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Regard critique · Justice sociale
© Miki Yoshihito

Les services d’accrochage scolaire aident des jeunes en décrochage à réintégrer l’école. Jean-Marc Cantinaux, directeur du SAS « Aux sources », estime être pris à la gorge. En cause : l’ancienneté du personnel qui n’est pas prise en compte.

« On ne va pas tarder à étouffer », lâche sans préambule Jean-Marc Cantinaux, directeur du service d’accrochage scolaire « Aux sources ». Selon lui, c’est bien la survie des douze SAS qui est actuellement en jeu.

Les services d’accrochage scolaire sont des institutions hybrides, financées tant par l’aide à la jeunesse que par l’enseignement. Ils travaillent auprès de jeunes en décrochage afin de les aider à réintégrer le système scolaire. De projets-pilotes, les SAS sont devenus des services subsidiés en 2013.

Mais ces subsides ne suffisent pas si l’on en croit le directeur du SAS « aux sources » : « Contrairement aux secteurs de l’aide à la jeunesse et de l’enseignement, notre subvention fixe ne tient pas compte de l’ancienneté des travailleurs ». Par conséquent, l’érosion des finances est mécanique. La masse salariale augmente chaque année mais pas les subventions.« Pour accompagner ces jeunes qui traversent de très grandes difficultés, il faut des équipes solides et expérimentées », explique Jean-Marc Cantinaux. Mais très vite, les travailleurs expérimentés doivent quitter leur poste. « De plus nous recevons des aides à la promotion de l’emploi qui obligent à garder le même volume d’emploi. » Dès lors, pour faire face aux salaires qui augmentent dans une enveloppe fermée, il faut puiser dans les frais de fonctionnement ou dans des fonds propres qui, pour ces derniers, sont quasi-inexistants.

Interpellés à ce sujet au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, les ministres compétents ont plutôt minimisé les enjeux. « La situation n’est pas aussi alarmante que certains le laissent entendre », avait déclaré Rachid Madrane, ministre de l’Aide à la jeunesse qui affirmait que les sommes reçues au titre de « frais de fonctionnement » sont plus importantes dans les SAS que dans les services d’aide en milieu ouvert (AMO). De plus, rappelait-il, il est toujours loisible aux SAS de répondre à des appels à projets ponctuels.

Joëlle Milquet, quant à elle, rappelait que de nombreuses subventions ne sont plus indexées depuis plusieurs années, « étant donné les difficultés budgétaires actuelles ». Ceci dit, la ministre a dépêché un détaché pédagogique par SAS en guise de renfort humain. « Ce qui ne change rien au problème de l’ancienneté, surtout que, conformément à notre commission paritaire, nous sommes astreints à payer l’ancienneté, contrairement à d’autres secteurs », précise Jean-Marc Cantinaux.

Un problème que soulevait déjà le Conseil communautaire de l’Aide à la jeunesse, organe représentatif du secteur, dans son avis 142, en mars 2014. Le CCAJ soulignait que « les conditions favorables permettant aux SAS d’atteindre leurs objectifs ne sont pas réunies (…) suite aux manques constatés en matière de subsidiation ». Les représentants du secteur de l’aide à la jeunesse évoquaient alors le problème de « la non-prise en compte de l’ancienneté ».

Les SAS sont aujourd’hui au bord de la crise de nerf et n’excluent aucune option pour la poursuite de leurs interpellations, quitte même à imaginer des arrêts de travail si l’on en croit Jean-Marc Cantinaux.

Cédric Vallet

Cédric Vallet

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