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"Projet européen Sefsie : "Le jobcoaching favorise l'emploi durable""

21-05-2001 Alter Échos n° 98

On entend par jobcoaching les différentes méthodes d’accompagnement à l’emploi où le suivi du demandeur d’emploi se prolonge après la signature de son contrat detravail. À l’heure où la Fondation Roi Baudouin et la ministre wallonne de l’Emploi se penchent sur le jobcoaching1 à la suite de l’intérêt qu’il a suscitédans le chef de quelques organismes d’insertion socioprofessionnelle2, le Lokaal Werkgelegenheidsbureau (LWB) de la Ville de Gand mettait cette approche en avant à l’occasion d’undéjeuner rencontre sur « L’emploi durable pour les groupes à risques »3.
Pour Griet Wouters du LWB, les employeurs doivent investir plus dans les formations sur le lieu même du travail pour éviter que les personnes qui viennent d’êtreembauchées ne reçoivent ou ne demandent leur licenciement après des périodes de travail très courtes. « Les employeurs ont trop tendance à renvoyer lesproblèmes aux travailleurs : ils doivent aussi regarder de leur côté et se demander s’ils n’augmentent pas trop leurs exigences. Ils sous-estiment complètement lesproblèmes sociaux ou relationnels avec lesquels des gens qui ont été longtemps inactifs doivent se débattre quand ils arrivent finalement à décrocher unemploi. Le jobcoaching envisage ces aspects et facilite le maintien durable dans un emploi pour des chômeurs de longue durée, et diminue en même temps les coûts liésà une forte rotation de personnel. »
Il est apparu, à la suite d’une formation Interface4 aux entreprises métallurgiques Sidmar, dont LWB était partenaire, qu’un bon accompagnement fait nettement ladifférence. « On est parti d’un besoin de personnel de Sidmar, explique Griet Wouters : sept personnes de cinq nationalités différentes ont donc commencé en octobre derniercomme emballeurs de bobines de câbles. Pendant les premières semaines d’accompagnement, nous nous sommes focalisés sur leur sentiment d’insécurité, sur leursrapports avec leurs collègues pendant le travail et pendant les pauses, et sur l’accessibilité de leurs tuteurs. Aujourd’hui, ils sont cinq à être passés sous CDI.On peut complètement arrêter l’accompagnement. »
Griet Wouters reconnaît que le jobcoaching ne compense pas le déficit relatif de productivité d’un chômeur de longue durée fraîchement engagé, mais « unefois que les gens ont trouvé leur place, il n’y a plus de roulement du personnel ». Que le jobcoach soit quelqu’un du personnel de l’entreprise même ou d’un organisme d’insertion ne faitaucune différence. L’important est que les aides à l’emploi ne s’arrêtent pas au moment où le résultat est atteint : « On doit continuer et subsidier toute lapériode de transition dans un nouvel emploi », précise Griet Wouters.
Ces explications sont en fait issues d’un projet européen de recherche-action, Sefsie (Sustainable employment to facilitate social inclusion in Europe), à l’initiative d’organisationspubliques et privées londoniennes dans le cadre du programme européen ý’ »Actions préparatoires pour la lutte contre et la prévention de l’exclusion sociale ».LWB y a participé ainsi que des partenaires de Dresde (Allemagne) et de Gijon (Espagne). En février 2000, le projet a commencé en même temps dans les quatre villes. Uninventaire des mesures et programmes d’aide à l’emploi existants a été effectué, ainsi qu’une description de leur situation socioéconomique. Puis a suivi uneenquête qualitative auprès de responsables politiques, d’employeurs, de travailleurs et d’organismes d’insertion et de formation. On a ainsi pu systématiser la manière dontces différents acteurs voient les raisons pour lesquelles les personnes diplômées au maximum du secondaire inférieur sont plus souvent et plus longtemps au chômage(60% des chômeurs de longue durée à Gand) et les manières dont il pourrait être remédié à cette situation.
Les résultats ont été coordonnés et synthétisés pour une conférence européenne de clôture à Londres début février. »Il n’est pas apparu de différences flagrantes entre les résultats des quatre villes », insiste Griet Wouters. L’enquête montre bien que de nombreuses données sontsystématiquement récoltées sur les efforts des gens pour trouver du travail, mais pas sur le maintien dans l’emploi ou sur le décrochage de l’emploi. « Cela veut dire,toujours selon Griet Wouters, que les gens une fois engagés ne sont plus aidés, alors que souvent ils en auraient bien besoin. »
1 Pour tout renseignement sur l’appel à projets qui vient de s’ouvrir et sur la matinée de travail organisée le 19 juin à Namur sur cette thématique : FRB, Centrede diffusion, tél. : 070 233 065, fax : 070 23 37 27, e-mail : proj@kbs-frb.be ; site Web : http://www.kbs-frb.be
2 Le réseau Flora lance notamment plusieurs projets, ainsi que la Mission régionale de Liège.
3 LWB Gent, Griet Wouters, Kattenberg 2 à 9000 Gent, tél. : 09 269 18 80, e-mail : griet.wouters@gent.be
4 Les formations Interface sont développées par les Comités subrégionaux en Flandre suivant un modèle qui ressemble assez à ce que développent enWallonie les Missions régionales.

Thomas Lemaigre

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