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Pauvreté et endettement : de meilleurs indicateurs

Le 13 juin dernier, le SPF Sécurité sociale1 organisait une journée d’étude au cours de laquelle les résultats de deux études ontété exposés, relatifs à des indicateurs qui permettraient de mieux corréler endettement et pauvreté. En effet, pour le monitoring de la pauvreté et del’exclusion sociale, les revenus de la population étudiée constituent l’élément central, mais d’autres facteurs peuvent également jouer unrôle non négligeable. C’est le cas de l’endettement.

27-08-2007 Alter Échos n° 233

Le 13 juin dernier, le SPF Sécurité sociale1 organisait une journée d’étude au cours de laquelle les résultats de deux études ontété exposés, relatifs à des indicateurs qui permettraient de mieux corréler endettement et pauvreté. En effet, pour le monitoring de la pauvreté et del’exclusion sociale, les revenus de la population étudiée constituent l’élément central, mais d’autres facteurs peuvent également jouer unrôle non négligeable. C’est le cas de l’endettement.

Sur l’ensemble des indicateurs du Plan d’action national Inclusion sociale (PANincl.), un certain nombre d’indicateurs sont utilisés pour assurer le suivi de la situationen matière de pauvreté. Concernant l’endettement, alors que les données de la Centrale des crédits aux particuliers (Banque nationale) donnent des indicationsprécises quant aux montants et aux types de dettes qui pèsent sur la population belge en matière de crédit, ainsi que sur les arriérés de paiement lesconcernant, un seul indicateur a pourtant été retenu dans le cadre du PANincl. qui porte sur le nombre de personnes confrontées à des arriérés de paiement.Or, le besoin de dresser un tableau plus détaillé de la problématique de l’endettement et des liens qu’elle entretient avec la pauvreté a étéformulé à plusieurs reprises. C’est pourquoi le SPF a chargé l’Observatoire du crédit et de l’endettement et l’Université d’Anvers(Centrum voor sociaal beleid Herman Deleeck) de réaliser un rapport2 afin d’examiner la possibilité d’utiliser des indicateurs supplémentaires dans cedomaine.

Un profil des personnes surendettées et de leurs dossiers

L’Observatoire du crédit et de l’endettement a tout d’abord rappelé l’importance de la collecte de données, ainsi que la nécessité pourles pouvoirs publics de mettre en place les outils nécessaires pour ce faire, avec à la clef une meilleure comparabilité des résultats entre régions. L’OCE aégalement mis l’accent sur la nécessité d’étoffer les indicateurs d’endettement pris en compte en Belgique, vu que le crédit n’estqu’un type de dettes parmi d’autres. Sur la base des données dont l’Observatoire dispose et du Rapport wallon 2005 « Prévention et traitement du surendettementen Wallonie », un profil général des personnes surendettées en Région wallonne peut être dressé, ainsi que la cause et la nature de l’endettement.Isolés et familles monoparentales sont principalement visés (62 %), les couples étant moins présents (35 %). Les personnes sans emploi sont également les plustouchées (66 %), avec pour particularité, l’absence de dettes de crédit dans 72 % des dossiers. 76% sont locataires, 91 % sont de nationalité belge. Enfin les hommeset les femmes seraient égaux devant l’endettement.

Parmi les causes de surendettement, l’OCE cite en premier les accidents de parcours (43 % des cas) avec la maladie, la séparation, la perte d’emploi. La seconde cause est unmode de vie en décalage par rapport aux revenus, dans 23 % des cas. Enfin, dans 19 % cas, l’insolvabilité à la base (c’est-à-dire la précarité)serait la cause du surendettement.

Autre donnée intéressante : la corrélation entre le niveau de revenus et le niveau d’endettement des ménages. Dans les dossiers de surendettement, plus lesrevenus sont élevés, plus l’endettement est important, les crédits, présents et les raisons de l’endettement liées à un mode de vie endécalage.

Enfin, l’OCE a passé en revue les dettes autres que le crédit dans les dossiers de surendettement, avec une analyse approfondie des dettes d’énergie.

Des indicateurs listés

De son côté, l’Université d’Anvers (Centrum voor sociaal beleid Herman Deleeck) s’est basée sur les indicateurs fournis par la dernièreenquête SILC (Survey of Income and Living Conditions) en date de 2004, pour tenter de dégager des indicateurs pertinents en matière d’endettement et depauvreté3. Selon le Centre, ce sont surtout les jeunes qui sont concernés par le phénomène de l’endettement et des difficultés de paiement, alorsmême que leurs revenus ne sont pas les plus élevés. Les ménages avec enfants sont également concernés, ainsi que les locataires. L’étude pointeune série d’indicateurs pour repérer des situations d’endettement problématiques, comme une insécurité d’existence (perte de revenus, modificationde la structure familiale ou de la situation d’endettement), le coût du logement, ou encore la part du budget consacrée au paiement des dettes de consommation. Enfin, toujours surla base du SILC 2004, le rapport contient un descriptif du profil type de personnes en prise avec des difficultés de paiement sur base d’un endettement excessif.

1. SPF Sécurité sociale, Eurostation II, place Victor Horta, 40 (bte 20) à 1060 Bruxelles
– tél. : 02 528 60 11
– site : www.socialsecurity.fgov.be

2. Étude sur les indicateurs d’endettement problématique, Observatoire du crédit et de l’endettement, Château de Cartier – Place Albert Ier, 38 à6030 Marchienne-au-Pont
– tél. : 071 33 12 59
– courriel : info@observatoire-credit.be
– site : www.observatoire-credit.be
3. Problematische schulden in België – Op zoek naar het profiel van de bevolking met (problematische) schuldsituaties en indicatoren hierover op basis van SILC 2004, UniversiteitAntwerpen, Centrum voor sociaal beleid Herman Deleeck, rue saint Jacob, 2 à 2000 Anvers
– tél. : 03 275 53 74
– site : http://webhost.ua.ac.be/csb/

Nathalie Cobbaut

Nathalie Cobbaut

Rédactrice en chef Échos du crédit et de l'endettement

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