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Regard critique · Justice sociale

Panpan Culture

À la rencontre des «automates ambulants»

Graziella Van Loo signe une création radiophonique sur la maltraitance institutionnelle, du point de vue des jeunes mais aussi de travailleurs sociaux.

Crédit Illustration : Manu Scordia

Est-ce une investigation, un conte? Un documentaire, une fiction? Une biographie, un récit collectif?

C’est tout ça à la fois. Et surtout, «un outil, un prétexte pour parler de la maltraitance institutionnelle», précise d’emblée Graziella Van Loo, qui, on la connaît via ses Micros ouverts, préfère écouter – donner à entendre – plutôt que parler.

Sa création, «Ces jeunes qui écoutent leurs cheveux pousser, conté par un qui a les cheveux longs», n’échappe pas à ce credo, quoique…

Graziella Van Loo préfère écouter – donner à entendre – plutôt que parler.

Les pérégrinations sonores – entre western et comédie musicale – nous font croiser «l’éducatrice à la Fourchette», le collègue «25 années d’expérience», l’«homme à tout faire», mais aussi le perfectionniste, le mouchard, la chrétienne le cœur sur la main, le rebelle antisystème, une galerie de portraits de travailleurs sociaux que tour à tour elle raconte et confronte, sans jamais leur divulguer sa propre expérience. «Tout est issu de notes consignées dans mes carnets quand je travaillais. Je n’ai rien inventé, tout est vrai… enfin pour moi», nous explique Graziella.

À travers la rencontre de «ces automates ambulants», c’est tout un système qui se dessine, celui d’une institution, avec un code de lois dont le premier article est l’interdiction de ne rien faire, de souffler, de se lever par soi-même… d’écouter ses cheveux pousser. «Quand tu vis des trucs difficiles, tu dois être plus autonome que la majeure partie des gens, et l’institution te casse, te rend dépendant du système», commente-t-elle.

Dans le quatrième acte de cet opéra foutraque, joli comme un diamant brut, Graziella quitte le jeu pour le je, ouvre la boîte de Pandore et déverse une matière mûrie, ruminée, chargée, celle de son expérience de jeune ado placée, enfermée, désincarnée, gavée, broyée dans une institution «Le Détour» qui a dû mettre la clef sous la porte grâce à la Ligue des droits humains.

Comme un cri longtemps contenu remonté à la surface, ses mots sont ceux de tous ces enfants mutés, mutiques. Et ça laisse sans voix.

À écouter sur www.acsr.be ou sur le site de l’émission Par Ouï-dire.

Manon Legrand

Manon Legrand

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