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Après la prison, la discrimination ?

Active depuis près de vingt ans, l’asbl bruxelloise « Après »1 travaille à la réinsertion sociale et professionnelle de détenus etd’ex-détenus.

30-01-2009 Alter Échos n° 266

Active depuis près de vingt ans, l’asbl bruxelloise « Après »1 travaille à la réinsertion sociale et professionnelle de détenus etd’ex-détenus.

C’est le coup de feu, ce mercredi 28 janvier, à l’asbl « Après ». La dame qui nous accueille s’excuse presque : « Il y a beaucoup de chercheurs d’emploi aujourd’hui». Et effectivement, les bureaux sont pleins à craquer. Il faut dire qu’à l’heure actuelle, la réinsertion de détenus ou d’ex-détenus n’est pasà proprement parler un thème à la mode et que, dès lors, les endroits susceptibles de fournir ce type de travail sont peu nombreux… et encombrés. « Leproblème lorsque l’on tente de réinsérer ce public est qu’il existe une discrimination importante à son égard, que ce soit pour l’accès à desformations ou le fait de décrocher un emploi, déclare Rémi Palombino, qui travaille pour le secteur ISP de l’asbl. Le casier judiciaire et ses conséquences sont lourdsà porter, enchaîne-t-il. De plus, lorsque nous prenons un détenu ou un ex-détenu en charge, nous nous heurtons également à une série deproblèmes administratifs souvent inextricables, dus en partie à l’absence d’une réelle politique de réinsertion. »

Entre 25 et 30 % de mise à l’emploi

Malgré ce constat que l’on pourrait croire désabusé, l’asbl et ses dix travailleurs se battent avec les moyens du bord, principalement fournis par Actiris (avec uneintervention du Fonds social européen), Bruxelles Formation et la Communauté française. « Pour les détenus, nous travaillons principalement avec les prisons deSaint-Hubert, Saint-Gilles, Forest, Berkendael et Ittre, continue notre interlocuteur. Dans ce cadre, notre première activité est de servir d’interface entre le détenu et lesorganismes de formation. Le but est ici d’effectuer un suivi individuel qui permette au détenu de trouver une formation et de se voir décerner une autorisation de sortie de prison poursuivre ladite formation. »

Deuxième type d’activité mené par « Après », l’atelier de recherche active d’emploi (RAE), est lui plus centré sur les « libérés». Ici, l’objectif est d’offrir aux ex-détenus la possibilité d’apprendre à rédiger un curriculum vitae, une lettre de motivation ou d’effectuer unciblage des offres d’emploi. « Lors de « tables emploi », nous mettons également à leur disposition le matériel nécessaire : des enveloppes, untéléphone, un fax, une photocopieuse. » Avec des résultats plutôt positifs, à en croire Stefan Cristel, conseiller emploi « RAE » : «Sur l’ensemble des personnes que nous accueillons (122 en 2007), entre 25 et 30 % trouvent un emploi. Et si l’on ne compte que les gens nous rendant visite de manière régulière,ce pourcentage monte à environ 50 % de « taux de placement ». »

Plus loin, l’asbl organise des « Groupes Prison », au sein d’organes pénitentiaires, trois fois par an, durant deux mois et demi. « L’objectif de cette démarche estde faire de l’orientation professionnelle, déclare Rémi Palombino, en charge du projet. Mais une fois passés les murs de la prison, on se rend compte que les détenus nesont plus dans une optique de projet parce que, finalement, c’est ce qu’on attend d’eux dans le milieu carcéral : ils ne sont pas supposés penser ou faire quoi que ce soit et celadéteint sur leur comportement. On les trouve souvent presque dépossédés de leur propre vie. Dans ce cadre, faire de l’orientation professionnelle peut paraîtreétrange. On essaie alors de travailler de manière plus globale, sur leurs habilités sociales. »

Discrimination : une incitation à la récidive ?

Si « Après » organise également un service d’aide aux détenus et qu’on aurait bien envie d’en parler, il semble qu’inlassablement, le casier judiciaire, ladiscrimination et leurs conséquences se réinvitent au sein de la discussion comme si, finalement, c’était bien là que se situait le nœud du problème. «On ne se rend pas compte comme cette situation est problématique, concluent nos interlocuteurs. La discrimination favorise la récidive. Les gens qui viennent nous voir nous le disentsouvent. Faute de chances de réinsertion, ils traînent parfois longtemps et puis, un jour, tombent sur une connaissance qui leur propose un « coup », et c’est reparti… »

1. Asbl « Après » :
– adresse : chaussée d’Alsemberg, 303-309 à 1190 Bruxelles
– tél. : 02 219 57 90
– courriel : apres@skynet.be

Julien Winkel

Julien Winkel

Journaliste (emploi et formation)

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