Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Social

Quotidien dans un CPAS rural

Christine Vecqueray est médiatrice de dettes au CPAS de Herve depuis 19 ans. Seule aux commandes, si les conditions de travail au sein du CPAS ne posent pas de problèmes particuliers, en revanche les dossiers se complexifient et donnent parfois l’impression à cette médiatrice de rattraper les bourdes d’autres opérateurs.

© Kanar

Christine Vecqueray est médiatrice de dettes au CPAS de Herve depuis 19 ans. Seule aux commandes, si les conditions de travail au sein du CPAS ne posent pas de problèmes particuliers, en revanche les dossiers se complexifient et donnent parfois l’impression à cette médiatrice de rattraper les bourdes d’autres opérateurs.

Lorsque j’appelle Christine Vecqueray, elle précise d’emblée: «Je n’ai pas de remarque particulière à faire sur la structure dans laquelle je travaille. Je suis la médiatrice de dettes pour le CPAS de Herve et on me fait confiance. Je travaille dans le même esprit avec les personnes en médiation: je leur fais confiance, je ne suis pas là pour les contrôler et on ne me le demande pas. La collaboration avec le service social général se passe très bien.» Pourtant, cette médiatrice de dettes confirme les dires de Sandrine Van de Moosdijk en termes de charge de travail: en vingt ans, le nombre de dossiers dont elle a la charge a triplé. Cent médiations de dettes amiables, ainsi qu’une quinzaine de guidances budgétaires sont aujourd’hui son lot quotidien. Dans ce volume, elle prend également en charge des dossiers pour le CPAS de Thimister avec lequel une convention a été signée. «Cette charge de travail m’empêche sans doute de suivre les personnes sur le plan social, de la même façon que par le passé.»

Rentrées de 800 euros

Cette médiatrice abonde également dans le sens d’une complexification des dossiers et des situations sociales qu’elle est amenée à gérer: «J’ai parfois du mal avec le sens de mon travail quand je suis confrontée à des dossiers où les rentrées sont de 800 euros, alors que, pour se situer au-delà du seuil de pauvreté, elles devraient être de l’ordre de 1.200 euros. Les dossiers sans disponible (sans argent disponible pour rembourser les dettes, NDLR) sont légion: avant, avec un chômage on s’en sortait, aujourd’hui, si on n’a pas de logement social, on n’y arrive plus.»

«J’ai le sentiment que c’est une erreur de penser trop vite au RCD», Christine Vecqueray, médiatrice de dettes au CPAS de Herve

Récemment, la médiatrice a été confrontée à la situation d’un monsieur tombé en faillite alors qu’il possédait une holding, structure juridique dont elle ne connaissait pas les tenants et aboutissants. Autres situations qui la choquent: «Le fait que pour un quidam, s’engager dans un contrat de téléphonie, d’énergie est ultrafacile; mettre fin à ces engagements demande nettement plus de démarches, comme si on prenait les consommateurs en otages. La sollicitude des prêteurs à l’égard de personnes bien incapables d’assumer de tels engagements financiers est également choquante.»

Par rapport à la problématique des règlements collectifs de dettes, au CPAS de Herve, on fait exclusivement de la médiation amiable au CPAS de Herve: «Même si le décret wallon le prévoit, j’ai eu certains apaisements de la part du tribunal du travail qui ne semble pas exiger que l’on s’y mette. J’ai d’ailleurs le sentiment que c’est une erreur de penser trop vite au RCD (règlement collectif de dettes, NDLR). Cela ne convient pas à toutes les personnes et à toutes les situations: les créanciers, qui étaient eux aussi demandeurs pendant tout un temps, en reviennent également. Tout le monde n’est pas prêt à s’engager dans cette procédure et quand je vois que je réintroduis des requêtes pour des personnes qui ont déjà été en procédure quelques années auparavant, je m’interroge sur les vertus pédagogiques de ce dispositif.»

Lire le dossier Alter Echos n°421,  «CPAS au bord de l’asphyxie», avril 2016

Dossier Alter Échos n°326-327, «Rural : le social est dans le pré», novembre 2011.

Nathalie Cobbaut

Nathalie Cobbaut

Rédactrice en chef Échos du crédit et de l'endettement

Pssstt, visiteur, visiteuse du site d'Alter Échos !

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, notamment ceux en lien avec le Covid-19, pour le partage, pour l'intérêt qu'ils représentent pour la collectivité, et pour répondre à notre mission d'éducation permanente. Mais produire une information critique de qualité a un coût. Soutenez-nous ! Abonnez-vous ! Et parlez-en autour de vous.
Profitez de notre offre découverte 19€ pour 3 mois (accès web aux contenus/archives en ligne + édition papier)