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Regard critique · Justice sociale

Petite enfance / Jeunesse

À Forest, des jeunes sans-abri trouvent un accueil

Une structure d’accueil pour de jeunes sans-abri à Forest

L’asbl Les Petits Riens a ouvert, en décembre 2012, une structure d’accueil pour de jeunes sans-abri à Forest. Plus qu’un toit, elle propose un véritable projet de réinsertion socioprofessionnelle.

Le public des sans-abri a sensiblement rajeuni ces dernières années. Les maisons d’accueil pour adultes ne sont pas toujours la solution idéale pour des jeunes désorientés et en mal de repères.

Forte de ce constat, l’asbl Les Petits Riens a décidé d’ouvrir « @Home 18-24 », une maison d’accueil pour les moins de 25 ans au sein de la capitale afin de répondre aux besoins d’une population particulièrement vulnérable. Le but : se montrer à l’écoute et élaborer avec chaque jeune un projet individuel et collectif pour mieux se confronter aux réalités de la vie.

Après neuf mois d’existence, le directeur des affaires sociales André Bouret sait que le home répond à une réelle nécessité : « Nous accueillons de très jeunes gens qui ont déjà beaucoup galéré, avec souvent un passé institutionnel, voire carcéral. Ils sont perdus et nous devons essayer de leur ouvrir des perspectives. Dans notre autre maison d’accueil, nous voyons les plus âgés en quête d’un logement et d’un boulot. Les plus jeunes ne le formulent pas de cette façon, ce qu’ils veulent c’est du « pognon pour s’en sortir » ! À nous de les pousser à se prendre en main, de penser à une formation. Formation qui leur paraît longue et fastidieuse, notre société favorisant l’idée du « tout tout de suite ». Nous avons réalisé que nous devions nous battre contre ces réticences. Seul un climat de confiance permet de comprendre leurs craintes, passée l’urgence de ne plus être à la rue. Si nous avons ouvert cette maison, c’est pour accompagner des jeunes en pleine immaturité et les aider à redémarrer. »

Comme une famille

15 lits, des chambres individuelles, des sanitaires en suffisance, un accès internet et surtout de vrais échanges qui visent à rassurer, entourer et apprivoiser la vie en collectivité.

« Nous avons voulu une petite structure en misant sur la proximité avec les travailleurs sociaux. L’ambiance y est familiale, ils se retrouvent tous ensemble, à pouvoir discuter, à se remotiver. Avec le mois de septembre, beaucoup de formations ont repris et nous sommes là pour les orienter au mieux. La vie en groupe demande à ce que chacun participe aux tâches quotidiennes. L’un ira faire les courses et s’occupera de l’intendance avec un éducateur, le lendemain il nettoiera les communs, un autre jour il préparera le repas ou fera la vaisselle… Ils doivent absolument prendre en charge les petits travaux du quotidien, des plannings sont établis. Et là aussi il y a un apprentissage à acquérir : certains rechignent. À quoi on leur répond qu’il s’agit de respect de l’autre et également d’être, tout simplement, dans la vie active. Malgré les mouvements d’humeur, l’esprit de groupe s’impose rapidement. L’un de nos résidents, d’origine asiatique, a désiré nous préparer tout un repas de chez lui. Cet été, nous avons confectionné des bancs dans le jardin et c’était bien agréable de pouvoir s’y asseoir. Autant de petites choses qui renforcent la solidarité. Il m’arrive d’arriver tôt le matin et de prendre le petit-déjeuner avec eux, je les sens relativement sereins, s’adaptant à un rythme bien établi. »

Tout doux

Le home fonctionne avec une directrice, un assistant social et trois éducateurs, dont un, la nuit. Si aujourd’hui, il affiche souvent complet, les quinze lits n’ont pas été immédiatement occupés. Volontairement.

« Nous avons démarré en douceur pour permettre de nous développer au mieux. Je me souviens avoir passé le Nouvel An avec cinq jeunes désireux de s’intégrer à cette structure. Il est arrivé que nous devions demander à certains de partir en raison de leur refus d’accepter des règles de bien vivre. Justement, nous essayons de ne pas accepter de pensionnaires dans l’urgence qui ne resteraient que quelques jours. Nous privilégions des jeunes avec qui nous pouvons construire quelque chose. Il n’y a aucune limite de temps, certains sont chez nous depuis plusieurs mois, nous faisons juste attention à ce qu’ils ne tombent pas dans un état « cocoon » qui deviendrait seulement une solution de facilité. Chaque projet est évalué régulièrement selon la personne. Si notre structure se veut, à la base, mixte, nous n’avons accueilli que des garçons, pour des raisons pratiques et logiques ! »

Les jeunes arrivent au home soit de leur propre initiative, soit via d’autres institutions, la maison d’accueil pour adultes… Quoi qu’on en pense, ils ne sont pas tous en rupture familiale « Si plusieurs ont encore des contacts avec leurs parents, nous constatons que ce n’est pas toujours pour un mieux. Certains reviennent d’un week-end passé dans leur famille cassés et démoralisés. Difficile de faire la part des choses. En tout cas, le premier bilan que je peux tirer de cette expérience est extrêmement positif, il est certain que nous avons visé juste avec ce projet. »
@Home 18-24 est reconnu par la COCOF.

En savoir plus

Alter Échos n° 343 du 31.08.2012 : Toujours plus de jeunes sans-abri

Gilda Benjamin

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