Récemment, nous avons pu prendre connaissance d’une enquête réalisée par l’Orbem auprès des artistes bruxellois. Elle confirme ce qu’on entend sur le terrain etles (rares) études réalisées à ce jour : le parcours d’un artiste n’a rien à envier à celui d’un combattant.
L’étude a été menée conjointement par l’Orbem1 et la Mission locale de Schaerbeek2 au cours du premier quadrimestre 2006. Un questionnaire avaitété envoyé à 3 370 artistes de la Région de Bruxelles-Capitale et 864 ont répondu (774 francophones, 90 néerlandophones), soit 25,6 %. Pour lesauteurs de l’étude, ce taux de réponses témoigne du “vif intérêt suscité par cette enquête”, quand on sait que “le taux deréponse à une enquête de satisfaction avoisine les 10 %”.
Au niveau des constats généraux, on retiendra :
• 72 % des personnes interrogées déclarent exercer une activité artistique (surtout dans le secteur des cinéma – théâtre – audiovisuel) ;
• 48 % possèdent le statut d’artiste (certains n’en ont jamais entendu parlé) ; et
• 90 % souhaitent exercer une activité artistique dans le futur (quelles que soient les difficultés rencontrées ou à venir).
Quels sont les besoins?
Le questionnaire était constitué de questions fermées, pondérées en fonction d’une échelle croissante d’importance, et qui pouvaient êtrecomplétées par des remarques, ainsi que de questions ouvertes.
Au niveau des besoins, il apparaît que :
• 73 % sont demandeurs d’informations sur le statut d’artiste. La demande a été traduite par “un guichet unique propre aux artistes et spécialisé dans lesquestions relatives à la sécurité sociale, au droit social et à la fiscalité” ;
• “61 % veulent être informés sur les possibilités de formations artistiques ou proches de leur domaine d’activité”, soit disposer “d’un lieu uniquede centralisation et de diffusion de l’information sur les formations propres aux différentes disciplines artistiques” ;
• 54 % souhaitent disposer “d’outils performants” pour leur recherche d’emploi : “Le press-book, un site web, une démo, la publicité et du matérielinformatique sont les outils de recherche d’emploi des artistes” ;
• en matière “d’accompagnement dans l’élaboration de son projet d’artiste”, 39 % n’en voient pas l’utilité et 36 % considèrent cela comme primordial. Ici,la demande peut se résumer par avoir “une structure ou des personnes compétentes qui accompagnent des projets artistiques soit dans leurs dimensions administratives et comptablessoit dans leurs aspects artistiques” ;
• 50 % ont besoin d’un soutien dans le cadre de leur recherche d’emploi, de préférence par “une structure ou des personnes spécialisées dans la disciplineartistique de l’artiste” ;
• “68 % veulent être tenus au courant des dates d’événements, festivals, concours”, par exemple via un agenda en ligne ;
• “63 % ont besoin d’un agent ou d’une structure qui prendrait en charge la promotion de son travail”, défendrait leurs droits et le soutiendrait dans sa création ;
• 62 % veulent être en relation avec des professionnels de leur discipline pour “partager, échanger et créer”.
Par rapport à l’Orbem et ses autres partenaires, les artistes veulent “être informés, soutenus, défendus et reconnus comme toute autre catégorieprofessionnelle.” Ils souhaitent la mise sur pied d’une politique culturelle plus “soutenante”, “qui reconnaît les artistes”, “une centralisation et une plusgrande visibilité des possibilités d’emploi”, un cadre légal définissant leurs droits et leurs obligations au travail.
Propositions de réponses
En tout, les auteurs de l’enquête identifient trois types de réponses : l’information, l’accompagnement et la recherche d’emploi. En ce qui concerne la première, les pistesévoquées sont la création de brochures spécialisées, la mise sur pied de permanences et de séances d’information spécifiques et le créationd’un site internet. Pour mémoire, citons la brochure destinée aux artistes bruxellois et coéditée par la Mission locale de Schaerbeek et l’asbl ILES.
Sur l’accompagnement, il est clair que celui-ci devra être “spécialisé, personnalisé et compétent”. La création d’un réseau departenaires spécialisés pourrait s’avérer des plus efficaces, de même que la mise sur pied d’une permanence “artiste” avec des conseillers de l’Orbem ayant uneformation artistique.
Enfin, la recherche d’emploi pour les artistes nécessite la création d’une base de données adaptées à l’offre et à la demande du milieu artistique,d’outils spécifiques : table d’emploi ou atelier de recherche active d’emploi destinés aux artistes. Sur les aspects propres à une meilleure politique culturelle, l’Orbemrappelle que cela ne relève pas de ses compétences.
1. Orbem (http://www.orbem.be), bd Anspach, 65 à 1000 Bruxelles –
tél. : 02 505 78 59 – courriel : info@orbem.be
2. Mission locale de Schaerbeek (www.milocs.be), rue de Jérusalem,
46 à 1030 Bruxelles – tél. : 02 247 77 20 – courriel : secretariat@milocs.be –