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Namur accueille les Gens du voyage

À ce jour, il n’existe qu’un terrain d’accueil pour les Gens du voyage en Région wallonne. En marquant sa volonté d’en créer un deuxième, la Ville de Namur sedémarque. Mais cela reste une maigre avancée au regard des milliers de personnes concernées.

25-09-2008 Alter Échos n° 259

À ce jour, il n’existe qu’un terrain d’accueil pour les Gens du voyage en Région wallonne. En marquant sa volonté d’en créer un deuxième, la Ville de Namur sedémarque. Mais cela reste une maigre avancée au regard des milliers de personnes concernées.

À l’échelle du pays, on estime à 15 000 les Gens du voyage mais les terrains pour les accueillir sont rares : la Flandre en compte trente, Bruxelles un seul (Haren) et laWallonie un seul également (Bastogne). Par ailleurs, depuis 2001, les villes de Mons, Namur, Ottignies-Louvain-la-Neuve et Verviers se sont dotées d’un service de médiationcommunale pour les nomades, afin d’organiser au mieux leur accueil. Ces services sont épaulés depuis 2002 par le Centre de médiation des Gens du voyage en Wallonie (CMGV) et leurtravail relève souvent du défi. Les préjugés sont tenaces.

L’annonce de la Ville de Namur d’aménager un terrain pour les Gens du voyage semble donc la bienvenue. Pour Maxime Prévot (CDH)1, échevin des Affaires sociales etdu Logement, « il faut cesser de pratiquer la politique de l’autruche, les Gens du voyage sont une réalité. » Depuis plusieurs années, Namur organisedéjà leur séjour avec son service de médiation. Celui-ci veille aussi à trouver un équilibre avec les riverains, dont les craintes doivent être prisesen compte.

Roms en bord de Meuse

« Ici, poursuit l’échevin, l’objectif est d’offrir un terrain pour les accueillir dignement. En les plaçant à un seul et même endroit, il sera plus facile deles encadrer. » L’opportunité s’est présentée avec la fermeture, en 2007, du camping de Lives-sur-Meuse qui ne répondait plus aux normes. « Il estpossible de l’aménager à moindre coût avec les budgets régionaux prévus à cet effet. Il y a déjà des sanitaires, des points d’eau etl’électricité. » La durée de séjour sera fixée à 15 jours maximum. A priori, Namur n’a pas d’autre projet d’aménagement de terraind’accueil en vue. « On va d’abord voir comment cela fonctionne avec celui-ci. » L’affectation du terrain a été validée par le Collège. Uneréunion avec les riverains est prévue en octobre. L’échevin avoue marcher sur des œufs : « Par le passé, un projet similaire avait étéproposé à Vedrin. Mon prédécesseur avait été hué », se souvient l’échevin. Si tout se passe bien, le terrain seraaménagé d’ici un an et demi.

Même s’il trouve le terrain petit, Emmanuel Charpentier, secrétaire national du Comité national des Gens du voyage2, est reconnaissant vis-à-vis de la Villede Namur. « Si toutes les communes faisaient pareil ! », soupire-t-il, avant d’ajouter : « Mais il faut éviter que les communes des alentours renvoient lesGens du voyage vers Namur au lieu de prendre exemple sur elle. » Du côté du CMGV3, Amed Akhim salue également l’initiative. Il estime aussi que les communesqui n’ont pas aménagé de terrain doivent assurer quand même l’organisation du séjour des nomades.

Belgique en retard

« La Belgique est l’un des pays les plus en retard en matière d’accueil des Gens du voyage. On vit encore dans un système de discrimination », scande EmmanuelCharpentier. Trop peu de communes se bougent, regrette-t-il. Un constat que partage Ahmed Ahkim, qui rappelle qu’au sein du gouvernement wallon, un groupe inter-cabinets est chargé, depuisjuin 2007, « de réfléchir à des solutions concertées en matière d’accueil des Gens du voyage en Wallonie et de tenir le gouvernementrégulièrement informé de l’évolution de ces initiatives. » Les résultats de leurs travaux devraient bientôt être connus.
On notera encore qu’à l’occasion du sommet européen sur les Roms qui s’est tenu le 16 septembre à Bruxelles, les associations ont plaidé pour des mesures concrètesau niveau européen, entre autres, pour l’aménagement de terrains et/ou l’organisation du séjour temporaire des Gens du voyage (avec accès à l’eau, àl’électricité, et gestion des déchets).

1. Maxime Prévot, échevin des Affaires sociales et du Logement
– adresse : Hôtel de Ville à 5000 Namur
– tél. : 081 24 69 62
– site : www.ville.namur.be
– courriel : maxime.prevot@ville.namur.be
2. Emmanuel Charpentier, Comité national des Gens du voyage :
– adresse : rue d’Ascotte, 41 bte 45 à 7090 Braine-le-Comte.
3. CMGV, Centre de médiation des Gens du voyage :
– rue des Relis Namurwès, 1 à 5000 Namur
– tél. : 081 24 18 14
– site : www.cmgv.be

Baudouin Massart

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