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Merhaba, une association pour les gays et lesbiennes issus de l'immigration

Peut-être avez-vous déjà vu dans les valves des couloirs du métro des affiches rouges renseignant sur une association nommée « Merhaba » 1 ?

27-07-2004 Alter Échos n° 168

Peut-être avez-vous déjà vu dans les valves des couloirs du métro des affiches rouges renseignant sur une association nommée « Merhaba » 1 ?

Celle-ci n’est autre qu’une asbl créée pour et par des filles et garçons originaires de l’immigration d’origine musulmane (essentiellement arabe,marocaine et turque) qui éprouvent des sentiments pour des personnes du même sexe. Cette association fondée il y a deux ans et qui entend être à sa façon unsoutien à une population homosexuelle qui fait face à des problèmes socioculturels spécifiques ne bénéficie que de peu de subsides, si ce n’est de lapart de l’échevinat de l’égalité des chances de la Ville de Bruxelles (Bruno Delille du parti Groen !) qui a notamment financé la publication d’un foldersignalant en français, en néerlandais, en arabe et en turc l’existence d’une association qui entend être un lieu de rencontre pour des gays et des lesbiennes issus del’immigration musulmane. Les activités de Merhaba se limitent pour l’instant à des soirées dansantes orientales organisées une fois par mois qui, outre leuraspect ludique, permettent selon Luc Calis, trésorier de l’association et DJ de ces soirées, « à des gays de s’assumer éventuellement comme tels dans uncontexte culturel qui leur permet de garder un lien avec leur culture d’origine ». « Certains peuvent éprouver le besoin de rompre totalement avec un milieu d’originejugé totalement opposé à leurs choix sentimentaux; par contre d’autres éprouvent le besoin de se retrouver dans un cadre culturel ne les obligeant pas à serenier », ajoute Luc Calis. « C’est une des raisons d’être de Merhaba », conclut-il. Aziz Al Bishari, membre de Merhaba, explique, quant à lui, que cessoirées permettent aussi un brassage qui n’est pas évident pour une population vue comme homogène, mais qui en réalité se distingue par ses différenceset ses antagonismes. « S’y croisent en effet des jeunes belges issus de l’immigration marocaine et turque, des jeunes marocains venus récemment du Maroc dont ils fuient lapression sociale et morale, des hétéros ou des personnes qui sont dans un parcours de prostitution temporaire, ponctuelle ou réelle », explique Aziz Al Bishari. « Iln’y a que dans ce genre de soirées que ces gens venus d’horizons différents peuvent se rencontrer. »

Une fonction de relais

L’association Merhaba se veut également un relais dans le cadre d’un réseau capable d’orienter les personnes prenant contact avec l’association versd’autres associations spécialisées ou toute autre institution. De nombreuses demandes, venant aussi de l’étranger, parviennent ainsi à l’association parle biais du courrier électronique disponible sur le site www.merhaba.be. Merhaba essaie ainsi de diversifier ses contacts, explique Aziz Al Bishari : « Le but n’est pas de seghettoïser, ce n’est pas ce que nous recherchons ». Merhaba a ainsi reversé une partie des bénéfices d’une de ses soirées àl’association Adzon2 qui travaille avec des jeunes concernés par la prostitution homosexuelle masculine dans le quartier de la place Fontainas. L’association est en outrerégulièrement invitée à informer le public de son existence lors d’événements multiculturels, ce fut le cas récemment à Borgerhout dansla banlieue anversoise où vivent de nombreuses personnes issues de l’immigration marocaine et turque.

Merhaba entend aussi éclairer la communauté homosexuelle en Belgique sur la réalité particulière des gays et lesbiennes issus de l’immigration musulmanequi ne bénéficient pas de la même façon de tous les acquis issus du combat pour le respect des droits individuels, explique Luc Calis : « Certaines attitudessuscitent de l’incompréhension. Ainsi, lors de l’émission de radio « Bang Bang » sur Pure FM (première émission radiophonique de service publicconsacrée à la communauté homosexuelle et diffusée le jeudi à partir de 21 h 00), les propos d’un jeune gay d’origine marocaine annonçantqu’il allait « se marier d’ici cinq ans » ont choqué une communauté consciente de ses acquis et de ses droits mais ignorant la réalitéd’homosexuels venant d’une aire culturelle où la pression familiale reste très forte ». Merhaba organise d’ailleurs pendant le mois de septembre une sériede trois événements en collaboration avec « Genre d’à côté »3 (rendez-vous mensuel cinéma des genres et sexualités différentsorganisé à l’Arenberg) et la Maison arc-en-ciel. Il s’agira d’explorer par un film – ( Le soleil assassiné d’Abdelkrim Bahloul), projeté le 2septembre à 21 h 30 à l’Arenberg -, par la musique – par le biais d’une soirée organisée le 10 à partir de 23 h 00 au Palace – et par la parole («Gueulantes ») – débat sur le même thème à la Maison arc-en-ciel4 – des spécificités de l’homosexualité et des rencontreshomosexuelles dans le monde arabo-turc et des possibles échanges avec les conceptions occidentales.

1. Asbl Merhaba c/o MAC, rue Marché au Charbon, 42 à 1000 Bruxelles – courriel : info@merhaba.be
2. Adzon, rue du Marché au Charbon, 33 à 1000 Bruxelles – tél. : 02 513 94 02 – courriel : info@adzon.be –
site : http://www.adzon.be
3. « Genre d’à côté » – site : http://www.genres-d-a-cote.org
4. MAC, rue au Marché au charbon, 42 à 1000 Bruxelles – site : http://www.genres-d-a-cote.org/gueul.htm

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