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Albert Carton (CNE) sur le plan Tandem : un accélérateur de changement pour les institutions

Le plan Tandem constitue une première pour l’organisation des fins de carrière dans le non-marchand. Pour rappel, finalisé en février par le ministre ThierryDetienne et les partenaires sociaux du secteur de l’hébergement, il consiste en une réduction du temps de travail des professionnels âgés, couplée à unmécanisme financier qui ne fait diminuer leurs revenus nets que de 15 %, et à une obligation d’embauche compensatoire (cfr notre dernier numéro pour les détails surle fonctionnement du dispositif).

01-08-2005 Alter Échos n° 138

Le plan Tandem constitue une première pour l’organisation des fins de carrière dans le non-marchand. Pour rappel, finalisé en février par le ministre ThierryDetienne et les partenaires sociaux du secteur de l’hébergement, il consiste en une réduction du temps de travail des professionnels âgés, couplée à unmécanisme financier qui ne fait diminuer leurs revenus nets que de 15 %, et à une obligation d’embauche compensatoire (cfr notre dernier numéro pour les détails surle fonctionnement du dispositif).

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Nous avons rencontré Albert Carton, un des représentants de la CNE (Confédération nationale des employés)1 au sein de la CP 319.02.
« Le secteur, et en particulier le fonds Isajh, s’est penché depuis quelques années sur les questions d’usure professionnelle. Il y a deux ans et demi, avec les mesures Onkelinx,on a commencé à réfléchir à utiliser cela pour que l’usure ne provoque pas systématiquement l’éviction du marché du travail. Jusqu’ici, lesdeux situations “normales” sont les suivantes. Soit on quitte son emploi purement et simplement, et c’est surtout le fait des femmes. Soit on trouve une seconde occupation, sans aucunrapport avec le social, qu’on se met à utiliser comme une perspective de reconversion. On désinvestit donc son emploi, et d’autant plus fort que le salaire est faible. »

Albert Carton montre en quoi le plan Tandem rencontre des problématiques professionnelles aiguës. Il insiste surtout sur ses avantages, mais pointe aussi des risques. » Endéfendant le principe du plan sur le terrain il y a un an et demi, on a constaté un gros engouement pour le maintien proposé de l’équilibre entre revenu et travail.Très vite, on a vu apparaître trois autres débats.

> D’abord un risque de déficit d’équité par rapport aux jeunes. L’embauche compensatoire est un mi-temps sans ancienneté. Cela veut dire qu’on ne peut passystématiquement appliquer la convention collective du secteur qui consiste à pourvoir les postes vacants en priorité en offrant des compléments aux travailleurs àtemps partiel déjà en place. De plus, avec le Maribel social, avec d’autres mesures de réduction du temps de travail comme le congé éducation, ou avec les nouvellesexigences en matière de qualifications, le temps partiel se répand pour les jeunes qui entrent dans le secteur.

> Vient ensuite un second risque d’iniquité à l’entrée, pour les femmes. Ce sont elles qui occupent la majorité des temps partiels dans le secteur.

> Enfin, il faut noter un risque d’iniquité pour les femmes à la sortie. Il y a proportionnellement moins de femmes que d’hommes qui ont atteint l’ancienneté maximaleà 50 ans. Les femmes devront donc être en moyenne plus âgées pour bénéficier du plan Tandem, et en bénéficieront pendant moins d’années.Alors que ce sont elles qui, déjà sans le plan, ont les sorties de carrière les plus brusques. »

Dernière question sur la manière dont le plan va s’appliquer : comment cela se passera-t-il dans des services où la moyenne d’âge du personnel est élevée ?« Ce n’est pas tant la moyenne que les écarts d’âge qui comptent. Il semble en effet qu’il y ait des services où 20 % de l’équipe se dit intéressé.Autrement dit, il y aura beaucoup de cas où le plan sera un gros facteur de changement pour les institutions vu la recomposition des équipes qu’il accélère. Les casproblématiques, on est déjà d’accord avec les employeurs pour en discuter paritairement, au niveau du secteur. C’est qu’eux aussi ont intérêt à ce que lapénibilité des fonctions soit mieux gérée, et donc à ce que le plan marche bien. »

Perspectives

Pourquoi avoir choisi ce secteur pour inaugurer cette manière de travailler sur l’usure professionnelle ? La réponse est simple : parce qu’il représente un volume d’emploisimportant et parce que le ministre de tutelle s’est tout de suite montré ouvert à la discussion, explique Albert Carton. Et il ajoute : « Mais on commence à discuter de lamême chose avec la ministre Maréchal pour l’aide à la jeunesse, et avec Detienne pour les maisons d’accueil. » Comment la demande sera-t-elle reçue alors que lesecteur exprime ses craintes quant aux possibilités pour la Communauté de financer à 100 % sa masse salariale en 2003 et 2004 ? « Il faut bien se rendre compte qu’une tellepolitique n’est pas chère au vu de ses effets » tranche Albert Carton.

Il ajoute que d’autres initiatives sectorielles sont en discussion, qui s’appuient sur le crédit-temps pour répondre à des préoccupations des partenaires sociaux.Ainsi, la question des carrières coupées des aides familiales pourrait donner lieu à un mécanisme qui permet d’assurer une ancienneté pleine malgré unretrait temporaire du marché de l’emploi, et aussi des revenus complémentaires pendant la pension. En matière de formation aussi, d’autres possibilités sont àl’étude.

1. CNE, rue du Page, 69-75 à 1050 Bruxelles –tél. : 02 538 91 44 – fax : 02 538 58 39.

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