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Pour l’Europe sociale, la Présidence autrichienne préconise la « flexicurité »

Après une année 2005 que le chancelier autrichien, Wolfgang Schüssel, a qualifiée de « terrible » pour l’Union, Vienne s’emploiera surtout à doper lacroissance de l’Europe occidentale et à défendre le concept de la « flexicurité ». Depuis le 1er janvier 2006, l’Autriche est à la têtede la présidence de l’Union européenne (UE) pour six mois. À cette occasion, ce pays qui compte environ 8 millions d’habitants a présenté un agendasocial plutôt favorable aux petites et moyennes entreprises (PME) : « Elles sont, s’il en est, les seuls moteurs de création d’emplois en Europe, elles en sont lesgénérateurs », a insisté M. Schüssel dans son discours d’investiture au Parlement européen, le 18 janvier.

27-01-2006 Alter Échos n° 201

Après une année 2005 que le chancelier autrichien, Wolfgang Schüssel, a qualifiée de « terrible » pour l’Union, Vienne s’emploiera surtout à doper lacroissance de l’Europe occidentale et à défendre le concept de la « flexicurité ». Depuis le 1er janvier 2006, l’Autriche est à la têtede la présidence de l’Union européenne (UE) pour six mois. À cette occasion, ce pays qui compte environ 8 millions d’habitants a présenté un agendasocial plutôt favorable aux petites et moyennes entreprises (PME) : « Elles sont, s’il en est, les seuls moteurs de création d’emplois en Europe, elles en sont lesgénérateurs », a insisté M. Schüssel dans son discours d’investiture au Parlement européen, le 18 janvier.

Ainsi, l’Autriche, qui affichait en 2004 une croissance de 2,4 % (supérieure à la moyenne européenne de 2,1 %) grâce à des relations commerciales fructueuses avecl’Europe centrale et orientale, prescrit la « flexicurité » pour relancer une croissance européenne atone.

Un concept mixte

Pour expliciter ce concept hybride de la « flexicurité », la Présidence a déjà réuni un Conseil informel des ministres de l’Emploi et desAffaires sociales, à la mi-janvier à Villach, au sud de l’Autriche. La nouvelle présidence de l’UE y voit une « stratégie politique » capable demarier flexibilité du marché du travail et sécurité sociale. Et accorde une attention particulière aux « groupes fragilisés etdéfavorisés » sur le marché du travail.

En clair, pour la Présidence, la « flexicurité » indique la marche à suivre pour réformer les systèmes sociaux nationaux en Europe. Y sont inclus lalégislation du travail, l’évolution des statuts, le dialogue entre employeurs et syndicats, la formation continue, le soutien aux chômeurs, l’assurance maladie,l’accident du travail et la vieillesse.

Concrètement, l’Autriche se réfère aux trois piliers du système social danois : la faible protection contre le licenciement, l’accès élargià des prestations d’allocation chômage relativement généreuses et la politique du travail active.

Elle préconise également plus de « perméabilité » entre travail salarié et indépendant. La Suède, indique-t-elle, adéveloppé une assurance chômage pour les travailleurs indépendants, dont les caractéristiques, proches de l’assurance des salariés, faciliteraient lepassage d’un statut à l’autre. Elle défend aussi les contrats « flexibles » – contrats à durée déterminée, temps partiel–, à condition que l’UE en contrôle les usages abusifs.

Enfin, la Présidence prône le maintien et la création de mécanismes sociaux à même d’encourager des « phases de transition » –formation, période d’attente – le transfert des droits à la retraite d’un État à l’autre, la création de caisses autonomes et de pensionscomplémentaires au sein des entreprises.

Un programme dont l’une des premières conséquence serait donc, s’il est mené à bien, de revoir les systèmes de protection sociale des États membres.Mais l’Autriche espère aussi accélérer les possibilités de compromis sur les projets de directives concernant les services, le temps de travail et l’intérim,qui divisent toujours les États en raison justement de leurs impacts sociaux.

Des points de vue divergents

Devant les eurodéputés, Wolfgang Schüssel a affirmé « vouloir les partenaires sociaux » de son côté. Et, jusqu’à preuve du contraire,c’est le cas. La Confédération européenne des syndicats (CES) défend en effet la « flexicurité » contre la déréglementationrecommandée par la Commission européenne. « Certains pays comme le Danemark, la Finlande, la Suède et l’Autriche (…) ont enregistré de nombreuxsuccès. Ils ont promu la “flexicurité”, un concept soutenu par la CES. La flexicurité promeut des normes sociales élevées favorisant la croissance et lechangement », a déclaré John Monks, secrétaire général de la CES.

De son côté, l’exécutif européen semble voir dans la « flexicurité » une forme acceptable de dérégulation, que viendrait pallier,au niveau européen, un fonds d’ajustement à la mondialisation au profit des travailleurs licenciés par leur entreprise : « La régulation du travail doit sefaire de manière intégrée », a souligné Vladimir Spidla, commissaire à l’Emploi et aux Affaires sociales. Et d’ajouter : « Nous devonségalement réfléchir de manière constructive aux contradictions entre la mobilité et les systèmes sociaux nationaux. » Une manière indirecte derappeler que, selon la Commission, ces politiques sont trop souvent laborieuses face aux « exigences de compétitivité » européennes.

nathaliev

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