait été initiée à l’occasion des 10 ans de l’Action sociale en Région wallonne (voir Alter Échos n°205).Rééditée dans le cadre des Assises des SSM, la consultation via un site internet présente plusieurs avantages, selon la ministre.  » Un plus grand nombre de personnesparticipent à la réflexion : nous avons enregistré 239 contributions écrites ; dans la plupart des colloques, seul quelques leaders ont le temps de prendre la parole. Deplus, en l’absence de contradicteurs, les internautes peuvent développer leur propos jusqu’au bout, ce qui donne des contributions souvent plus riches.  » La formule permet en outreune concertation en amont : 71% des contributions sont le fruit d’une discussion collective d’équipes de centres de santé mentale.

Un coup d’oeil sur les forums de l’e-colloque nuance quelque peu cet enthousiasme. Il s’agit parfois de questions abruptes ou de coups de gueule peu propices au débat.Ceux-ci peuvent néanmoins constituer un indicateur intéressant de désarroi, de difficulté à se faire généralement entendre.

De l’ensemble du matériau, synthétisé par Vincent Gérard – chargé de mission à l’Institut wallon pour la santé mentale (IWSM) – lesorganisateurs ont dégagé trois thèmes mis en discussion lors de cette journée de rencontre1. Près de 250 personnes – professionnels, fonctionnaires,usagers – ont participé aux ateliers.

Comment accueillir toute demande ?

D’entrée de jeu, la ministre a insisté sur cette spécificité :  » La santé mentale ne se réduit pas à l’absence de maladie mentale. Toutun chacun est susceptible, un jour ou l’autre, de faire appel à un SSM.  » Les chiffres en témoignent : aujourd’hui, 1 wallon sur 100 fréquente un SSM, 5% de lapopulation y a eu recours ces 10 dernières années !

Selon les participants, pour rester a priori ouvert à toute demande (une option dont les modalités ne font pas l’unanimité des professionnels présents), il fautdu temps et des compétences, donc du personnel qualifié en nombre suffisant. Ici, la ministre entend donner la priorité au rattrapage de disparités entre le nord (mieuxdoté) et le sud du sillon Sambre-et-Meuse ainsi qu’à compléter les petites équipes.

Pour certains, il est important de sortir des murs du service et de rencontrer les usagers dans leur lieu de vie. Quelques services expérimentent cette démarche, en binôme -un(e) psy et un(e) assistant(e) social(e). Une offre qui ne serait généralisable qu’en dégageant du temps de travail, donc, sans doute, des moyens budgétaires.

Un accueil professionnel nécessite aussi une formation spécifique des personnes qui y sont confrontées, soulignent les professionnels de la santé mentale. Une demandeque semble avoir anticipée la ministre qui promet de fixer un quota minimum d’heures de formation continue du personnel des SSM.

Quant aux usagers, ils insistent sur la nécessité, en amont de l’accueil, de mieux faire connaître les SSM et les services que chacun est susceptible d’ysolliciter.

Quel travail en réseau ?

Les contributions à l’e-colloque témoignent d’une tension entre deux conceptions du travail en réseau. L’une, structurée autour de groupes cibles depatients, de partenaires et de territoires prédéfinis, est actuellement expérimentée à travers les  » réseaux et circuits de soins  » pilotés par leministre fédéral de la Santé, Rudy Demotte (PS). L’autre, centrée sur un accompagnement intégré et des soins spécifiques à chaquepatient, constitue la mission prioritaire des SSM.

Sous-jacentes à cette tension, quelques questions de fond : est-ce la trajectoire du patient ou le type de structure qui doit déterminer l’articulation entre les partenaires duréseau ? Le travail en réseau doit-il prioritairement se concentrer sur la prévention ou sur le thérapeutique ? Jusqu’où et à quelles conditions lesecret professionnel peut-il être un  » secret partagé  » entre partenaires ?

Autant de questions qui, pour trouver des réponses, devront sous-entendre la prise en compte de deux principes largement partagés par les participants. D’abord, lesmodalités du travail en réseau ne doivent pas être standardisées. Ensuite, l’efficacité du travail en réseau dépend aussi d’unestructuration administrative plus cohérente et mieux coordonnée.

En Wallonie, l’enjeu majeur dans les toutes prochaines années consistera à affirmer et à faire reconnaître la spécificité de son travail en réseautout en accompagnant les évolutions du système des soins de santé en préparation.

Appel à l’équipe !

Troisième enjeu : la qualité de la composition et la dynamique des équipes. En atelier, les participants ont insisté notamment sur l’importance de la fonction dupsychiatre, qui doit rester le responsable des centres de SM. La plupart estiment qu’il faut trouver des pistes pour augmenter le temps de travail disponible des psychiatres en SSM.

Dans le même temps, les participants plaident pour une meilleure reconnaissance de la fonction de responsable de la gestion journalière (formation et revalorisation) ainsi que decelle de secrétaire. Pour certains, une meilleure articulation entre ces trois fonctions (responsable de centre, gestion journalière, secrétariat) serait une des clefs devoûte d’un travail d’équipe de qualité.

L’évolution des demandes et du travail des SSM appelle également une recomposition des équipes. La multiplication des partenaires impliqués dans un accompagnementappelle l’intégration d’agents de liaison (pour les sections  » adultes « ). Quant à la demande de s’adjoindre les services de logopèdes et de psychomotriciens(sections  » enfants « ) elle répond à la dégradation alarmante de la santé mentale des enfants, en lien avec leur situation socioéconomique, observée par denombreux professionnels.

Suite du programme

Le rapport final des Assises sera rédigé par l’IWSM. Celui-ci ainsi que le Conseil régional des services de santé mentale se verront ensuite confier par laministre la mission d’en dégager des recommandations. Ces dernières viendront compléter les lignes directrices déjà définies par le cabinet pourinspirer la réforme du décret. Adoption prévue dans le courant 2007.

1. Les comptes-rendus d’ateliers seront prochainement disponibles sur le site www.ecolloques.be

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