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Médecins sans frontières dénonce les failles du système belge de soins de santé

Après l’analyse de ses statistiques pour l’année 2003, l’organisation Médecins sans frontières s’inquiète de voir le nombre deconsultations augmenter dans ses centres de santé de Bruxelles, Liège et Anvers1. Cette réalité témoigne d’un manque d’accès aux soinsmédicaux pour toute une frange de la population vivant en Belgique.

27-07-2004 Alter Échos n° 168

Après l’analyse de ses statistiques pour l’année 2003, l’organisation Médecins sans frontières s’inquiète de voir le nombre deconsultations augmenter dans ses centres de santé de Bruxelles, Liège et Anvers1. Cette réalité témoigne d’un manque d’accès aux soinsmédicaux pour toute une frange de la population vivant en Belgique.

Illustrés par les 10.000 consultations médicales assurées par MSF dans ses cliniques (soit 4.500 patients)2, « ces chiffres révèlent un système desanté enlisé dans la complexité et l’incohérence auxquelles s’ajoute un manque de volonté de le réformer, dénonce MSF. Les zonesd’ombre de la législation et le manque de coordination des soins médicaux prodigués aux immigrés illégaux au sein des CPAS ont abouti à unsystème disparate et incertain. La procédure en vue d’obtenir des soins médicaux diffère d’une commune à l’autre et peut être aussi efficaceque ‘kafkaïenne’ ».

Une pratique courante dans certaines communes, par exemple, consiste à demander à un patient d’aller voir un médecin pour prouver qu’il est malade avant de pouvoirconsulter un médecin qui puisse le soigner.

« Les failles de ce système ont de graves conséquences pour ceux qui ont le plus grand besoin d’aide – principalement les personnes immigrées, mais aussi lesBelges les plus démunis », explique le chef de missions, Laurent Van Hoorebeke. « Alors que le système de santé devrait subvenir aux besoins de chacun – ycompris aux personnes en situation illégale –, la réalité est tellement bureaucratique et, dans certains cas, à ce point incohérente qu’elle constitueune menace pour la santé de milliers de personnes. »

Le système a des conséquences non seulement sur la santé mentale et physique des patients, mais aussi sur les structures médicales de plus en plus saturées, etsur les médecins confrontés à un labyrinthe bureaucratique lorsqu’il s’agit de patients sans papiers. Les retombées financières sont égalementtrès importantes, étant donné que les patients qui ne peuvent consulter de médecin risquent de développer des complications qui les contraignent à demanderensuite des soins d’urgence plus onéreux dans les hôpitaux.

La mission MSF en Belgique

MSF a étendu son champ d’action à des groupes qui n’ont pas accès aux soins de santé ainsi qu’à des personnes aux prises avec des problèmesspécifiques du fait de leur situation comme les toxicomanes. Médecins Sans Frontières mène actuellement quatre projets en Belgique :

> Le projet « Accès aux soins » : assistance aux exclus

> Le projet « Elisa » : dépistage du sida

> Le projet « Mpore » : aide aux victimes du génocide rwandais

> Le projet « Ithaca » : information sur l’accès aux soins de santé dans les pays d’origine.

Dans le projet « Accès aux soins », MSF permet un accès durable au système de soins de santé en privilégiant un accès aux soins depremière ligne (médecine générale). Quatre permanences médico-psycho-sociales par semaine sont organisées à Bruxelles et Anvers et trois àLiège. La capacité d’accueil est d’environ 25 personnes par permanence à Bruxelles, et d’une douzaine de personnes à Anvers et à Liège.

Lors de la première consultation, le patient est d’abord accueilli par un travailleur social qui constitue un dossier. Les données recueillies sont strictement confidentielleset servent à pouvoir réorienter les patients vers une structure existante adéquate. Le travailleur social effectue les démarches nécessaires pour faire valoir lesdroits éventuels du patient à la prise en charge des soins de santé. Un médecin généraliste ausculte ensuite le patient et prend toutes les mesures querequiert son état de santé (avis spécialisé, analyses de biologie clinique, examen technique, hospitalisation…). Le médecin peut également diriger lepatient vers le psychologue (à Bruxelles et Anvers).

« Ce qui est incroyable, s’indigne Laurent Van Hoorebeke, c’est que l’échec du système est évitable. Dans certaines villes, des solutions pratiques ontété trouvées, mais ailleurs il n’y a pas de volonté de les mettre en œuvre. En attendant, les conséquences sont énormes, sur le plan tant humainque financier. Et nos chiffres ne sont que la partie visible de l’iceberg, car MSF limite strictement le nombre de patients accueillis dans ses trois cliniques. Le nombre de consultationsreflète plutôt l’offre que la demande. »

1. Bruxelles : rue d’Artois 46 à 1000 Bruxelles – tél. : 02 513 25 79 – Anvers : Jacob Van Maerlantstraat 56 à 2060 Anvers – tél. : 03 231 36 41– Liège : rue Volière, 1 à 4000 Liège – tél. : 04 221 27 24.
2. En 2003, 4% des patients examinés étaient belges et 70% venaient de pays hors UE.

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