En Wallonie, une compagnie de transport recourt aux services de routiers originaires de Roumanie. Une situation qui génère certaines tensions avec les camionneurs du cru, même si elles restent contenues dans la mesure où les chauffeurs cohabitent peu. Les aires autoroutières, en revanche, semblent cristalliser une exaspération latente.
Lundi matin. Il est 4 heures. Sam insère sa «carte chauffeur» dans le tachygraphe. L’appareil électronique, intégré à tout véhicule de plus de 3,5 tonnes, enregistre ses temps de conduite et de repos. «Ici, ce sont les appartements des chauffeurs détachés, indique Sam le routier, le doigt pointé vers une bâtisse aménagée. Là-bas, il y a la maison du chef mécano. Il est de garde. Il est Roumain tout comme le chef d’équipe qui parle français. Lui, il est au bureau en permanence. Il est chargé de coordonner les détachés. On ne les voit jamais, sauf aux fêtes d’entreprise, mais ils ne parlent pas français. Tu essayes de communiquer avec eux, deux, trois fois avec les mains puis t’es vite fatigué. D’autant que, dans six mois, ils auront changé. S’ils sont bien entourés et qu’ils se débrouillent en français, ils peuvent couvrir le marché intérieur. Certains s’installent alors ici sous contrat belge comme mon pote Adam, mais c’est rare.»
«Les travailleurs sont engagés sous contrat roumain avec un fixe de 400 à 500 euros. Le reste est payé sous forme...