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Regard critique · Justice sociale

Organisé le 10 novembre à Charleroi par l’Institut Jules-Destrée1 – Pôle Citoyenneté et par le CEDEM2 (et avec le soutien du cabinet du ministrewallon des Affaires sociales et de la Santé et la Communauté française), le colloque intitulé « Des droits sociaux, économiques et culturels » s’inscrit dansune trilogie autour de la question « Quels droits pour quelle immigration ? ». Il était précédé un mois plus tôt par une journée consacrée à laquestion des flux migratoires et des droits politiques en matière d’immigration.
Dans le cadre de son intervention portant sur les droits socioéconomiques et sur l’évolution de l’État providence, Matéo Alaluf (Institut des sciences dutravail – ULB) reprenait l’idée que la position sociale et les possibilités d’intégration dans la société sont déterminées par lespolitiques d’immigration. Le chercheur a retracé le contexte et l’évolution qui ont mené à la situation actuelle. Il a insisté sur ledéveloppement de la protection du travail national à travers laquelle l’État protège ses ressortissants mais aussi avec son lot de corollaires : contrôle desfrontières, nécessité d’un permis de travail pour les étrangers, nécessité de non concurrence à l’égard des travailleurs nationaux,et développement d’accords bilatéraux entre États à l’égard du permis de travail. Dans l’État providence, le travail devient le moyend’accéder à des droits sociaux. Nous retiendrons enfin que, pour le sociologue, « une société intègre. Jamais une personne ne s’intègre ! » ; ilrevient donc à la société, et donc à l’État, d’adopter une politique adéquate et de créer un contexte favorable pour intégrer lesimmigrants et non aux personnes individuelles de s’intégrer.
Quid des politiques publiques ?
Andréa Réa, professeur aux Facultés des sciences sociales politiques et économiques de l’ULB, se penchait sur les politiques publiques en Communautéfrançaise et en Wallonie. Il observait que lorsque la matière était gérée par la Communauté française, de 83 à 93, il y avait des financementsimportants pour la question de l’immigration et des budgets pour le social (par exemple les cours d’alphabétisation), mais aussi au niveau culturel avec le soutien àl’autoorganisation de communautés ethnoculturelles. Avec le transfert de ces compétences à la Région wallonne, de 93 à 96, le chercheur observe un glissementde la réponse du culturel au social et l’orientation des budgets vers la lutte contre l’exclusion sociale. Enfin, il se penche sur la lutte contre la discrimination et la luttepour la reconnaissance.
En ce qui concerne les discriminations, Andréa Réa pointe des discriminations aux niveaux de l’emploi, de l’enseignement et du pénal. Au niveau de l’emploi, ilobserve que les Belges d’origine étrangère sont traités différemment sur le marché et que la Flandre a tenté de palier à cet état de faiten mettant sur pied une politique de discrimination positive à l’emploi. Au cours des débats qui ont suivi, Pasquale Colicchio (animateur Cenforsoc) dénonçait les »carrières extraplanes » des personnes d’origine immigrée dans les entreprises belges. Michel Vanderkam (Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre leracisme) rappelait à ce sujet qu’une étude démontre « l’ethno-stratification » du marché de l’emploi des Belges d’origine étrangère etle manque de mobilité au sein des entreprises. Au niveau de l’enseignement, Andréa Réa relève la difficulté d’agir sur l’Institutionelle-même. Et au niveau pénal, il pointe la surcriminalisation des populations immigrées surtout au niveau de l’action policière. En ce qui concerne la reconnaissancesymbolique de la diversité culturelle, il préconise que l’auto-organisation fasse l’objet de politiques publiques de financement.
Michel Vanderkam dénonce également le manque de transversalité des différentes compétences politiques wallonnes. Il suggère la mise en place de ponts entreles différents leviers de l’intégration (emploi, logement, action sociale, etc.). Si Michel Villan, de la direction de l’action sociale et des immigrés de laRégion wallonne, reconnaît le peu de politique intégrée actuelle, il affirme la volonté de développer une telle politique en Wallonie.
1 Institut Jules-Destrée, av. Louis Huart 9 à 5000 Namur – tél. : 081 22 10 42 – Fax : 081 22 64 11 – courriel : potelle.jf@destree.org – Site : http://www.destree.org – Contact : J.-F. Potelle
2 Centre d’études de l’ethnicité et des migrations (CEDEM), Université de Liège, faculté de droit, sciences politiques, bâtiment 31, bte 38, bd duRectorat 7 à 4000 Liège – tél. : 04 366 30 40 – fax : 04 366 45 57 – Courriel : m.martiniello@ulg.ac.be – Site : http://www.ulg.ac.be/cedem/

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