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Regard critique · Justice sociale

Aider certains jeunes à trouver un emploi

« Young Invest », un service de la mission locale d’Ixelles, tente de mettre les jeunes Bruxellois à l’emploi en les accompagnant et en travaillant au niveau desentreprises censées les accueillir.

11-09-2011 Alter Échos n° 322

« Young Invest »1, un service de la mission locale d’Ixelles, tente de mettre les jeunes Bruxellois à l’emploi en les accompagnant et en travaillant auniveau des entreprises censées les accueillir.

C’est un lieu commun : l’emploi des jeunes à Bruxelles est l’un des gros défis de la capitale pour les années à venir. Parmi la multitude de dispositifs mis surpied afin de remédier au chômage des dix-huit/vingt-six ans, la mission locale d’Ixelles a développé depuis septembre 2010 un projet intéressant. Celui-ci,appelé « Young Invest », est parti d’un constat assez simple : « Les jeunes n’accrochent pas au canevas traditionnel de l’aide à l’emploi, expliqueJulien Romiti, en charge du projet. Nous avons donc essayé de créer une structure qui puisse les accueillir. Il fallait modifier nos pratiques pour coller à leurréalité. Et du côté des entreprises, il fallait tenter de résoudre l’absence de “matching”, de contact entre elles et les jeunes. » Cettemodification consiste principalement en une plus grande souplesse vis-à-vis de ces jeunes, notamment au niveau des entretiens. « Comme pour le travail “classique” de lamission locale, poursuit-il, mon travail avec le jeune commence par un entretien individuel, mais la grosse différence intervient dans le fait que ma porte lui reste ouverte. Quand il veut, ilpeut revenir sans rendez-vous. » Au niveau des entreprises, Julien Romiti tente de développer un réseau d’employeurs prêts à accueillir les jeunes qui –c’est important – peuvent provenir de n’importe quelle commune bruxelloise.

Le réveil à l’âge de vingt ans

Le travail de Young Invest ne s’arrête pas là. Au niveau formel, la rédaction de c.v., la simulation d’entretiens d’embauche ou encore l’organisation d’un module« attitude » sont au programme, ce qui ne diffère pas d’un travail de jobcoaching classique. Mais là où Julien Romiti apporte sa touche personnelle, c’estdans son approche. Il s’agit en effet pour lui de confronter les jeunes à une certaine réalité, la leur. « Le gros problème avec les jeunes que j’accompagne,c’est qu’ils sont sous-qualifiés et, surtout, qu’ils ne savent absolument pas comment s’y prendre pour trouver du boulot, déplore-t-il. Quand ils arrivent chez moi, ils ontdéjà en général trois ou quatre années de décrochage derrière eux. Une fois le lien avec l’école rompu, ils sont lâchés dans lanature et personne ne prend le relais Et puis, vers vingt ans, ils se réveillent et se disent qu’il leur faut un boulot, qu’ils doivent gagner de l’argent. Le tout sous la pression familiale,du copain ou de la copine. » On comprend mieux ce que « les confronter à la réalité » signifie…

« Il y a des phénomènes de mode, constate-t-il. A l’heure actuelle, toutes les filles veulent faire de la vente et globalement, les métiers de stewards urbains ontaussi la cote. Il y a deux ans, c’était les titres-services. Même si j’essaie de les contenter, je tente aussi de les faire réfléchir, de les inciter à aller voircomment se passe tel ou tel travail pour qu’ils réalisent vraiment ce que cela représente. » Ou de leur faire envisager une éventuelle formation. « C’estune piste que j’exploite, explique Romiti. Je ne pousse pas au travail, je ne suis pas une agence d’intérim. »

Une vraie démarche sociale

Le placement dans les entreprises partenaires prend le plus souvent la forme de CDI. Des entreprises qui, d’après Romiti, ont tout à y gagner. « Soyons clairs, dit-il, cesont des boîtes qui font du gros recrutement en général, pour des postes infraqualifiés. Pour elles, cela signifie un gain de temps, de moyens. Je connais mes jeunes, jesais très vite qui je peux proposer et à qui pour que cela se passe bien. Je peux aussi effectuer des “mises au point” avec les jeunes une fois qu’ils sont dansl’entreprise. » Un stage de trois jours (pris en charge financièrement par la mission locale) pour voir si les choses se passent bien est aussi possible, ce qui est toutbénéfice pour les entreprises. « Je suis étonné de voir combien certaines grosses boîtes semblent enclines à effectuer une vraie démarchesociale en accueillant ces jeunes. C’est très bien », dit-il.

Il semble que le système fonctionne puisque sur les cent quinze jeunes suivis par Young Invest depuis un an, soixante ont connu une « sortie positive » (emploi ouformation). Ce qui fait réagir Julien Romiti : « Quand je vois comment on arrive à remettre le pied à l’étrier à ces jeunes, cela me fait parfoismal de penser aux milliers d’autres qui traînent sans travail, faute d’accompagnement adéquat », déplore-t-il.

1. Young Invest :
– adresse : place du Champ de Mars, 4 à 1050 Ixelles
– tél.: 02 515 77 55
– courriel : j.romiti@missionlocalexl.be
– site : www.younginvest.be

Julien Winkel

Julien Winkel

Journaliste (emploi et formation)

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