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Regard critique · Justice sociale

Plan pour l’emploi des Bruxellois : les partenaires sociaux attendent

Dans la lignée du Contrat pour l’économie et l’emploi (C2E), le gouvernement bruxellois vient de sortir un « Plan pour l’emploi des Bruxellois ». À la lecture,force est de constater que les deux documents sont assez semblables. Et pour cause : le Plan pour l’emploi constitue l’opérationnalisation de nombreux chantiers du C2E.

13-01-2006 Alter Échos n° 200

Dans la lignée du Contrat pour l’économie et l’emploi (C2E), le gouvernement bruxellois vient de sortir un « Plan pour l’emploi des Bruxellois ». À la lecture,force est de constater que les deux documents sont assez semblables. Et pour cause : le Plan pour l’emploi constitue l’opérationnalisation de nombreux chantiers du C2E.

Le 14 décembre, lors de la présentation du « Plan pour l’emploi des Bruxellois », le ministre-président bruxellois Charles Picqué1 et le ministrede l’Économie et de l’Emploi Benoît Cerexhe2 ont rappelé les problèmes qui touchaient la Région. Le refrain est connu : la Région est riche,fournit nombre d’emplois, mais peu profitent aux Bruxellois, que ce soit dans le secteur privé ou public ; le taux de chômage (surtout des jeunes) y est plus important qu’en Wallonie etqu’en Flandre ; on constate une inadéquation entre le niveau de qualification du demandeur d’emploi bruxellois et les exigences de qualification du marché de l’emploi, etc. Autant deconstats maintes fois évoqués par le passé.

Aux problèmes, des solutions

Dès lors, le gouvernement bruxellois a décidé d’apporter des solutions. « Il ne s’agit pas d’un catalogue de nouvelles mesures, précisent les deux ministres, maisbien d’une volonté de se concentrer sur l’essentiel, de rationaliser l’existant pour le rendre plus efficace et porteur d’un nouveau souffle. »

Les priorités du gouvernement restent axées sur l’emploi des jeunes, le renforcement du partenariat avec les acteurs publics et privés, la nécessitéd’améliorer les qualifications et la formation, ainsi que l’optimisation des outils publics. Dans les solutions mises en avant, on retrouve bien évidemment les chantiers proposésdans le C2E :

• accès à l’emploi dans le secteur public (chantier 11) avec pour ambition de faire passer le quota de CPE (Convention Premier Emploi, dite « Rosetta ») dans lesadministrations régionales de 1,5 à 3 % ;
• amélioration du fonctionnement de l’Orbem, renforcement de son action et positionnement de celui-ci en tant qu’acteur concurrentiel du placement (chantiers 1 à 4 et chantier 26).Il est par exemple prévu de décentraliser l’action de l’Orbem via la création d’une « maison pour l’emploi » dans chaque commune. Un tel dispositif existedéjà en Wallonie et pour certaines communes bruxelloises – ou certaines en ont disposé par le passé (comme Saint-Josse). Une étude a étécommanditée au SRDU (Secrétariat régional au développement urbain) sur ce point.
• mobilisation des acteurs privés en vue d’atteindre un taux de 50 % de Bruxellois au sein du marché de l’emploi privé via la mise à plat et la contractualisation desaides à l’expansion économique (chapitre 18) ; les aides aux trois secteurs porteurs de l’emploi que sont le secteur du commerce et de l’horeca, le secteur de la construction et dulogement/rénovation et le secteur non marchand (chantier 21) ; les mises à disposition de terrain pour les entreprises par la Société de développement de laRégion de Bruxelles-Capitale (chantier 16) ; l’encouragement des jeunes indépendants ou créateurs d’entreprises (chantier 15) ; les aides accordées au secteur del’économie sociale (chantier 23)… ;
• promouvoir la diversité au sein des entreprises privées et du secteur public en luttant contre la discrimination (chantier 10) ;
• intensifier la lutte contre le travail au noir en renforçant les effectifs (chantier 13) et développant l’utilisation des titres-services (chantier 6).

Le poids de l’intérim

Une attention toute particulière est portée au secteur de l’intérim qui est vu « comme un acteur à part entière de la lutte contre le chômage enrégion de Bruxelles-Capitale ». En 2004, l’intérim a mis au travail 30.520 personnes (9,4 % du total national) et nombre de missions « peuvent se solder par un contratà durée indéterminée pour les Bruxellois ». Pour les deux ministres, il faut faciliter l’accès à ce levier pour les demandeurs d’emploi par le biais de« l’extranet intérim » de l’Orbem. Une convention est à négocier avec la Fédération des entreprises d’intérim (Federgon).

Par ailleurs, poursuivent les ministres, « compte tenu de l’importance du chômage des jeunes particulièrement défavorisés au sein de notre Région, ilest important de développer un projet pilote de Bureau social d’intérim, pour les 16-30 ans [infraqualifiés], avec un bureau d’intérim, l’Orbem et les acteurs de l’ISP,dont le but serait, après une première phase durant laquelle le jeune peu qualifié est formé, si nécessaire, et mis à la disposition d’une entreprise, de luiobtenir un CDI dans cette entreprise ». Concrètement, le « rôle du Bureau social d’intérim est d’assurer « l’interface » entre les approches « commerciales » et « sociales »en accordant une attention particulière à l’environnement, aux antécédents et aux motivations réelles du candidat chercheur d’emploi ».

Un appel d’offres a été lancé pour inciter les acteurs à rentrer des projets tenant compte de la réalité du terrain. Le modèle le plusadéquat sera sélectionné sur la base des critères suivants : la collaboration avec des acteurs de terrain déjà présents, le nombre de missionsd’intérim susceptibles d’être proposées, la viabilité financière. Après évaluation du fonctionnement d’un premier bureau, il est prévu d’encréer d’autres.

Les jeunes, au centre du dispositif

Comme on peut le voir, les jeunes sont au centre du Plan pour l’emploi. L’enjeu est ni plus ni moins de leur « offrir un avenir » et de « développer un « coaching » efficaceet concurrentiel des demandeurs d’emploi » en mettant l’accent sur la responsabilisation.

Sans doute faut-il aussi voir là une réponse aux critiques des syndicats3, qui, début décembre encore, relevaient que le Pacte fédéral desolidarité entre les générations « passe totalement à côté de l’objectif prioritaire de l’emploi des jeunes, enjeu stratégique pourBruxelles, dont la population rajeunit, au contraire de celle des deux autres Régions ». Pour rappel, ils revendiquent « un investissement massif dans la formation professionnelledes jeunes ; la création, d’ici à 2008, de 4.500 « premiers emplois jeunes » une alliance emploi, logement et environnement (dans le cadre du plan Kyoto) ; et un plan d’actioncoordonné avec la Flandre, visant l’accès des Bruxellois aux emplois créés à la périphérie de Bruxelles ».
Notons toutefois, qu’il n’y a eu aucune concertation en amont des partenaires sociaux concernant la rédaction de ce plan. Ce qu’on regrette côté syndical, comme ledéclarait encore au journal Le Soir, Myriam Gérard, secrétaire régionale CSC4. Reste la concertation en aval, prévue par le plan et que lespartenaires sociaux attendent…

1. Cabinet du ministre-président, rue Ducale 9 à 1000 Bruxelles – tél. : 02/506 32 11 – fax : 02/514 40 22 – http://www.charlespicque.be
2. Cabinet du ministre de l’Économie et de l’Emploi, rue Capitaine Crespel 35 à 1050 Bruxelles – tél. : 02/508 79 11 – fax : 02/514 48 60 – http://www.cerexhe.irisnet.be
3. CSC de Bruxelles, rue Plétinckx 19 à 1000 Bruxelles – tél. : 02/508 87 11
– fax : 02/508 89 99 – http://bruxelles-hal-vilvoorde.csc-en-ligne.be ; CGSLB de Bruxelles, bd Baudouin 11/1à 1000 Bruxelles – tél. : 02/206 67 11 – http://www.cgslb.be ; FGTB de Bruxelles, boulevard de l’Empereur 34 à1000 Bruxelles – tél. : 02/552 03 45 – fax : 02/552 03 47 – http://www.fgtb.be
4. Le Soir du 24. 12.2005

Baudouin Massart

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