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Regard critique · Justice sociale

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"Rentrée dans les CEFA : entre satisfaction, espoirs, interrogations et doutes face à la réforme"

08-10-2001 Alter Échos n° 106

Trois coordonnateurs de CEFA parlent de leur rentrée et de la mise en place du nouveau décret.
Saint-Gilles : un changement qui reste à confirmer
Marie-Jo Sanchez, coordinatrice au CEFA de Saint-Gilles1ü(CPeons), estime qu’il est beaucoup trop tôt pour dire quels sont les effets de ce décret. Elle fait cependant le constatd’un changement qui reste à confirmer. « Traditionnellement, ce CEFA accueille des jeunes en décrochage scolaire. On a toujours dissuadé des élèves qui avaientsimplement bissé une fois ou qui en avaient marre de l’école en 5e générale. À la rentrée, on a eu, comme chaque année, quelques-uns de ces cas.Après discussion avec l’équipe d’accompagnement, on s’est mis d’accord pour les prendre tous, en sachant que ça va être dur de gérer unehétérogénéité pareille dans les classes. On devait le tenter parce que de toute façon, c’est le nouveau décret. Et on a l’impression que la dynamiquede l’école est en train de changer. Ces quelques élèves minoritaires à la scolarité relativement normale ont un effet positif sur les autres : ils instaurent uncadre dont les jeunes en rupture scolaire étaient incapables de se doter. Il semble aussi y avoir un effet sur la motivation des profs. Mais tout cela reste de l’ordre de l’impression àévaluer. Sur le long terme, ce décret risque malgré tout de renvoyer vers la société toute une série d’élèves. »
« Pour ce qui est de la mise en œuvre technique du décret, on est encore dans l’attente : il n’y a pas d’arrêté d’application et on sera convoqué chez le ministre pouréclaircir tout ce qui serait obscur dans l’interprétation. On vient nous demander notre avis après avoir voté le décret… La vérité est quepersonne ne sait comment le mettre en œuvre. Par exemple, je suis incapable de dire comment on va mettre le Conseil zonal en place. Ça peut coincer parce qu’on ne peut pas recherchercollectivement des conventions avec les entreprises. »
Court-Saint-Étienne : le décret ne ferme pas de portes
Pour Lucienne Daubie, du CEFA libre de Court-Saint–Étienne2, la philosophie du décret ne crée aucune rupture par rapport au projet de son CEFA, un “projetd’excellence”. « Je crois que tout le monde, dans certaines conditions (et ce CEFA est privilégié), peut arriver au maximum de ses possibilités. Ce décret ne fermepas de portes, il en ouvre. Nous avions déjà saisi l’opportunité de l’art. 49 du décret ‘Missions’, il y a trois ans (qui permet de certifier les jeunes desCEFA). Même si pédagogiquement, il faut que les profs de formation générale trouvent des métËodes qui permettent aux jeunes de ne pas bouder la formationgénérale ici comme ils l’ont fait dans le plein exercice. » Pour L. Daubie, « le Conseil zonal ne gèrera pas les relations avec les entreprises : c’est un endroit de concertation,mais qui n’est pas contraignant, il ne va pas m’empêcher d’aller prendre des contacts. » Les seules difficultés possibles qu’elle voit se situent dans la vide existant tant que la CCPQn’a pas défini les listes de formations exclusivement réservées à l’alternance et dans l’attitude du plein exercice : « Présentera-t-il de manière identiqueles deux formules aux élèves? Sinon, on ne pourra organiser en alternance que les formations où il y a pénurie de jeunes dans le plein exercice et là où onne trouve plus les profs pour certains métiers. »
Morlanwelz : des contraintes en plus
Au CEFA de la Communauté à Morlanwelz3, la rentrée est excellente : l’ouverture d’une nouvelle implantation à Thuin permet de passer à 370 élèves.Pour le reste, « Dura lex, sed lex », lance Philippe Blanchart, qui reste fort critique sur l’absence de concertation et le carcan administratif qui sort renforcé. Ainsi, « même si ledécret prévoit l’ouverture vers d’autres zones, ma demande de collaboration avec une entreprise de Philippeville avec laquelle nous avions d’excellents contacts n’a pasété acceptée pour des raisons géographiques, laissant l’entreprise sans partenaire… »
Fin août pour le libre et le 20 septembre pour l’officiel, les différents coordonnateurs ont rencontré le ministre Hazette et le directeur général de l’enseignementobligatoire Jacky Leroy pour éclaircir le décret. Une circulaire est en préparation.
1 Rue de la Croix de Pierre 73 à 1060 Bruxelles, tél. : 02 537 55 37.
2 Rue Belotte 7 à 1490 Court-Saint-Ètienne, tél. : 010 61 41 68.
3 Rue Warocqué 46 à 7140 Morlanwelz, tél. : 064 43 21 88-87.

Donat Carlier

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