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Limbourg : création d’un réseau d’entrepreneurs « allochtones »

La Chambre de commerce du Limbourg (ou Voka-Limburg) a présenté le 23 mai dernier un nouveau projet, baptisé All-in1, qui a pour but de mieux intégrer lesentrepreneurs d’origine étrangère dans les réseaux existants. Un aspect intéressant est que, à la base, le projet n’est pas une initiative des instancesdirigeantes de la chambre de commerce mais bien une initiative de certains de ses membres. Le nombre d’entrepreneurs d’origine étrangère a augmenté de 25 % en cinq ans auLimbourg.

31-05-2006 Alter Échos n° 209

La Chambre de commerce du Limbourg (ou Voka-Limburg) a présenté le 23 mai dernier un nouveau projet, baptisé All-in1, qui a pour but de mieux intégrer lesentrepreneurs d’origine étrangère dans les réseaux existants. Un aspect intéressant est que, à la base, le projet n’est pas une initiative des instancesdirigeantes de la chambre de commerce mais bien une initiative de certains de ses membres. Le nombre d’entrepreneurs d’origine étrangère a augmenté de 25 % en cinq ans auLimbourg.

On ne dispose pas de chiffres à l’échelle de la province, mais selon les professeurs Albert Martens et Hans Verhoeven (KUL), sur les 103 277 entrepreneurs de Flandre, 10 000 sontd’origine étrangère. Dans la région de Hasselt, la proportion est à peu près la même : 1 811 sur 20 519. « Notre fichier de membres compte un grandnombre d’entrepreneurs allochtones, explique Johann Leten, directeur-général du Voka Limburg. Mais ils restent sous-représentés et sont rarement présents lors denos événements ou inscrits à nos formations. Le projet All-in devrait être le marchepied qui les conduit à une plus grande intégration. Cela sera bon pourtout le monde. Souvent, ces entrepreneurs emploient un grand nombre de travailleurs allochtones. Le projet n’est pas un but en soi ; le but, c’est l’intégration. »

Mais de nombreux objectifs ont déjà été définis, qui concernent tous les entrepreneurs allochtones :
• Augmenter et améliorer l’entrepreneuriat orienté spécifiquement vers eux.
• Améliorer la vision que l’on a de leurs réseaux économiques.
• Diminuer leur difficulté d’accès et favoriser leur intégration dans les réseaux d’affaires existants.
• Améliorer leur image et insister sur leur importance dans le maintien de notre économie.
• Les rendre plus professionnels, via des formations et des accompagnements
• Augmenter leur chance de « survie », grâce à des conseils supplémentaires.
• Faire la promotion de cas exemplaires pour inciter les autres à suivre les mêmes voies.
• Utiliser les opportunités offertes par eux pour mettre au travail des immigrés.

Servir d’exemples

Certains types d’entrepreneurs, comme les tenanciers de night-shops, ne seront pas visés. Il s’agit d’aider les entrepreneurs et les managers qui visent la croissance et laprofessionnalisation de leur activité. Cette réserve faite, il s’agira de toucher le plus grand nombre de patrons possibles. Un premier groupe pilote sera constitué de septpersonnalités ayant un parcours remarquable, et qui ont d’ores et déjà accepté de participer au projet. Ces personnes (voir encadré) pourraient servir d’exemples etsusciter des vocations parmi d’autres allochtones. Ce groupe devrait alors faire tache d’huile. Le but sera ensuite de progressivement cartographier les besoins des entrepreneurs allochtones.À partir de cette analyse des besoins, des sessions de travail gratuites seront mises sur pied. Celles-ci devraient susciter un apport continu de nouveaux entrepreneurs dans le réseauVoka. Un plan de projet a aussi été introduit auprès de Fientje Moerman, ministre régionale flamande de l’Économie (VLD). Dans sa note politique de début delégislature, celle-ci déclarait d’ailleurs, en page 41, que « les allochtones constituent un potentiel pour l’entrepreneuriat. »

Ivana Masopustova (Tchéquie) : Son père, Josef Masopust, fut l’un des plus grands joueurs de football tchèques. Il est arrivé en 1981 enBelgique comme entraîneur au sporting de Hasselt. Elle-même est venue chez nous après ses études, a été joueuse de tennis professionnelle, et est responsabledepuis 1987 des exportations auprès de la société Jaga. « J’estime qu’il est important pour tout le monde, y compris pour les immigrés, de trouver un job de bon niveau, oude créer une entreprise. De plus, je veux convaincre tout le monde de se faire membre des associations belges existantes », déclare-t-elle.

Bekir Altun (Turquie) était déjà un chanteur connu en Turquie, alors que son père travaillait dans les charbonnages, à Beringen. Toute la famille estarrivée ici en 1979. Aujourd’hui, Bekir Altun est membre de nombreuses associations turques en Belgique. Il dirige une entreprise de travaux de construction, essentiellementspécialisée dans la fabrication de tuiles. L’entreprise occupe quatre travailleurs, plus une soixantaine via de la sous-traitance.

Spiro Katsoulis (Grèce) :
Il est né en Belgique. Son père est arrivé chez nous en 1958. Après avoir travaillé dans la mine, celui-ci avait ouvert unestation-service. Quant au fils, il a fondé en 1993 UCC (Universal Cleaning Company), une entreprise où, au départ, il faisait quasiment tout lui-même, et qui occupeaujourd’hui une cinquantaine de personnes.

Valeria Andrukovskaya (Russie) est arrivée en Belgique il y a sept ans avec son mari. Elle a suivi de nombreux cours et est responsable d’exportation chez Jaga. Sa connaissance deslangues est précieuse pour la société qui l’emploie, car celle-ci vise à conquérir des marchés en Europe de l’Est.

Moke (Maroc) est une figure connue au Limbourg. Après une carrière dans les mines et chez Ford Genk, son père a ouvert un restaurant-friterie. Moke a fait unrégendat en école hôtelière et dirige un restaurant, « Ter Poorte ». Il fait aussi régulièrement des apparitions sur la chaîne régionaleTV-Limburg, où il parle de l’intégration.

Angelo Bruno (Italie) est né en Belgique, de parents originaires d’Italie du sud. Il a un peu travaillé dans le secteur social, avant de fonder une chaîne destations-service, qui occupe aujourd’hui environ 80 personnes.

Rachida Naya (Maroc) est fille de mineur. Elle a étudié la gestion hôtelière durant trois ans et a fait ensuite un stage à Paris. À 27 ans, elle estaujourd’hui « general manager » de l’hôtel Atlantis à Genk. Elle regrette que les médias axent toujours davantage leur discours sur des allochtones qui créent desproblèmes plutôt que sur ceux qui réussissent…

D’après De Morgen et De Standaard

1. Responsable du projet : Johan Grauwels – tél. : 011 56 02 60 – johan.grauwels@kvklimburg.voka.be

Pierre Gilissen

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